Vous avez certainement déjà entendu parler de la baie de Taji au Japon, tristement célèbre pour son massacre annuel de dauphins et mise en lumière par le documentaire « The Cove : la Baie de la honte ». C’est une fois de plus un acte de terrible cruauté envers un mammifère marin qui fait de nouveau parler d’elle.
Les faits
Le 24 Décembre 2020, une baleine de Minke s’est retrouvée piégée dans les filets de pêche installés au large du port de Taji. De nombreuses associations de défense animale, telles que le Dolphin Project sur place ou C’est Assez ! en France, ont réclamé son relâché immédiat au gouvernement Japonais. Mais le pauvre animal est resté prisonnier des filets pendant 3 semaines, tentant en vain de s’échapper en plongeant en profondeur. Son calvaire s’est finalement terminé par noyade…
Non, vous ne rêvez pas. La baleine de Minke est un cétacé et a besoin de retourner à la surface entre chaque plongée pour respirer. Aussi improbable que cela puisse paraitre, un mammifère marin peut donc se noyer s’il est privé d’oxygène pendant suffisamment longtemps sous l’eau.
Le 13 Janvier 2021, des pêcheurs Japonais ont attaché une corde autour de la nageoire caudale de la baleine affaiblie et l’ont ainsi forcée à rester sous l’eau, provoquant sa lente noyade.
Le Japon justifie la raison de ce massacre par la vente de sa viande dans les rayons des supermarchés de Wakayama, qui procurera un revenu vital pour les pêcheurs locaux.
Crédit photo : ©Dolphin Project
Un acte de cruauté animale
La question sur la raison de cette longue et cruelle attente avant sa mise à mort reste entière. Pourquoi infliger volontairement à ce pauvre animal sauvage 19 jours interminables de captivité, provoquant un stress psychologique extrême ?
Selon les autorités Japonaises, les pêcheurs locaux auraient été dans l’incapacité de relâcher la baleine à cause de « la rapidité des marées » et de la taille de l’animal. Cependant, Ren Yabuki, directeur de l’association animale Life Investigation Agency et qui a assisté au triste sort réservé à la baleine, indique n’avoir observé qu’une faible tentative de relâché suivant la prise accidentelle. Il avait même prédit le sort réservé à la baleine quelques jours avant le passage à l’acte : « il est difficile de guider la baleine hors des filets. Les pêcheurs ne veulent pas enlever les filets et laisser échapper un grand nombre de poissons qui porterait préjudice à la pêche, donc mon sentiment est qu’ils vont la tuer ».
Pour la Humane Society International (HSI), la baleine aurait été délibérément gardée prisonnière des filets depuis le 24 décembre. Georgia Dolphin, manager du programme bien-être animal au sein de HSI Australie, déplore « qu’en soulevant simplement le filet il y a 3 semaines, le pauvre animal aurait pu nager en toute liberté au lieu d’être gardé en situation de stress prolongé pour être tué, dépecé et vendu sur les marchés locaux ».
Pourquoi choisir la noyade comme méthode de mise à mort ? Selon Yabuki, « il a fallu environ 20 minutes pour que la baleine se noie ». Des images montrent le pauvre animal se débattant pour sa vie alors qu’il est forcé à garder la tête sous l’eau et à suffoquer lentement.
Pour Yabuki, tuer la baleine pourrait nuire davantage à la réputation de Taji puisque « le monde entier sait ce qu’il se passe. S’ils essayent réellement de la relâcher, ils peuvent montrer au monde qu’ils ont fait le bon choix ». A l’heure où le public est de plus en plus sensible au bien-être animal et condamne fermement les actes de cruauté envers les animaux, le Japon montre malheureusement une fois de plus son manque d’engagement en matière de protection animale et plus particulièrement en ce qui concerne les cétacés.
Le Japon & la chasse commerciale à la baleine
La Commission Baleinière Internationale (CBI) est un organisme mondial chargé de réguler la chasse à la baleine. Le 26 Décembre 2018, le Japon a quitté la CBI pour reprendre en Juillet 2019, après 31 ans d’arrêt, la chasse commerciale à la baleine dans ses eaux territoriales. Le pays considère cette pratique comme une tradition qui ne doit pas être sujette aux lois internationales.
En réalité, l’archipel nippon n’a jamais vraiment abandonné la chasse à la baleine puisqu’il se servait d’une faille du moratoire de 1986 qui autorisait la chasse à des fins scientifiques. Les défenseurs des animaux ont toujours dénoncé le manque de valeur scientifique de telles chasses et le Japon n’a jamais caché que la viande des animaux capturés et tués finissait en vente pour la consommation humaine…
Les baleines de Minke ont longtemps été considérées comme trop petites et trop rapides pour la chasse. Ainsi, aux 19 et 20eme siècles, les baleiniers les ignoraient et leurs populations sont restées faiblement affectées. Ce n’est qu’une fois les ressources des autres espèces épuisées, que les baleiniers ont commencé à s’intéresser aux baleines de Minke.
Leurs populations, à l’instar des autres cétacés, font aujourd’hui face à une diversité de menaces anthropogéniques telles que la chasse à but commercial, les prises accidentelles dans des filets de pêche, les possibles collisions avec des navires, la pollution sonore sous-marine provoquant des échouages, le changement climatique, et bien d’autres.
Malheureusement, cette pauvre baleine n’est que la première victime de l’année 2021 puisque la chasse commerciale à la baleine reprend au Japon. Cette année, le pays a décrété un quota de 383 baleines à abattre, dont 171 baleines de Minke…
Au niveau mondial, de nombreuses associations de défense des animaux ont critiqué et condamné ce nouvel acte de cruauté envers un cétacé, et par extension, le commerce Japonais de la baleine. Le HSI « continue de demander au gouvernement Japonais de mettre un terme à toute forme commerciale de chasse aux cétacés, en raison de l’immense cruauté animale qu’elle engendre ».
Le combat pour protéger les cétacés dans les eaux Japonaises se poursuit.
Camille Luccisano
Photo Crédit : Pixabay
Source: Dolphin Project