Il y a quelques mois, nous vous parlions de la nouvelle Stratégie pour la Biodiversité à l’horizon 2030, lancée par la Commission Européenne et qualifiée d’ambitieuse voire de réformatrice. Son objectif ? Enrayer l’appauvrissement de la biodiversité en Europe et dans le monde afin de « ramener la nature dans nos vies ». Ses réformes ? Protéger 30% de la surface terrestre et 30% de la surface maritime de l’Union, diminuer de 50% l’utilisation des pesticides, étendre l’agriculture biologique à 25% des exploitations de l’UE, entre autres. Elle prévoie également une meilleure application des lois européennes et un renforcement de certaines mesures contraignantes juridiquement pour les Etats Membres.
Pourtant, nous parlions dans l’article précédent de « l’ambitieuse modération » dont fait en réalité preuve cette Stratégie. En effet, le texte n’aborde pas les problèmes liés au trafic légal d’animaux sauvages, et ne fait que mentionner une révision du plan d’action contre le commerce illégal de ces espèces. Ces lacunes prouvent d’abord un manque de lucidité sur la situation actuelle : le trafic légal et illégal d’animaux sauvages sont interconnectés, puisque des animaux légalement commercés en Europe peuvent être par exemple capturés illégalement dans leur pays d’origine. Ensuite, faire l’impasse sur le commerce européen de ces animaux traduit un manque de cohérence de la Commission avec ses propres objectifs : le commerce d’animaux sauvages a un impact considérable sur la conservation de la biodiversité.
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Face à ce manque d’engagements, comment agissons-nous ?
Code Animal travaille afin de combler ces lacunes auprès de la Commission et du Parlement européen, à l’aide de l’Eurogroup for Animals. Nous exigeons pour ce faire une Liste Positive européenne spécifiant quelles espèces peuvent être détenues en captivité à la condition de respecter plusieurs critères. Nous réclamons également une réglementation plus stricte sur le commerce d’animaux sauvages, et un plan d’action effectif, véritablement ambitieux et concret sur la lutte contre le commerce illégal d’espèces sauvages. Nous avions ainsi fait part de nos recommandations aux députés européens, alors chargés de publier un rapport d’initiative (ou « Own Initiative Report ») grâce auquel le Parlement demande à la Commission de nouvelles propositions législatives sur certains points.
Aujourd’hui, et à la suite des rapports des eurodéputés, le Parlement élabore des amendements au texte, qui seront votés le 22 avril prochain ! Certains de ces amendements promettent une véritable avancée pour les animaux sauvages : fin effective du commerce de l’ivoire en Europe, lois et restrictions supplémentaires sur le commerce légal d’espèces sauvages, adoption d’une Liste Positive, lutte contre la pêche à la baleine, financement des centres de sauvetages, etc. D’autres, malheureusement, sont moins enclins au changement et prônent par exemple le renforcement de la chasse et la modification du statut de certaines espèces protégées.
Code Animal encourage donc les députés européens du Comité ENVI à suivre ses recommandations de vote, et à tout mettre en œuvre pour une Europe modèle en matière de protection des espèces sauvages. C’est l’occasion de promouvoir le sacerdoce européen, selon lequel l’humain doit rendre à la nature plus qu’il ne reçoit d’elle, et de montrer la voie à suivre sur la scène internationale.
A messieurs les députés Pascal Canfin et Yannick Jadot, à mesdames les députés Nathalie Colin-Oesterlé, Agnes Evren, Catherine Griset, Joëlle Mélin et Véronique Trillet-Lenoir, votre vote compte : à vous de faire entendre notre voix !
Marion Bigouin