Le 2 mai, un incendie a ravagé le centre de jardinage Tropiflora près de la frontière française en Belgique, tuant plusieurs lapins, tortues et poissons qui étaient à vendre dans l’enceinte du magasin. Vu le peu de références à la mort de ces animaux dans la presse et lors de l’entretien donné par le directeur, on se demande non seulement pourquoi notre société montre si peu de compassion envers les animaux en souffrance, mais aussi comment se fait-il que ce genre d’établissements ait le droit de vendre les animaux, exotiques aussi bien que domestiques, en premier lieu ?
« 45 ans de ma vie partie en fumée en quelques heures. Pour l’instant, les quinze salariés, dont neuf Français, seront mis au chômage technique » a dit le propriétaire de Tropiflora d’Adinkerke le lendemain de l’incendie qui s’est déclaré à l’intérieur du magasin une demi-heure après sa fermeture au public et qui a détruit une grande partie du bâtiment et des serres. Ceci est de toute évidence un fait tragique , et pourtant, pas de lamentations dans la presse, ni de la part du directeur, pour les animaux qui ont dû périr dans des souffrances terribles, surtout quand on considère que la chaleur et la fumée extrêmes provoquées par les « nombreux objets en plastique, en PVC, ont facilité la propagation des flammes ».
L’article du journal de France 3 Nord Pas-de-Calais mentionne le fait que les animaux à l’intérieur du centre ont péri, mais dans l’article du journal La Voix du Nord le lendemain du sinistre, on est rassuré que « le feu serait d’origine accidentelle. Il n’a pas fait de victimes ». Pas de victimes, et pourtant tous ces animaux enfermés dans des cages, qui n’ont pas pu s’échapper des flammes… Dans des établissements qui expriment évidemment si peu de remords pour les animaux qu’ils vendent quand ces derniers meurent (aussi tragiquement), on se pose la question quant aux soins des animaux vivants.
En faisant le tour d’une jardinerie telle que Botanic ou bien dans certains magasins de bricolage en France, il se confirme qu’il est à la mode en ce moment d’acheter des animaux en même temps qu’on achète des objets pour embellir sa maison et son jardin. La présence d’animaux comme les lapins et bien sûr les animaux plus « exotiques » comme les reptiles provoque sans doute des achats spontanés, surtout par des parents accompagnés de leurs enfants. Et c’est ce même genre d’achats qui mène à des cas d’abandon et de négligence que l’on trouve trop souvent chez les gens qui ne comprennent pas les besoins complexes de ces nouveaux animaux de compagnie.
Code Animal vient de lancer une campagne qui vise à estimer le nombre de NACs vendus en France actuellement et combien sont abandonnés tous les ans. Lors d’une étude secrète dans deux animaleries / jardineries nous avons constaté plusieurs choses inquiétantes, notamment le fait que plusieurs animaux n’avaient pas d’eau à leur disposition, et un client devant les grillons et crickets confinés dans des boîtes, parlant à quelqu’un au téléphone, disant que les grillons étaient bien mal en point, voire mourants. En faisant semblant de se renseigner auprès d’un vendeur dans un des magasins sur les soins des pythons royaux et chinchillas vendus dans le magasin, on était choqué de voir que le vendeur ne pouvait absolument pas nous conseiller.
L’industrie des NACs vaut dans les milliards d’euros. En plus, beaucoup des NACs en circulation sont des espèces protégées. De 2002 à 2006, presque 1,000 tortues égyptiennes, très menacées d’extinction, ont été trafiquées et saisies dans l’Union Européene. Ces chiffres représentent environ 13% de toute la population de cette espèce restante dans la nature. Selon des enquêtes réalisées en 2011 par l’association Pet Food Manufacturers (fabricants de nourriture pour les animaux de compagnie) il y a plus que 42 millions de NACs au Royaume-Uni, dont environ 40 million sont des poissons. Nous n’avons pas encore de statistiques précises pour la France, mais vu qu’en 2004 les NACs représentait déjà 5% des animaux de compagnie, et vu les indications que les NACs sont de plus en plus à la mode, ainsi que les reportages dans la presse et le constat des refuges à propos des abandons, nous pouvons supposer que la France n’est pas loin des chiffres de l’Angleterre. Les refuges en France débordent déjà d’animaux tels que les chats et chiens et les gens n’osent souvent pas emmener leur NAC dans un refuge ou ne prennent pas le temps d’essayer de lui trouver un autre foyer, donc ils les relâchent tout simplement dans la nature. Cela implique non seulement la mort du NAC qui peut rarement survivre dans des conditions et des habitats non naturels, mais que cela peut avoir des conséquences catastrophiques pour la flore et la faune indigènes.
Avant de ne pouvoir confronter ce problème et demander au gouvernement de renforcer les règlements qui protégent les NACs, nous avons besoin de rassembler les indices qui montrent l’ampleur du problème. Si vous pensez pouvoir nous aider en effectuant des enquêtes dans les animaleries / jardineries près de chez vous, merci de nous écrire à nacs@codeanimal.com.
Références de la presse :
http://www.lavoixdunord.fr/region/a-adinkerke-l-incendie-qui-a-ravage-la-serre-ia17b47578n1220563
Article de Kate Chabrière, Campagne NAC Code Animal
(les remerciements à Juliette Joseph pour sa correction du français)
Katie Chabrière