Chaque année, des dizaines de milliers d’animaux sauvages sont arrachés à leur habitat pour être vendus à travers le monde. Ce trafic est aujourd’hui devenu très attractif pour les braconniers.
En effet, d’après les dernières estimations d’Interpol et du WWF, il représenterait chaque année entre 15 et 20 milliards de dollars, bien que ces chiffres restent approximatifs puisqu’il est très difficile de faire des estimations précises.
Les causes du trafic d’animaux sauvages sont multiples et les conséquences réelles : à l’heure actuelle, plusieurs espèces sont en voie d’extinction et toutes sortes de virus et maladies se répandent bien plus facilement à travers les continents.
Pour lutter contre ce fléau, Interpol a mis en place depuis 2017 une série d’opérations coup de poing connues sous le nom « d’opérations Thunder » et les chiffres révélés à la suite des ces opérations sont préoccupants.
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Trafic d’animaux sauvages : causes et espèces les plus ciblées
Comme énoncé précédemment, le commerce d’animaux sauvages est aujourd’hui l’un des plus lucratif et se positionnerait même en 3ème position de ce triste podium, juste derrière le trafic de stupéfiants et d’armes à feu.
Pour comprendre ce trafic, il est important d’en comprendre les causes : pourquoi ces animaux subissent-t-ils un tel braconnage et sont-ils vendus parfois à des prix exorbitants ?
Certains animaux sont braconnés pour leur fourrure. C’est par exemple le cas des tigres, des loups, des visons. Les fourrures sont ensuite utilisées dans la fabrication de vêtements ou bien tout simplement exposées comme trophées de chasse.
Le trafic de cornes et de défenses est aujourd’hui un des trafics les plus répandu dans le monde. Les principaux animaux ciblés sont les éléphants et les rhinocéros qui subissent des souffrances abominables dans l’unique but de répondre à une demande croissante de bijoux et objets décoratifs. En ce qui concerne l’éléphant par exemple, ce sont entre 20 000 et 30 000 individus qui sont abattus chaque année, principalement pour leurs défenses en ivoire (source WWF).
Le tourisme est également une des principales causes de trafic illégal d’animaux sauvages. Le paresseux en est malheureusement un triste exemple. Ce petit animal inoffensif est largement braconné afin de satisfaire les besoins en selfies des touristes à travers le monde.
Les animaux sauvages subissent également parfois un trafic afin d’être exhibés comme animaux de compagnie. Ici on retrouve principalement des espèces de reptiles, des oiseaux tel que le perroquet ainsi que certains grands singes.
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L’utilisation des animaux dans la médecine traditionnelle, notamment asiatique, est également une cause de trafic. En haut du podium, on peut retrouver le pangolin qui est l’animal le plus braconné au monde. En effet, les écailles de ce petit animal auraient de soi-disant vertus de guérison bien que rien ne soit prouvé scientifiquement. En 2019, ce sont près de 195 000 pangolins qui auraient été arrachés à leur habitat naturel pour leurs écailles selon le WWF.
Le pangolin est également braconné comme de nombreux autres animaux pour sa viande qui est réputée pour être un mets très fin dans certaines cultures au même titre que certains singes et serpents.
Enfin il existe un autre type de braconnage destiné à protéger les cultures ou le bétail.
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Les actions pour lutter contre le braconnage et leurs impacts : le cas de Thunder 22
Afin de lutter contre le commerce illégal d’espèces sauvages, la CITES (convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) a vu le jour dans les années 70. Cet accord international a pour but de protéger les espèces sauvages du braconnage et de s’assurer que leur commerce reste régulé afin de lutter contre les dangers d’extinction. En 2010, un Consortium international de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages a également été mis en place afin d’aller plus loin dans cette lutte. Ce consortium est notamment composé de la CITES, d’Interpol, de l’OMD (objectif du millénaire pour le développement) de l’ONUDC (office des nations unies contre la drogue et le crime) et de la banque mondiale.
De son côté, le WWF a créé le programme TRAFFIC en 1976 afin de renforcer encore d’avantage la surveillance du commerce d’espèces sauvages et en 2014, WWF et TRAFFIC se sont associés afin de lancer la WCI (Wildlife Crime Initiative) dont le but est de limiter le braconnage et sensibiliser les populations des pays consommateurs afin de stopper les achats à la source.
On peut donc voir que beaucoup de programmes ont été mis en place et bien que leurs retombées soient parfois difficiles à chiffrer, cela n’est pas impossible.
Les opérations Thunder organisées conjointement par Interpol et l’OMC (organisation mondiale des douanes) en sont la preuve.
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Ces opérations ont débuté en 2017 et visent à faire appliquer la CITES via différents contrôles et arrestations. La dernière opération en date, Thunder 2022, s’est déroulée du 3 au 30 octobre 2022 au sein de 125 pays, un record depuis le début des opérations.
Dans les faits, cette opération à visé à un renforcement de vérifications de routine dans les bateaux, véhicules, colis et valises via des rayons X ou à l’aide de chiens détecteurs.
En amont de l’opération, douane et police ont partagé leurs informations sur le trafic d’espèces sauvages et déployé des agents sur le terrain afin d’identifier plus précisément les schémas de trafics et les zones à cibler lors des contrôles en insistant sans surprise aux frontières terrestres, aéroports et au sein de réserves naturelles. De cette manière, les criminels connus des différents services ont été surveillés de près. Cette organisation a ainsi permis d’arrêter différents malfrats qui vont être poursuivis en justice.
De plus, l’opération Thunder 2022 a permis d’effectuer près de 2 200 saisies. En ce qui concerne les espèces sauvages, on a retrouvé parmi les saisies :
- 119 félins
- 34 primates et 136 parties de primates
- 25 cornes de rhinocéros
- 9 pangolins et 389kg d’écailles ou autres dérivés du pangolin
- 750 oiseaux et plus de 450 parties d’oiseaux
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Cette opération a également permis d’identifier 934 suspects et 141 entreprises soupçonnées de prendre part à ce commerce illégal.
Ainsi bien qu’il soit assez compliqué de voir les effets directs des différentes actions engagées depuis des années afin de protéger la faune sauvage, cela reste tout de même possible.
On peut également se baser sur l’évolution des chiffres de braconnage. Le cas du rhinocéros est un bon exemple. Bien que le braconnage de cette espère existe encore et que son risque d’extinction reste réel, on peut noter une nette amélioration depuis quelques années :
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Trafic d’animaux sauvages : des conséquences multiples
Le trafic d’animaux sauvages est donc une réalité contre laquelle les autorités tentent tant bien que mal de lutter depuis des années. Au-delà de raisons éthiques évidentes, pourquoi cela est-il si important ? Dans les faits, il existe de nombreuses conséquences néfastes à ce trafic.
La première et également la plus évidente est l’extinction d’espèces. On peut ici citer à nouveau l’éléphant en Afrique qui est menacé d’extinction principalement pour cause de braconnage afin de récupérer l’ivoire de ses défenses ou encore les rhinocéros pour leurs cornes composées d’éléments aux vertus dites thérapeutiques.
La seconde tout autant évidente concerne le bien être de ces animaux. En effet, tous les animaux ne sont pas capturés pour être tués, d’autres sont simplement retenus en captivité comme les paresseux par exemple qui sont souvent utilisés pour divertir les touristes. Dans ces cas de détentions, le régime alimentaire et les besoins physiologiques de ces animaux ne sont malheureusement bien souvent pas respectés.
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Ces trafics peuvent également jouer un rôle dans la transmission de virus et maladies. Selon l’ONUDC « Environ 75% des nouvelles maladies infectieuses qui ont affecté l’homme au cours des trois dernières décennies proviennent des animaux. Quand ils sont braconnés à grande échelle et commercialisés de manière clandestine, hors de tout contrôle sanitaire, le potentiel de transmission est accru ».
Les agents pathogènes se propagent plus rapidement de l’animal à l’homme et ne sont pas sous contrôle comme sur les marchés où les animaux sont entassés les uns aux autres dans des cages, sans respecter la moindre règle d’hygiène.
Enfin, le braconnage affecte également la vie de ceux qui se battent pour leur protection. On peut prendre l’exemple de l’Afrique où 600 rangers ont perdu la vie entre 2009 et 2016, abattus par des braconniers (source national géographic). Le parc national des Virunga au Congo a été particulièrement touché par ce phénomène durant ces vingt dernières années.
Pour finir, derrière les braconniers se cachent souvent des membres de milices armées qui en plus de réaliser du trafic d’animaux sauvages sont souvent impliqués dans diverses autres activités criminelles que le braconnage permet d’aider à financer (corruption, blanchiment d’argent etc.)
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Conclusion
Pour conclure le trafic d’animaux sauvages est aujourd’hui un fléau bien réel et dont les impacts sont multiples : risque d’extinction, propagation de maladies, financement d’activités criminelles…
A travers le monde, de nombreuses organisations tentent de mettre sous contrôle ce trafic illégal mais le chemin est encore long et devra notamment passer par la sensibilisation des populations dont la demande envers divers bien (médicaments, cosmétiques, bijoux, arts) alimente et accentue aujourd’hui ce phénomène.
Johanna
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Sources
https://www.wwf.fr/champs-daction/vie-sauvage/braconnage
https://www.nationalgeographic.fr/animaux/tout-comprendre-sur-le-braconnage-des-animaux