Depuis plusieurs mois, des milliards d’humains sont confinés chez eux pour lutter contre le Covid-19 (Coronavirus disease 2019), plus de détails ci-après.
D’où ça vient ?
Il est scientifiquement admis que le point de départ de la pandémie est le marché aux poissons de Wuhan, dans la province du Hubei, en Chine centrale. L’épidémie a commencé le 12 décembre 2019. Les symptômes cliniques typiques de ces patients sont la fièvre, la toux sèche, les difficultés respiratoires (dyspnée), les maux de tête et la pneumonie. L’apparition de la maladie peut entraîner une insuffisance respiratoire progressive en raison de lésions alvéolaires (comme le montrent les images de tomodensitométrie thoracique transversale) et même la mort.
La Chine est le troisième plus grand territoire et est également la nation la plus peuplée du monde. Un vaste territoire et des climats divers apportent une grande biodiversité, dont la présence des chauves-souris et des virus transmis par les chauves-souris. La plupart d’entre elles vivent près des humains, transmettant potentiellement des virus aux humains et au bétail. La culture alimentaire chinoise maintient que les animaux abattus sur place sont plus nutritifs, et cette croyance peut augmenter la transmission virale.
Le 11 janvier, la Chine a signalé sa première mort humaine liée à la maladie causée par le nouveau virus. La ville de Wuhan est mise sous quarantaine. Fin janvier, les autorités chinoises annoncent une interdiction temporaire à l’échelle nationale du commerce d’espèces sauvages sur les marchés. Quelques jours plus tard, l’organisation Mondiale de la Santé déclare l’urgence sanitaire internationale. Depuis le virus se propage à vitesse grand V et le nouvel épicentre est l’Europe. La France est en confinement depuis le 16 mars 2020.
Le 24 février, les autorités chinoises ont annoncé de nouvelles mesures sévères – y compris une interdiction sans précédent de la consommation d’animaux sauvages comme nourriture – visant à réduire les risques pour la santé publique (des virus infectieux générés en association avec le commerce illégal des espèces d’animaux sauvages).
Quel impact ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
Source : Santé Publique France (consultés le 28/03/2020)
Notre dangereux appétit pour les animaux sauvages
Nous jouons avec le feu. Plus la population de notre espèce grandit et plus nous mettons sous pression les ressources naturelles et les autres animaux.
Notre appétit pour leurs chairs, leurs corps ou leur compagnie nous met en danger. Il existe des milliers de marchés comme celui de Wuhan dans lesquels sont confinés des animaux sauvages qui ne sont pas sensés être en contact les uns avec les autres et par-dessus tout, en contact avec notre espèce et les animaux que nous avons domestiqués et qui vivent avec nous. Ces mélanges absurdes sont nos tombeaux parce qu’ils créent des virus comme le covid-19. Ils sont également les moteurs du trafic des animaux sauvages, l’une des plus grosses pertes de biodiversité.
Selon les études scientifiques, 75% des maladies émergentes ont pour origine les animaux sauvages ou les milieux naturels eux-mêmes. Selon l’OMS, les maladies infectieuses sont à l’origine de 29 des 96 principales causes de morbidité et de mortalité humaines et de 25% des décès dans le monde (plus de 14 millions de décès par an).
Les pandémies, comme celle que nous vivons avec le Covid-19, sont en augmentation depuis le début du siècle. Selon l’étude de 2014 par Katherine F. Smith, Michael Goldberg, et. Al, le nombre total de foyers et la richesse des maladies causales ont chacun augmenté à l’échelle mondiale depuis 1980. 65% des maladies de l’ensemble de données étudié sont des zoonoses, qui ont collectivement causé 56% des épidémies (contre 44% des épidémies causées par des maladies spécifiques à l’humain).
Mais business is business. Notre appétit pour les animaux sauvages est une bombe à retardement.
Le racisme anti asiatique a explosé ces dernières semaines à la suite du covid-19; mais en fait, ces épidémies auraient très bien pu se déclarer en Europe aussi.
L’aéroport Roissy-Charles de Gaulle (Val de Marne) est une plaque tournante de la viande de brousse. Selon une enquête France Info de 2020, chaque année, les douaniers en saisissent 7 tonnes (de viande) rien qu’aux aéroports de Paris et chaque année, 2 à 13 millions de tonnes de viande de brousse sont prélevées à travers le monde, sans compter les pays asiatiques. La viande de brousse, un surnom pour la viande d’animaux sauvages, comprend tout type d’animal terrestre, des rongeurs aux éléphants. Certains chercheurs indiquent qu’un certain nombre d’animaux marins, tels que les cétacés, les tortues marines et les siréniens («viande de brousse marine»), pourraient également être inclus dans une définition large de la viande de brousse (Clapham et Van Waerebeek, 2007). Selon une étude de 2010, le commerce de la viande de brousse est une entreprise de plusieurs milliards de dollars qui stimule considérablement de nombreuses économies locales (Brashares et al., 2004). Les consommateurs vivant dans les pays développés sont prêts à payer des prix élevés pour la viande de brousse, considérée culturellement comme un produit très apprécié. Il a été estimé que la revente de viande de brousse sur des marchés spécifiques à Paris, en France, en juin 2008 se situait entre 20 et 30 euros (31-46 $ US) le kg, contre une moyenne de 15 euros (23 $ US) le kg pour la viande domestique vendu dans les supermarchés français (Chaber et al., 2010).
Parallèlement à l’augmentation de la chasse, de l’abattage, du commerce et de la consommation de viande de brousse, un nombre croissant de maladies zoonotiques émergentes ont conduit à des niveaux de morbidité et de mortalité préoccupants parmi les populations humaines et animales : virus du singe (Khodakevich et al., 1988; LeBreton et al., 2006), virus Ebola (Amblard et al., 1997; Cunningham, 2005; Leroy et al. , 2004), virus mousseux simiens (Calattini et al., 2007; Wolfe et al., 2004b), virus T-lymphotropes humains (HTLV) (Wolfe et al., 2005a; Zheng et al., 2010).
Ces questions sont très complexes et nécessiteraient un article entier. Mais, bien que la conservation de l’habitat et par la même des animaux, ne soient pas au premier plan des préoccupations des spécialistes de la prévention des maladies, il existe des possibilités de faire participer des membres de diverses communautés qui pourraient mener à une collaboration mutuellement bénéfique entre ces disciplines puisque ces questions sont liées. L’exploitation de la viande de brousse représente la plus grande menace à la durabilité de la faune dans certaines régions du monde. Nous pouvons citer les chimpanzés par exemple.
Le marché des nouveaux animaux de compagnie peut également être une source plausible de risques zoonotiques.
L’Allemagne ou encore la Belgique sont des marchés à ciel ouvert pour les nouveaux animaux de compagnie. Ces attraits du rare pour nos loisirs récréatifs nous rapproche d’avantage du danger de pandémie.
Un problème écologique majeur
Alors que les scientifiques nous alertent depuis des années sur les risques graves liés aux changements climatiques comme les spécialistes du GIEC ou de IPBES, la majorité d’entre nous continue de vivre et consommer comme si « de rien n’était » et nos dirigeants politiques sont aux abonnés absents. Et nous savons bien qu’il sera bientôt trop tard pour mettre en place cette fameuse transition écologique. Et nous ne parlons pas d’interdire les pailles et gobelets en plastique dans 70 ans.
Avec le confinement, nous nous sommes rendu compte que des changements drastiques pouvaient avoir lieu sur nos comportements. Les images de la NASA montrant la baisse significative de la pollution sur des pays comme la Chine ou l’Italie ou encore des études faites à Paris ont démontré qu’en très peu de temps, nous pouvions voir des résultats probants.
En France, le Point nous révèle les images prises par l’Agence Spatiale Européenne. Elles comparent la pollution au dioxyde d’azote moyenne mensuelle en 2019 avec la période du 14 au 25 mars 2020, au cours de laquelle les mesures de confinement ont été prises en Europe. Le dioxyde d’azote (NO2), dégagé lors de la combustion d’énergie fossile, est l’un des principaux polluants émis par le transport routier et l’activité industrielle. Il affecte particulièrement la fonction pulmonaire et aggrave les maladies respiratoires.
Ces résultats s’expliquent par l’annulation de vols, la fermeture d’entreprises et un ralentissement économique entre autres. Selon un article du Los Angeles Tribune du 19 mars 2020, certains experts prédisent que la crise sanitaire entraînera une baisse des émissions mondiales pour la première fois depuis 2009, pendant la Grande Récession. Mais un retour en arrière au fil des décennies montre une augmentation régulière des gaz à effet de serre ponctuée de baisses temporaires causées par les ralentissements économiques, notamment la crise financière mondiale de 2008 et les chocs pétroliers des années 1970. La pollution rebondit de façon prévisible une fois que l’économie aura recommencé à s’améliorer, la reprise de l’activité industrielle, des voyages et de la consommation compensant largement les avantages de courte durée pour le climat. Il y a déjà des indications que l’industrie et les régulateurs veulent freiner l’action climatique. Certaines compagnies aériennes ont repoussé leurs politiques de réduction des émissions à cause du coronavirus. Le Premier ministre de la République tchèque a exhorté l’Union européenne à abandonner une loi historique visant à réduire les émissions nettes de carbone pour se concentrer plutôt sur la lutte contre l’épidémie.
Après la crise du Covid-19, est-ce que le retour au business as usual sera de mise ? Ou sommes-nous en droit d’attendre que les Gouvernement prennent des mesures drastiques pour lutter contre les changements climatiques ? Après tout, c’est bien là le fond du problème, puisque si rien n’est fait, c’est bien lui qui menace la biodiversité – humanité y compris.
Une évaluation du climat réalisée en 2018 par des agences fédérales a révélé que si les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, les pertes économiques atteindront des centaines de milliards de dollars par an dans certains secteurs d’ici la fin du siècle. Le rapport prévoit également que 9 000 Américains mourront chaque année à la fin du siècle en raison de la chaleur extrême du changement climatique si les émissions continuent d’augmenter.
Ce sera bien pire dans les pays pauvres. Les chercheurs prédisent que l’Inde pourrait voir plus d’un million de décès liés à la chaleur par an d’ici 2100 si les températures montent de 4 degrés Celsius.
Et non la « Nature » ne nous envoie pas un message. Nous provoquons ces situations. Ce ne sont pas des messages des dieux mais simplement des conséquences de nos actions d’humains.
Notre espèce et notre espèce seule met à mal les milieux naturels et met beaucoup trop de pression, entre la déforestation pour nourrir des animaux d’élevage et notre expansion urbaine et industrielle sur les milieux naturels, nous empiétons dangereusement sur l’espace des autres animaux. Et par là même nous entrons en contact avec ces animaux, et des virus et parasites.
Rappelons par exemple quelques chiffres :
- Environ 1 million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction, notamment au cours des prochaines décennies, ce qui n’a jamais eu lieu auparavant dans l’histoire de l’humanité.
- Depuis 1900, l’abondance moyenne des espèces locales dans la plupart des grands habitats terrestres a diminué d’au moins 20 % en moyenne. Plus de 40 % des espèces d’amphibiens, près de 33 % des récifs coralliens et plus d’un tiers de tous les mammifères marins sont menacés. La situation est moins claire pour les espèces d’insectes, mais les données disponibles conduisent à une estimation provisoire de 10 % d’espèces menacées.
- Les trois quarts de l’environnement terrestre et environ 66 % du milieu marin ont été significativement modifiés par l’action humaine. En moyenne, ces tendances ont été moins graves ou évitées dans les zones qui appartiennent à, ou sont gérées par, des peuples autochtones et des communautés locales.
- Plus d’un tiers de la surface terrestre du monde et près de 75 % des ressources en eau douce sont maintenant destinées à l’agriculture ou à l’élevage.
- 100 millions d’hectares de forêts tropicales ont été perdus entre 1980 et 2000, en raison principalement de l’augmentation de l’élevage du bétail en Amérique latine (environ 42 millions d’hectares) et des plantations en Asie du Sud-Est (environ 7,5 millions d’hectares, dont 80 % destinés à l’huile de palme, utilisée surtout dans l’alimentation, les cosmétiques, les produits de nettoyage et les carburants) entre autres.
- Depuis 1970, la population mondiale a plus que doublé (passant de 3,7 à 7,6 milliards)
Ainsi nous déstabilisons des écosystèmes résilients. Nous enlevons par exemple les prédateurs, ce qui empêche la régulation des proies augmentant par cela les risques de transmissions d’éléments pathogènes. Nous détruisons les milieux naturels des animaux à vitesse grand V, poussant les derniers survivants à se rapprocher des milieux urbains ou des exploitations agricoles pour y chercher de la nourriture, multipliant les facteurs de risques de zoonoses. Avec la simplification des milieux nous avons également simplifié notre compréhension de cette biodiversité. Nous ne prenons pas conscience que nos actions sur le court-terme ont des répercussions sur le long-terme. L’intérêt étant principalement économique. A vrai dire, il serait plus juste de dire que nous avons tout à fait conscience de notre impact sur le court-moyen et long terme, mais le profit à court terme domine actuellement sur tout le reste.
Les pandémies mondiales ne sont qu’un symptôme d’une crise beaucoup plus globale que nous sommes en train de vivre : celle de l’effondrement de la biodiversité.
Puisque la biodiversité peut être un bouclier protecteur face à ces agents pathogènes. En effet, les animaux-hôtes vivent avec ces agents infectieux et peuvent limiter les transmissions aux humains et autres animaux. Des scientifiques parlent par exemple d’effet de dilution.
Selon un article de Rodolphe Gozlan et Soushieta Jagadesh paru en 2020, La perte de biodiversité peut modifier la transmission des maladies de plusieurs façons :
1) En changeant l’abondance de l’hôte ou du vecteur. Dans certains cas, une plus grande diversité d’hôtes peut augmenter la transmission des agents, en augmentant l’abondance des vecteurs ;
2) En modifiant le comportement de l’hôte, vecteur ou parasite. En principe, une plus grande diversité peut influencer le comportement des hôtes, ce qui peut avoir différentes conséquences, qu’il s’agisse d’une augmentation de la transmission ou de l’altération de l’évolution des dynamiques de virulence ou des voies de transmission. Par exemple, dans une communauté plus diverse, le ver parasitaire qui est responsable de la bilharziose (maladie qui affecte plus de 200 millions de personnes dans le monde) a plus de chance de se retrouver dans un hôte intermédiaire inadéquat. Ceci peut réduire la probabilité de transmission future à l’humain de 25 à 99 % ;
3) En modifiant la condition de l’hôte ou du vecteur. Dans certains cas, dans des hôtes à fortes diversités génétiques, les infections peuvent être réduites, voire induire des résistances, ce qui limite de fait la transmission. Si la diversité génétique se réduit parce que les populations diminuent, la probabilité qu’apparaissent des résistances diminue également.
Nous allons de crise en crise. Crises qui, une fois passées, sont oubliées. Rien qu’en 2019, les feux de forêts (dus à la sécheresse notamment) ont décimé des millions d’hectares de forêts en Australie. Même si les incendies ne peuvent être uniquement le résultat du changement climatique, selon les experts, notamment ceux du GIEC, ces phénomènes sont largement influencés par ce processus et ça ira en s’aggravant. Les émissions de gaz à effet de serre ont un impact clair sur la hausse des températures et, par-là, un lien indirect sur la sécheresse accrue dans l’est de l’Australie. Une étude récente a révélé que les températures extrêmes qui ont provoqué les feux de brousse historiques de 2018 dans le nord du Queensland étaient quatre fois plus susceptibles de se produire en raison du changement climatique – cela lié aux activités humaines.
Qu’allons-nous décider ?
Mais nous ne comprenons pas, nous ne cherchons pas à trouver la source. Plutôt que de remettre en question nos modes de consommations et nos modes de vie, nous ne serions pas surpris de voir ces prochaines semaines dans les médias, des discours allant dans le sens de l’éradication des chauves-souris et/ou des pangolins.
Et dès qu’il s’agit de notre santé et de notre vie, les décisions ne se font pas attendre. Comme l’a dit notre gestionnaire Emmanuel Macron : « nous sommes en guerre », des vies sont en jeu.
La crise de la biodiversité et celle du changement climatique sont des crises lentes et complexes qui font des morts ponctuelles çà et là chaque année (par millions). Les modifications sont imperceptibles et deviennent une normalité. Les actions pour contrer sont minimes et entourées de paillette : interdire le plastique dans 50 ans alors que la pollution par les plastiques a été multipliée par dix depuis 1980.
Selon un article de BreakThrough Institute, répondre à COVID-19 par des changements de comportement signifie mettre temporairement notre vie en suspens pendant des mois à un an. Répondre au changement climatique par des changements de comportement signifie un engagement à vie, sinon multigénérationnel, en faveur de changements de style de vie à l’échelle de la population.
La crise climatique peut sembler aussi immédiate et urgente qu’une pandémie en cours pour ceux qui travaillent dans l’espace climatique. Mais cela ne change pas grand-chose au fait que les gouvernements et les communautés n’accepteront pas l’adaptation de mesures destinées à lutter contre les pandémies et qui dureraient plusieurs mois, voire des années.
Allons-nous donc passer nos vies dans des bulles ?
Point rapide sur le coronavirus
C’est quoi ?
Scientifiquement appelé « SARS-CoV-2 », le coronavirus fait partie du genre Betacoronavirus. Même si l’origine n’est pas clairement et unanimement identifiée, deux animaux reviennent le plus souvent dans les études scientifiques.
Le premier est la chauve-souris.
Une étude de janvier 2020 l’a d’ailleurs souligné. Depuis le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), un grand nombre de coronavirus liés au SRAS (SARSr-CoV) ont été découverts chez les chauves-souris (hôtes réservoir naturel). Des études antérieures ont montré que certains SARSr-CoV de chauve-souris type Rhinolophus peuvent infecter les humains. Par exemple, une étude de Mars 2019, dans laquelle une équipe de virologues de Wuhan a publié un article, souligne la présence de coronavirus chez les chauves-souris. Certains de ces virus de chauve-souris sont bien connus : les lyssavirus de chauve-souris (virus de la rage), les hénipavirus (virus Nipahvirus et Hendra), les CoV (SARS-CoV, MERS-CoV et SADS-CoV) et les filovirus (Marburgvirus, Ebola virus et Mengla virus). Ils constituent une grande menace pour la santé humaine. Une analyse approfondie des relations hôte-virus des mammifères a démontré que les chauves-souris hébergent une proportion significativement plus élevée de virus zoonotiques que les autres mammifères. Les chauves-souris sont maintenant reconnues comme des hôtes réservoirs importants de CoV. En résumé, les chauves-souris sont porteuses des principaux types de CoV pouvant se propager aux humains et provoquer des maladies. Du fait de la large distribution des chauves-souris, les CoV peuvent être retrouvés dans le monde entier.
En effet, les chauves-souris sont les seuls mammifères à pouvoir voler, ce qui leur permet d’avoir une plus longue portée de migration par rapport aux mammifères terrestres. Les chauves-souris sont également le deuxième plus grand ordre de mammifères. Elles représentent environ un cinquième de toutes les espèces de mammifères, et sont réparties dans le monde entier.
Le second animal cité est le pangolin.
Même si le groupe animal intermédiaire dans la chaîne de transmission est toujours discuté, les pangolins sont parmi les principaux candidats pour les espèces « intermédiaires » dans l’évolution du SRAS-Cov-2.
Les pangolins sont des animaux protégés, mais le trafic illégal est répandu et certaines espèces sont en danger critique d’extinction. Ils sont vendus, de façon controversée, pour leur viande et leurs écailles, et pour une utilisation en médecine traditionnelle chinoise, dans laquelle des parties de l’animal sont utilisées pour traiter des maladies telles que les maladies de la peau, les troubles menstruels et l’arthrite. La loi chinoise stipule que les personnes vendant des pangolins peuvent être punies de 10 ans ou plus de prison. Lors du contrôle du marché de Wuhan après les premiers cas de Covid-19, les pangolins ne figuraient pas sur l’inventaire des articles vendus sur le marché. L’illégalité du commerce des pangolins peut expliquer cette omission.
Selon un article de la revue Nature, les scientifiques ont donc suggéré que le nCoV-2019 provenait à l’origine des chauves-souris, une proposition basée sur la similitude de sa séquence génétique avec celles d’autres coronavirus connus. Mais le virus a probablement été transmis à l’homme par un autre animal. Le 7 février 2020, des chercheurs de l’Université de Chine du Sud à Guangzhou – Shen Yongyi et Xiao Lihua – ont identifié le pangolin comme la source potentielle de nCoV-2019 sur la base d’une comparaison génétique des coronavirus prélevés sur les animaux et les humains infectés. Les séquences sont similaires à 99%.
Un nouvel article est publié le 26 mars 2020 dans la revue Nature sur ce sujet. La découverte de plusieurs lignées de coronavirus de pangolin et leur similitude avec le SRAS-CoV-2 suggèrent que les pangolins devraient être considérés comme des hôtes possibles dans l’émergence de nouveaux coronavirus et devraient être retirés des marchés pour prévenir les zoonoses. Les sujets de l’étude portaient sur des échantillons de tissus congelés (poumons, intestins, sang) prélevés sur 18 pangolins malais (Manis javanica) entre août 2017 et janvier 2018. Ces pangolins ont été obtenus lors d’opérations anti-contrebande effectuées par les douanes du Guangxi. Ces génomes isolés de coronavirus de pangolin présentent une similitude de séquence de 85,5% à 92,4% avec SARS-CoV-2. La survenue d’une recombinaison et / ou d’une évolution convergente met en évidence le rôle joué par les hôtes animaux intermédiaires dans l’émergence du virus humain. À ce jour, les pangolins sont les seuls mammifères autres que les chauves-souris à être infectés par un coronavirus apparenté au SRAS-CoV-2.
Sur les données actuelles, il ne peut être exclu que les pangolins aient acquis leurs virus liés au SRAS-CoV-2 indépendamment des chauves-souris ou d’un autre hôte animal, de sorte que leur rôle dans l’émergence du SARS-CoV-2 humain reste à prouver. Dans ce contexte, il est à noter que les deux lignées de coronavirus pangolin ont été obtenues à partir de pangolins malais victimes de trafic, probablement originaires d’Asie du Sud-Est, et il existe un manque de connaissance marqué de la diversité virale maintenue par cet animal dans les régions où il est indigène. Sans aucun doute, l’étendue de la transmission du virus dans les populations de pangolins nécessite des recherches supplémentaires. Cependant, la survenue répétée d’infections par des coronavirus liées au SRAS-CoV-2 dans les provinces du Guangxi et du Guangdong suggère que cet animal pourrait jouer un rôle important dans l’écologie communautaire des coronavirus. Bien que l’épidémiologie, la pathogénicité, l’infectiosité interspécifique et la transmissibilité des coronavirus chez les pangolins restent à étudier, les données présentées ici suggèrent fortement que la manipulation de ces animaux nécessite une prudence considérable et que leur vente sur les marchés doit être strictement interdite.
Les coronavirus ?
Les coronavirus (CoV) sont des virus à ARN et appartiennent à la sous-famille des Orthocoronavirinae de la famille des Coronavirida et de l’ordre des Nidovirales. Les CoV ont une particule virale enveloppée en forme de couronne (d’où leur nom). Par rapport à d’autres virus, les CoV s’adaptent aux hôtes. En conséquence, les modifications du génome causées par la recombinaison, l’échange de gènes et l’insertion ou la suppression de gènes sont courantes parmi les CoV. Pour le dire autrement, ils mutent régulièrement en fonction de l’hôte. La sous-famille CoV se développe donc rapidement, ce qui a augmenté la détection et l’identification de nouvelles espèces de CoV. En conséquence, la taxonomie du CoV est en constante évolution. Les CoV provoquent des maladies chez divers animaux domestiques et sauvages ainsi que chez l’homme.
Les coronavirus ont provoqué deux pandémies à grande échelle au cours des deux dernières décennies. Selon le site de l’Organisation Mondiale de la Santé :
- Le SRAS : virus identifié en 2003. On pense que le SARS-CoV est un virus animal provenant d’un réservoir animal encore incertain, peut-être des chauves-souris, qui s’est propagé à d’autres animaux (chats civettes) et aux premiers humains infectés en la province du Guangdong dans le sud de la Chine en 2002. L’épidémie de SRAS a touché 26 pays et a fait plus de 8 000 cas entre février et mai 2003 avec une mortalité globale de 10%. La transmission du SRAS-CoV se fait principalement d’une personne à l’autre. Elle semble s’être produit principalement au cours de la deuxième semaine de maladie, ce qui correspond au pic du virus dans les sécrétions respiratoires et les selles, et lorsque les cas de maladies graves commencent à se détériorer cliniquement. La plupart des cas de transmissions interhumaines se sont produits dans le cadre des soins de santé, en l’absence de précautions adéquates de contrôle des infections. La mise en œuvre de pratiques appropriées de contrôle des infections a mis fin à l’épidémie mondiale. Les symptômes ressemblent à ceux de la grippe et comprennent de la fièvre, des malaises, des maux de tête, de la diarrhée et des frissons.
- Le MERS (Syndrome respiratoire du Moyen-Orient) : maladie respiratoire virale causée par un coronavirus (coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient, ou MERS-CoV) qui a été identifié pour la première fois en Arabie saoudite en 2012. Depuis il y aurait 2249 cas d’infection confirmés en laboratoire avec une mortalité moyenne de 35,5% (jusqu’en septembre 2018). Environ 80% des cas humains ont été signalés par le Royaume d’Arabie saoudite. MERS-CoV est un virus zoonotique. Les preuves scientifiques suggèrent que les patients sont infectés par contact direct ou indirect avec des chameaux ou dromadaires infectés. Le virus a été identifié chez des dromadaires dans plusieurs pays, notamment en Égypte, à Oman, au Qatar et en Arabie saoudite. Un cas typique de MERS comprend la fièvre, la toux et / ou l’essoufflement. La pneumonie est courante, mais certaines personnes infectées par le virus MERS auraient été asymptomatiques. Des symptômes gastro-intestinaux, dont la diarrhée, ont également été signalés. Les cas graves de MERS peuvent inclure une insuffisance respiratoire qui nécessite une ventilation mécanique et un soutien dans une unité de soins intensifs.
De plus, les CoV provoquent une pandémie chez les animaux domestiques et sauvages (voir tableau ci-dessous). Le SADS-CoV a récemment été identifié comme l’agent responsable d’une épidémie à grande échelle de maladies mortelles chez les porcs en Chine qui a causé la mort de plus de 20 000 porcelets. De plus, le virus de la bronchite infectieuse aviaire provoque une maladie très contagieuse qui affecte la production avicole dans le monde.
Alexandra Morette
Sources
Coronavirus: ‘Nature is sending us a message’, says UN environment chief – The Guardian – 25/03/2020
A pneumonia outbreak associated with a new coronavirus of probable bat origin – Published online: 3 February 2020 dans la revue Nature – Peng Zhou, Xing-Lou Yang, Xian-Guang Wan et. Al.
Bat Coronaviruses in China – Published: 2 March 2019 – Yi Fan, Kai Zhao, Zheng-Li Shi and Peng Zhou
Identifying SARS-CoV-2 related coronaviruses in Malayan pangolins – Published online: 26 March 202 – Tommy Tsan-Yuk Lam, Marcus Ho-Hin Shum, Hua-Chen Zh et. Al.
Risk factors for human disease emergence – 2001 – Louise H.Taylor, Sophia M.Latham et Mark E.J. Woolhouse