Code Animal lance une pétition et une action de sensibilisation publique pour demander au Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire des réponses :
- Quelles justifications pour cette autorisation alors qu’une transition encadrant la fin des animaux sauvages dans les cirques doit être mise en place ?
- Quelle est l’origine de l’animal ?
- Quel est l’intérêt artistique de l’animal dans un cirque ?
- Comment expliquer qu’avant juillet 2019, la détention de la hyène n’était pas encadrée ?
Avec la pétition, nous demandons :
1) Des comptes au Ministère de la Transition Écologique et Solidaire.
2) Que le Certificat de capacité provisoire de T.Seneca ne soit pas reconduit en 2022 pour la hyène.
3) Que Shakira soit placée dans un sanctuaire adapté en 2022.
4) Qu’une réelle transition vers des cirques sans animaux soit mise en place en France.
Shakira est une hyène tachetée (Crocuta crocuta) captive du cirque Ethan et Shanly Seneca depuis au moins 2016. Elle est détenue seule et, selon nos enquêtes, sujette à des stéréotypies déambulatoires importantes.
Code Animal, aux côtés d’autres associations comme la Fondation 30 Millions d’Amis, Charente Nature ou Les Pisteurs, a creusé l’histoire de cet animal.
Selon nos informations, Shakira serait issue d’un parc zoologique. Nous n’avons que très peu d’éléments à ce sujet. Nous ne savons pas si le zoo est situé en France ou en Belgique, où le cirque a tourné pendant quelques années avant l’interdiction de présentation des animaux sauvages. Nous ne sommes même pas certains qu’il s’agisse d’un parc zoologique répondant à la définition de l’arrêté de Mars 2004. L’origine de Shakira est donc un mystère.
Pour la date d’acquisition de Shakira par le cirque, même chose, nous n’avons pas d’élément précis. Nous sommes certains qu’elle est dans le cirque depuis au moins 2017. Des articles de 2014 parlent déjà de la hyène. Mais nous ne connaissons pas son âge.
En France, Teddy Seneca obtient son certificat de capacité pour les fauves dès 2014 et pour le reste des espèces en 2016. Ces autorisations sont issues de deux préfectures différentes.
Cependant et malgré les mentions en commission locale de Shakira, aucun document administratif n’a été donné pour cet animal. Et pour cause, les espèces « particulière » comme les hyènes doivent tout d’abord passer par la commission nationale des certificats de capacité. Cette commission dépend directement du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire. Elle doit analyser le dossier et émettre un avis favorable ou non quant à la détention des animaux demandés par le cirque ou le particulier (les NACs entrant également dans cette commission). Cet avis est ensuite repris ou non par la Préfecture du lieu d’enregistrement du cirque.
En l’occurrence, le dossier de Seneca est passé en commission nationale en juin ou juillet 2019 et les documents administratifs ont été délivrés par la préfecture de la Charente en juillet 2019. La commission nationale sous le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire a donc donné un avis favorable au dossier de Seneca.
Entre 2017 et 2019, Shakira n’avait donc pas d’existence juridique. A notre connaissance, aucun document administratif n’avait été délivré pour la détention de cette hyène. Pourtant des associations ont fait des recours auprès du préfet de l’époque et auprès du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire pour faire part de ce dossier. Sans suite. Nous n’avons retrouvé aucune trace d’un quelconque jugement ou plainte quant à cet animal. Les autorités étaient-elles au courant ?
Contacté par Code Animal, il s’est avéré que ni la mairie de résidence de Seneca, ni la DDPP n’a connaissance de la hyène. Est-ce normal ? Quel impact sur la sécurité publique ? Le lieu de déclaration du cirque dans le département de la Charente ne semble être qu’une boite postale. Où est donc le quartier d’hiver conformément à l’arrêté de Mars 2011 ?
Code Animal a donc demandé des comptes à la commission nationale et au Ministère. Comment est-ce possible qu’en 2019, au moment où la transition vers des cirques sans animaux est amorcée, le Gouvernement autorise une nouvelle espèce à être détenue dans les cirques en France ? Shakira est en effet la seule hyène (à notre connaissance du moins) présente dans un cirque en France. Une « exclusivité » en terme marketing lorsqu’on considère Shakira comme un objet de divertissement.
Nos questions au Ministère sont claires : Comment justifier de l’intérêt artistique de l’animal dans les spectacles ? Quelle est l’origine de Shakira ? S’il s’agit réellement d’une vente entre un parc zoologique et un cirque, de quel parc s’agit-il ?
Selon nos enquêtes (3 visites sous chapiteau entre janvier et octobre 2019 – non constatées par un huissier), Shakira n’est pas mise en spectacle, ce qui est contraire à l’arrêté de Mars 2011 qui interdit l’exhibition en ménagerie ambulante.Nous y voyons ici un manque à la réglementation en vigueur. Quelles sont les explications à ce manquement potentiel à la réglementation ? Dressage ? Comment dresse-t-on un animal sauvage à faire des numéros sous un chapiteau ?
Code Animal a demandé les documents administratifs du cirque à la DDPP d’origine. Nous avons essuyé un refus catégorique sous de faux prétextes : la CADA confirme que les documents demandés sont communicables. Nous avons donc déposé un recours pour les obtenir conformément à la réglementation en vigueur. Un arrêté préfectoral d’ouverture est public et doit donc être communiqué aux citoyens et citoyennes.
Cependant, selon nos informations, la préfecture a donné l’autorisation de détention pour « 1 spécimen de hyène tachetée (Crocuta crocuta), Shakira qui est marquée et a une existence désormais légale, et un spécimen de hyène rayée (Hyaena hyaena). Une erreur s’est glissée dans les documents officiels, mélangeant les noms scientifiques des espèces.
Cela va bel et bien à l’encontre des impératifs biologiques des espèces. En effet, les hyènes tachetées sont des animaux hyper-sociaux qui vivent en larges communautés, aussi appelées clans, allant jusqu’à 130 individus (Colin Vullioud, Eve Davidian, Bettina Wachter et François Rousset, « Social support drives female dominance in the spotted hyaena », Nature Ecology & Evolution, vol. 3, no 1, janvier 2019). Les clans sont dirigés par des femelles. Les sociétés de hyènes tachetées sont plus complexes que celles des autres mammifères carnivores et ressemblent particulièrement à celles des primates cercopithèques en ce qui concerne la taille du groupe, la structure, la compétition et la coopération. À la différence des autres espèces de hyènes, la hyène tachetée présente un plus gros cortex frontal qui intervient dans la médiation du comportement social (Wikipédia / Barbara L. Lundrigan, Sharleen T. Sakai et Kay E. Holekamp, « The Spotted Hyena (Crocuta crocuta) as a Model System for Study of the Evolution of Intelligence », Journal of Mammalogy, vol. 88, no 3, 1er juin 2007).
Ce qui nous inquiète également c’est que le numéro du cirque mettrait en scène Shakira et des lions (article sur un blog de 2017). Shakira est également stationnée dans sa cage-remorque de camion juste à côté des lions. Or, en milieu naturel, ces deux espèces sont concurrentes et vivent dans la même niche écologique. Autrement dit, elles sont en compétition directe l’une avec l’autre. Les lions tuent les hyènes afin de réduire la compétition alimentaire et, dans certains écosystèmes, les lions sont la principale source de mortalité des hyènes tachetées (Johannes Robert Henschel, The Socio-ecology of a Spotted Hyaena Crocuta Crocuta Clan in the Kruger National Park, Universiteit van Pretoria, 1986)
Ainsi la détention de Shakira à l’heure actuelle va sans aucun doute à l’encontre des impératifs biologiques de l’animal. Comment la commission nationale des certificats de capacité à pu ainsi donner un avis favorable à ce dossier ?
Les hyènes rayées (Hyaena hyaena), quant à elles, vivent en solitaire ou en petits groupes familiaux allant jusqu’à 7 individus. Elles vivent principalement en Asie et en Afrique du Nord.
Espèces nées en captivité : espèces sauvages ou domestiques ?
Selon les scientifiques et professionnels des animaux, la domestication est un processus très long qui se fait sur des centaines de générations et qui change la génétique de l’animal pour des raisons économiques (animaux de rente) ou sociaux (animaux de compagnie) afin d’obtenir des races avec des caractéristiques distinctes. Apprivoiser un animal est un processus superficiel non soumis à des changements génétiques.
Les dispositions génétiques du comportement de l’animal sauvage (territorialité, instinct de chasse ou grégarité…) ne sont pas modifiées par l’apprivoisement. Les animaux conservent les mêmes motivations, besoins et instincts que leurs congénères sauvages en liberté.
De ce fait, les animaux sauvages sont plus imprévisibles et stressés dans le contact avec l’être humain que les animaux domestiques (Price, 1999 ; Trut, 1999).
Shakira partage donc avec ses congénères libres les mêmes impératifs biologiques. Tout affirmation contraire ne relève d’aucun sérieux scientifique.
En conclusion, Code Animal lance une pétition et une action de sensibilisation publique pour demander au Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire des réponses :
- Quelles justifications pour cette autorisation alors qu’une transition encadrant la fin des animaux sauvages dans les cirques doit être mise en place ?
- Quelle est l’origine de l’animal ?
- Quel est l’intérêt artistique de l’animal dans un cirque ?
- Comment expliquer qu’avant juillet 2019, la détention de la hyène n’était pas encadrée ?
Avec la pétition, nous demandons :
1) Des comptes au Ministère de la Transition Écologique et Solidaire.
2) Que le Certificat de capacité provisoire de T.Seneca ne soit pas reconduit en 2022 pour la hyène.
3) Que Shakira soit placée dans un sanctuaire adapté en 2022.
4) Qu’une réelle transition vers des cirques sans animaux soit mise en place en France.
2019 – Toujours légal
La France en retard !
#CirqueSansAnimaux
Plus d’informations sur les hyènes libres :