Parce que la captivité des animaux ne va pas de soi et parce que le sujet fait de plus en plus débat, nous demandons à Playmobil de faire preuve de neutralité en cessant de commercialiser ses boîtes dédiées à l’univers des zoos, des cirques et des delphinariums.
Faire sauter un dauphin dans un cerceau, construire une cage pour un singe, installer un éléphant habillé de rose sur un plot : avec Playmobil, les enfants apprennent très jeunes que l’animal est un objet. La marque au sourire éternellement figé commercialise en effet, parmi ses nombreuses et célèbres figurines, des jouets pas vraiment innocents. Ses boîtes « zoo », « cirque » et « delphinarium » donnent ainsi une représentation toute particulière de la relation homme-animal. Une représentation qui n’a certes rien de choquant dans un monde qui exploite l’animal sous toutes ses formes, mais qui contribue, par la notoriété et la diffusion de masse du fabricant, à banaliser ce qui devrait faire débat.
Souffrance et troubles du comportement
On exagère ? Pas selon les travaux les plus récents de chercheurs en éthologie, en biologie, en philosophie et même en droit, qui remettent en question la légitimité de l’exploitation des animaux. Ils ressentent des émotions, ont un intérêt à vivre, souffrent d’être séparés des leurs pour les espèces sociales (les éléphants par exemple), d’être contraints à vivre en groupe, pour les espèces les plus solitaires (comme les tigres). Surtout, privés de la possibilité d’exprimer leurs comportements naturels, ils ne sont pas adaptés à la vie en captivité. Les troubles du comportement qu’ils y développent en sont la preuve.
À l’heure actuelle, le sujet fait de plus en plus polémique et de nombreux pays ont d’ores et déjà interdit la détention d’animaux sauvages dans les cirques comme la capture de mammifères marins pour les delphinariums. Quant aux zoos, autoproclamés arches de Noé, leur rôle de conservation des espèces est régulièrement remis en cause face aux échecs des politiques de réintroduction dans la nature d’animaux captifs.
Un public sensible face à un sujet polémique
L’exploitation des animaux ne va donc plus de soi. Pourtant, sa représentation dans les jouets Playmobil la banalise et la normalise auprès d’un public des plus sensibles : celui des enfants. C’est pourquoi Code animal demande à la marque de faire preuve de neutralité en cessant de produire et de commercialiser ses boîtes « zoo », « cirque » et « delphinarium ».
Notre premier courrier adressé à Playmobil France en mars dernier est à ce jour resté sans réponse. Resteront-ils silencieux face à vos messages ? Écrivez-leur par tous les canaux possibles et envoyez-leur nos visuels !
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- Envoyez via la page Contact de Playmobil le texte suivant et l’un de nos visuels cirques, zoos, ou delphinariums :
Monsieur le Directeur,
Vous vendez de nombreux jouets représentant des animaux sauvages captifs. Ce choix pose question sur plusieurs points.
– La captivité des animaux et leur exploitation dans des lieux de divertissement fait l’objet de débats dans de nombreux pays, comme la Belgique, le Portugal, les Pays-Bas ou l’Autriche, où leur présence dans les cirques est interdite. En France, plusieurs villes ont fait ce choix.
– La Fédération des vétérinaires européens a condamné en juin 2015 la présence des animaux dans les cirques, l’estimant incompatible avec leur bien-être.
– Le Costa Rica envisage de fermer tous ses établissements zoologiques et la Croatie, la Slovénie ou la Suisse ont définitivement prohibé les delphinariums.
Pourtant, l’utilisation dans vos jouets de figures d’animaux sauvages captifs banalise cette captivité et la normalise. Il ne s’agit pas pour vous de prendre un parti pris « pour ou contre », mais de faire preuve de neutralité face à un sujet polémique. D’autant que, comme l’explique Marcel Rufo, professeur en psychiatrie de l’enfant, « les animaux servent de socle à la pensée symbolique de l’enfant ».
Sur le plan sociologique, l’ethnologue Claude Levi-Strauss a montré que la lutte contre les formes de discrimination humaine ne peut se faire en ignorant les discriminations dont sont victimes les animaux, car elles sont liées : « Le respect que nous souhaitons obtenir de l’homme envers ses pareils n’est qu’un cas particulier du respect qu’il devrait ressentir pour toute forme de vie. »
En conséquence, je vous demande de renoncer à cette représentation de l’animal captif, que ce soit dans vos produits « cirques », « zoos » ou « delphinariums ».
Dans l’attente de votre réponse, je vous prie de croire, Monsieur le Directeur, en mes plus sincères considérations.