« Les animaux, en particulier les animaux sauvages, sont la source de plus de 70 % de toutes les maladies infectieuses émergentes chez les humains, et nombre d’entre elles sont causées par de nouveaux virus, scientifiquement inconnus », soulignent dans un communiqué commun l’OMS, l’Organisation Mondiale de la Santé Animale et le Programme environnemental de l’ONU.
Suspension temporaire des marchés traditionnels :
Dans son communiqué du 12 avril 2021, l’OMS, l’OIE et le PNUE demandent à toutes les autorités nationales compétentes de suspendre le commerce des animaux sauvages vivants à des fins alimentaires ou dans les élevages ainsi que de fermer les sections des marchés alimentaires vendant des mammifères sauvages.
Ces recommandations doivent être appliquées comme des mesures d’urgence, le temps qu’une évaluation adéquate des risques et des réglementations efficaces soient mises en place.
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Animaux sauvages & transmission des zoonoses
Les marchés où se vendent des animaux sauvages vivants (wet markets) augmenteraient, selon les experts, le risque de transmission des maladies zoonotiques. En effet, les animaux sauvages y sont détenus dans des cages ou dans des enclos avant d’être abattus et dépecés. Ces lieux seraient donc contaminés par des fluides corporels, des matières fécales et autres déchets suite à ces activités. De tels environnements rendent possible l’amplification des agents pathogènes et la transmission à de nouveaux hôtes, y compris les humains.
Il est probable que le virus à l’origine du COVID-19 provienne d’une interaction avec des animaux sauvages, car il appartient à un groupe de coronavirus que l’on trouve normalement chez les chauves-souris. Une hypothèse avancée serait que le virus a été initialement transmis aux humains par un hôte animal intermédiaire qui est, encore inconnu à ce jour. Une autre possibilité est que le virus ait été transmis directement d’une espèce hôte d’animal à l’homme. Certains des premiers cas connus de COVID-19 chez des personnes avaient un lien avec un marché traditionnels dans la ville de Wuhan, en République populaire de Chine. En effet, bon nombre des premiers patients atteints du COVID-19 étaient des propriétaires de stands, des employés du marché ou des visiteurs réguliers. Des échantillons environnementaux prélevés sur le marché de Wuhan en décembre 2019 ont été testés positifs pour le SRAS-CoV-2, ce qui suggère en outre que ce lieu pourrait être la source de l’épidémie et / ou qu’il a joué un rôle dans son amplification initiale. Il est à noter que ce cas de figure était quelque peu similaire au cours de l’épidémie de SRAS en 2003.
Il est donc important de limiter autant que possible les contacts étroits entre les animaux sauvages vivants et les humains sur ces marchés.
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Des campagnes de sensibilisation publique :
En plus des stratégies d’endiguement des risques zoonotiques mises en place par les gouvernements nationaux, l’OMS encourage de sensibiliser les clients et les commerçants sur ces risques pour établir des pratiques plus sûres et obtenir l’adhésion des principales parties prenantes dans ces évolutions. Il y a toujours le risque que l’interdiction ne dissuade pas tous les commerçants sur le marché et que le commerce puisse se poursuivre illégalement. Cela a largement été discuté dans des magazines en ligne tels que The Conversation en 2020. Les sanctions pour infraction aux nouvelles réglementations devraient donc être suffisamment punitives pour encourager la légalité et la mise en conformité, et de nouvelles ressources pour la mise en application de ces mesures doivent être envisagées.
Ces stratégies devraient également encourager à supprimer progressivement la commercialisation des animaux vivants et l’abattage à proximité du public ou de séparer physiquement ces activités pour réduire les risques de transmission de maladies zoonotiques.
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Un contrôle vétérinaire renforcé :
Toujours selon le communiqué de presse de l’OMS, l’abattage et le dépeçage des animaux devraient être effectués dans des installations appropriées sous le contrôle de services vétérinaires qualifiés pour les inspections ante mortem et post mortem. Les principaux domaines à inclure dans les plans d’amélioration des normes d’hygiène et d’assainissement sont les installations sanitaires (toilettes, lavage des mains), la lutte antiparasitaire, la gestion et l’élimination des déchets (déchets solides et liquides), les égouts et l’évacuation des eaux usées.
En attendant de réelles évolutions sociétales et pour empêcher la propagation de nouvelles infections sur les marchés traditionnels, l’OMS donne aux consommateurs des recommandations qui comprennent le lavage régulier des mains avec du savon et de l’eau potable après avoir touché des animaux et des produits d’origine animale, même si dans l’idéal, les clients doivent éviter de toucher les animaux. Des mesures de distanciations physiques et des files à sens unique doivent également être mise en place.
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Un suivi du commerce en suivant l’approche One Health
L’OMS, l’OIE et le PNUE appellent toutes les autorités nationales compétentes à mener des évaluations de risques et de créer une base de données précise pour l’élaboration de réglementations visant à contrôler les risques de transmission d’agents pathogènes zoonotiques par des animaux sauvages utilisés en élevage et des animaux sauvages capturés et destinés à la reproduction dans ces fermes ou à la consommation humaine. Ces réglementations doivent prendre en compte toutes les parties prenantes : vétérinaires, santé humaine, etc. selon l’approche One Health.
L’initiative One Health (« une seule santé ») est un mouvement créé au début des années 2000 qui promeut une approche intégrée, systémique et unifiée de la santé publique, animale et environnementale aux échelles locales, nationales et planétaire.
Les exploitations qui détiennent des animaux sauvages pour de la production alimentaire doivent donc être enregistrées, approuvées et inspectées selon les normes de santé et de « bien-être » des animaux par les autorités compétentes concernées.
Alexandra Morette
Source : www.inrae.fr
Source :
« Réduire les risques pour la santé publique associés à la vente d’animaux sauvages vivants d’espèces de mammifères sur les marchés alimentaires traditionnels » du 12 avril 2021.