Des lapins qui se réveillent durant la dissection, des rats massacrés : à l’université de Reims, les TP de biologie cellulaire impliquent la torture et la mise à mort d’animaux. Sur le plan pédagogique, une ineptie. Sur le plan éthique, un scandale.
Comment étudier les effets du stress sur l’organisme ? Selon l’université de Reims Champagne-Ardenne, rien de plus simple : il suffit de terroriser des rats puis de les abattre pour les disséquer. Cet été, une étudiante en licence de biologie cellulaire nous a alertés sur des pratiques aussi cruelles qu’inutiles en cours de travaux pratiques. Et à une large échelle.
Pour commencer, les étudiants recevaient trois rats vivants par binôme. Le premier était placé au réfrigérateur, le deuxième était successivement endormi puis réveillé à de nombreuses reprises et le troisième était placé dans une boîte qu’il s’agissait de secouer fortement pendant soixante secondes. Ainsi traumatisés, les rats étaient abattus par les étudiants via un procédé lui aussi particulier : « Il fallait bloquer la tête du rat sous un chiffon d’une main et tirer, de l’autre, sur leur queue pour disloquer leurs vertèbres », raconte notre témoin. Faut-il préciser que la manœuvre ne réussissait pas forcément du premier coup ?
Un autre exercice, indispensable aux yeux de l’enseignante de ce TP, impliquait des lapins vivants. Objectif : étudier les neurotransmetteurs (sic). Un animal était fourni à chaque binôme, chargé de l’anesthésier, de l’ouvrir, toujours vivant donc, pour « aller chercher une artère difficile d’accès afin d’injecter de l’air dedans et ainsi achever le lapin ». Une mort particulièrement douloureuse, sans compter que les étudiants, novices, sont nombreux à avoir commis des erreurs dans le processus d’anesthésie. Résultat : des animaux se réveillant alors que le scalpel leur découpe les viscères.
Sollicité par Code animal, le président de l’université de Reims, Gilles Baillat, nous a assuré qu’il ferait « le nécessaire pour que de telles pratiques ne se reproduisent pas ». Tout en expliquant, dans sa réponse à notre courrier, la raison d’être de ces expérimentations…
Quant à Thierry Mandon, secrétaire d’État chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, que nous avons également contacté, il s’est contenté d’une réponse générique, rappelant que l’utilisation d’outils pédagogiques « de substitution » est « encouragée » et que les procédures expérimentales sont réalisées dans le respect des règles déontologiques. Une déontologie qu’il précise ainsi : « L’enseignement des sciences de la vie contribue, plus que toute autre discipline, à transmettre aux étudiants la valeur fondamentale du respect de la vie, sous toutes ses formes. »
Sous toutes ses formes, exceptées celles que prennent les lapins et les rats, privés de tout respect au nom d’une pédagogie douteuse qui fait semblant d’ignorer l’art de faire un schéma.
Agissez !
- Écrivez un mail à la présidence de l’université de Reims Champagne-Ardenne et un tweet à l’attention de Thierry Mandon pour leur demander de mettre fin à ces pratiques.
- Soutenez Antidote Europe et Proanima, comités scientifiques pour une science responsable, ainsi que le CCE2A, collectif contre l’expérimentation et l’exploitation animales.
- Achetez et lisez l’enquête d’Audrey Jougla, Profession : animal de laboratoire, une plongée glaçante dans le monde de l’expérimentation animale (éditions Autrement, 2015).