La tortue radiée (Astrochelys radiata) ou tortue étoilée de Madagascar ou tortue rayonnée, est une espèce endémique de Madagascar.
Elle a été introduite à l’ile Maurice et à La Réunion où elle est considérée comme animal de compagnie (un foyer réunionnais sur 2 posséderait une tortue radiée !). Elle doit son nom à sa carapace de couleur noire sur laquelle chaque écaille jaune semble donnée naissance à plusieurs rayons similaires à des étoiles.
En France, cette tortue est vendue sous conditions (notamment facture d’achat, cites individuel avec numéro de puce) par des animaleries spécialisées pour environ 700 euros.
© Tortues du Monde
Cette tortue fait l’objet d’un trafic important :
Ainsi, entre 2000 et 2014, un rapport de TRAFFIC (programme conjoint de WWF et de l’IUCN pour lutter contre le commerce illégal des espèces sauvages) fait état de 11 363 tortues radiées saisies.
Mais en avril 2018, plus de 10 000 tortues ont été saisies en une seule opération près de Tuléar, au Sud Ouest de la Grande Île.
Des milliers de tortues juvéniles ont été retrouvées dans une maison, en état de malnutrition et de déshydratation, et un millier environ n’a pas survécu .
Les contrevenants ont écopé de 6 ans d’une forte amende en octobre 2018.
Les animaux ont été majoritairement récupérés par le village de tortues d’Ifaty, un refuge de 35 hectares situé à une trentaine de kilomètres de Tuléar, le but à terme étant de les relâcher après s’être assuré de leur statut sanitaire afin d’éviter tout risque d’épizootie.
En novembre 2018, un nouveau trafic a été découvert au nord est de Toliara, 7347 tortues radiées ont été saisies. Ces tortues été séquestrées depuis des mois, des dizaines de caisses en bois numérotées et dont l’état d’usure montrait qu’elles avaient déjà été utilisées plusieurs fois, ont été découvertes sur les lieux, prouvant que ce trafic était bien établi et bien organisé.
Généralement, les tortues radiées sont expédiées illégalement vers l’Asie, elles transitent par la Malaisie, véritable plaque tournante du trafic illégal de tortues sauvages.
© Direction régionale de l’environnement et des forêts
Une espèce en danger
La population estimée de cette espèce est passée de 12 Millions d’individus en 1990 à 3 Millions actuellement. Elle est classée « En danger Critique d’Extinction » sur la liste rouge de l’IUCN, ce qui signifie qu’elle a 50 % de risque de disparaître dans les 5 ans.
Bien que leur nombre reste encore relativement élevé, c’est le déclin rapide de la population qui a décidé la Cites à classer l’espèce à l’annexe I, c’est-à-dire à en interdire son commerce international.
Cependant, Madagascar un des pays les plus pauvres au monde, les braconniers sont souvent des locaux et principalement des paysans qui capturent des animaux en échange de semences pour l’agriculture.
Les raisons de leur disparition :
En fait, les tortues radiées sont braconnées pour 2 raisons principales : leur viande et leur vente sur le marché des animaux domestiques, les NACS..
On estime à plus de 200 000 le nombre de tortues capturées chaque année. Les contrebandiers asiatiques recherchent les tortues pour leur foie qui serait l’équivalent du foie gras français.
Les Malgaches consomment également de la viande de tortues lors des fêtes de Noël et de Pâques. D’autres exportent les animaux vivants pour les vendre comme animaux de compagnie en Occident, ou bien sur l’île où ils cohabitent avec poulets et canards car dans la croyance populaire, la présence de tortues empêcherait les volailles d’attraper des maladies.
Leur carapace est également utilisée comme objet de décoration et comme objet symbolique accompagnant les défunts dans les cercueils.
Mais le braconnage n’est pas la seule cause du déclin de la population des tortues radiées, elles sont en effet aussi victimes de la déforestation. En effet, elles vivent dans les forêts épineuses du sud de Madagascar, un territoire où la déforestation est particulièrement importante au profit de terres agricoles, pour faire du charbon de bois ou des pâturages pour les troupeaux.
Madagascar est composée de plusieurs peuples, notamment les Mahafaly et Antandroy, dont le territoire est identique à celui des tortues. Ces deux peuples ont un « fady », c’est à dire un tabou. Tuer, blesser ou manger une tortue porterait malheur à l’auteur du délit et à sa famille . Cependant, la tradition des fady bien que très ancienne à Madagascar n’est plus beaucoup respectée , à cause de la pauvreté et du mélange des cultures.
Les populations locales ne sont souvent que les petites mains, victimes de la pauvreté et de l’absence d’alternative, ce qui les poussent au braconnage, à la déforestation.
Lorsque des solutions leur sont proposées pour subvenir à leurs besoins de manière plus respectueuse de l’environnement, lorsqu’ils peuvent avoir accès à l’éducation, les locaux sont souvent les meilleurs agents pour protéger leur territoire et la biodiversité.
Et n’oublions jamais que si il n’y a pas de demande, il n’y a pas d’offre.
Les animaux ne sont braconnés que parce que certains veulent les acquérir, les posséder comme des objets, morts ou vifs.