Blu est un ara de Spix bleu capturé en Amazonie alors qu’il est encore bébé. Il va vivre pendant 15 ans chez une bouquiniste du Minnesota en tant ‘qu’oiseau de compagnie’. C’est pour sauver son espèce, dont il est le dernier représentant mâle, qu’il va devoir retourner à Rio de Jaineiro ballotté entre trafiquants et apprentissage du vol.
C’est dans la veine de ‘Madagascar’ et du ‘monde de Némo’, que ce film s’inscrit. Si Némo, le poisson clown de Disney Pixar, a vécu la détention dans un aquarium comme un emprisonnement, la vie captive de Blu pendant 15 ans est vécue comme rassurante. Blu s’intellectualise et comme il se définit lui-même, il n’est pas un oiseau domestique mais un oiseau de compagnie mais qui ne sait pas voler…
Ce film d’animation de Carlos Saldanha soulève la problématique de la captivité. Il présente plusieurs aspects propre à la détention des NAC (Nouveau Animaux de Compagnie) :
- Les trafics : Le jeune Blu est capturé en pleine forêt amazonienne puis transporté par la société Exotic Birds aux Etats-Unis. Au fil du film, ce sont des trafiquants qui représenteront les méchants de l’histoire. Les cages sont présentées comme négative et notamment pour Perla, une belle Ara bleue, qui a grandi à l’état sauvage et vit cet enfermement comme un enfer.
- La dénaturation : Blu, qui a grandi pendant 15 ans en captivité, est victime du syndrôme de Stockholm. Il recherche la présence de Linda, celle qui l’a gardé captif pendant 15 ans. Sa cage le rassure, il n’a aucune repère qui ne soit autre que celui de la maison où il habite. Il est dénaturé et ne sait même pas voler.
- La conservation : Le film soulève le problème de l’extinction des espèces. C’est un éminent ornithologue débarqué d’un centre de conservation brésilien qui le cherche afin de l’accoupler avec une femelle ara Spix bleue pour sauver l’espèce.
Ce film d’animation a le grand avantage de porter à l’écran, même si ce n’est pas le premier long métrage de la sorte, un questionnement quant à la mode des NAC et ce que cela implique pour l’animal. Voir des perroquets dans le ciel brésilien, même en images animées, nous rappelle que le milieu naturel de cet oiseau est autre que l’environnement aseptisé d’une cage. La confrontation de Blu et Perla au monde des trafiquants ne représente pas un épiphénomène, le trafic des animaux dans la réalité se place juste derrière le trafic des armes et de la drogue. Enfin le handicap de Blu, incapable de voler, est une marque symbolique de cette dénaturation liée à la captivité.
Le risque de ce genre de film, malgré sa valeur pédagogique, est de susciter auprès de jeunes enfants l’envie de posséder ‘un Blu’, tout comme ils se sont ruer sur des ‘Némo’ ou des damaltiens …
Le temps de l’émotion et d’une possible prise de conscience, laisse place à l’envie de posséder et le spectateur devient le ‘méchant’ en quelque sorte. Sauf que contrairement aux poissons clowns, le Ara Spix, classé en Annexe 1 de la Convention de Washington, est selon l’UICN déjà éteinte à l’état naturel, seuls quelques spécimens survivent en captivité… Blu est condamné.
Franck Schrafstetter