La mobilisation collective des associations de protection de l’environnement, aux côtés de la société herpétologique de France a porté ses fruits : un arrêté ministériel du 8 janvier 2021 fixe la liste des amphibiens et des reptiles concernés et les modalités de la protection.
Assimilés à Satan depuis la Genèse, les serpents ont toujours eu mauvaise réputation. Il est temps de réhabiliter ces animaux dans l’imaginaire collectif.
En France, seulement 13 espèces de serpents sont présentes et malheureusement elles sont en voie de disparition en raison de la destruction et la fragmentation des habitats.
Selon la liste rouge nationale publiée en 2015, 40% des reptiles et 60% des amphibiens sont en déclin en France et 20% risquent de disparaître à court terme.
En comparaison avec ses voisins européens, la France était à la traîne : en Suisse, l’animal est protégé depuis 1991, en Belgique depuis 1973, en Allemagne depuis 1976.
Concrètement, le texte publié interdit de tuer ou maltraiter l’ensemble des serpents, dont les vipères, espèces en déclin et vulnérables. Toute personne outrepassant cette interdiction s’expose à 2 ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende.
« Ce qu’il faut protéger, ce sont les équilibres naturels qui ont mis des millions d’années à se construire. Les reptiles comme les amphibiens sont des proies et des prédateurs qui rentrent dans ces équilibres. Si on commence à enlever le serpent parce qu’on ne l’aime pas, si on enlève le moindre maillon, c’est tout l’écosystème qui est mis en péril» explique Laurent Barthe, président de la Société Herpétologique de France sur le site de la maison d’édition « La Relève et la Peste ».
Françoise Serre-Collet, herpétologiste, spécialiste des reptiles et des amphibiens au Muséum d’Histoire naturelle, à Paris et auteure de « 50 idées fausses sur les serpents » (ed. Quae) a commenté pour Code Animal : « Ce sont des espèces sauvages dont les populations disparaissent et les gens ne comprennent pas que le sauvage est primordial pour l’avenir de l’Homme. Je suis donc ravie qu’on protège ces espèces mal aimées. C’est une réussite pour le sauvage, même si je pense que c’est surtout par le changement des mentalités et la diffusion des connaissances qu’on arrivera à protéger la nature, la loi ne fait que l’encadrer. »
Prenant le contre-pied de la Genèse, elle se plaît à imaginer que sans le serpent, nous n’aurions pas eu accès à la connaissance : « Au Paradis, Adam et Eve étaient heureux mais n’avaient aucune culture. Le serpent a poussé Eve à goûter au fruit défendu. C’est donc grâce à lui que le savoir a été donné aux humains. » (in Revue Papier n° 30).
Un regret, toutefois, selon Françoise Serre-Colle, « les amphibiens, ils sont tous protégés en France, mais il y a des exceptions en fonction des départements et des moments de l’année, notamment pour la Grenouille rousse (Rana temporaria et Grenouille commune Pelophylax kl.esculentus ne sont toujours pas protégées intégralement ».
Un combat qui reste à mener !
Denise Cabelli
Liste des associations mobilisées dans cette réglementation
Sources :
Société Herpétologique de France
En savoir plus sur les reptiles de France :
vipera.fr/fiches-especes/
Guide Delachaux des amphibiens et reptiles de France et d’Europe (livre papier 2018)
Dans la peau des serpents de France –
Légendes de serpents –