Aujourd’hui plus que jamais, les animaux exotiques ont le vent en poupe. L’industrie qu’ils représentent se chiffre désormais en milliards de dollars. Parmi les animaux exotiques les plus prisés, on compte plus de 500 espèces de reptiles et 500 espèces d’oiseaux. Selon l’ONG WWF, le trafic d’animaux exotiques protégés rapporterait 19 milliards de dollars, soit plus de 17 milliards d’euros par an. Alors qu’un lynx peut coûter jusqu’à 6 000 dollars, un caracal peut en coûter 8 000. Il s’agit donc de la 4e activité criminelle la plus lucrative au monde.
Une enquête menée au Japon par WWF en février 2021 sur le rapport entre la population et les animaux exotiques nous permet de mieux comprendre ce phénomène.
Photo by Chandler Cruttenden on Unsplash
Le phénomène des réseaux sociaux
TRAFFIC, le réseau de surveillance du commerce de faune et de flore sauvages, voit dans les réseaux sociaux le « nouvel épicentre » de ce commerce.
La demande croissante d’animaux de compagnie sauvages s’explique notamment par des vidéos publiées sur internet où les propriétaires dorlotent des animaux sauvages comme s’ils étaient domestiqués. Ainsi, sur Instagram, chiens et chats ont laissé la place aux reptiles, oiseaux, loutres etc. Véritable effet de mode, les influenceurs rivalisent pour se démarquer et posséder un animal que personne n’a. C’est pourquoi, chez les Japonais, ce sont les adolescents qui se montrent plus susceptibles d’être intéressés par les animaux exotiques et/ou d’en posséder un.
Au Japon, un animal se distingue des autres et fait sensation sur Instagram : la loutre. Cet animal charismatique a envahi les cafés, la télévision et les réseaux sociaux. On constate une augmentation de la demande de loutre cendrée depuis ces vingt dernières années, certaines se vendant jusqu’à 10 000 dollars !
Sur son compte Instagram, le propriétaire de la loutre Sakura s’amuse a la mettre en scène dans divers costumes.
Outre le fait de promouvoir la possession d’animaux exotiques chez soi, les réseaux sociaux favorisent et facilitent les échanges et le trafic illégal. En 2018, un rapport publié par TRAFFIC révèle qu’entre janvier et la mi-mai 2018, au moins 700 loutres furent mises en vente sur Facebook en Asie du Sud-Est.
Photo by Joshua J. Cotten on Unsplash
Populaires à leur détriment
Ce que les Japonais ignorent, en se rendant dans un café à loutres, ou en likant la photo Instagram d’un animal exotique en captivité, c’est l’envers du décor. Ils ignorent que pour répondre à cette demande croissante, les animaux sont capturés à l’état sauvage et sont en souffrance permanente. En effet, lors de son sondage, WWF Japon indique que 68% des participants ignoraient tout des problèmes liés à la possession et au commerce d’animaux exotiques. Parmi ces dangers figurent : la transmission de maladies infectieuses (zoonoses), les menaces sur le bien-être animal, la multiplication des espèces menacées, le commerce illégal et la question des espèces dites envahissantes. 60% des Japonais interrogés sont plus concernés par les maladies infectieuses. Ce choix très révélateur relaye l’animal au second plan au profit du bien être humain.
La crise sanitaire actuelle est un parfait exemple de ce qui nous attend sur le long terme si les espèces sauvages ne sont pas mieux protégées.
Paradoxalement, notre désir de partager notre quotidien avec ces petites bêtes pourrait causer leur perte. En plus des maladies et du mauvais traitement dont souffrent ces animaux en captivité, bon nombre d’entre eux font partie d’espèces considérées comme vulnérables ou menacées d’extinction.
Au Japon, il est possible de boire un verre en compagnie de rapaces. Dans ces bars à chouettes, plusieurs espèces de rapaces sont représentées, dont les chouettes hulottes (à gauche) et les grandes-duchesses indiennes (à droite).
Changer les mentalités
Ce qui est à déplorer en analysant les résultats de cette enquête, c’est le manque de connaissance et d’information sur le sujet. En effet, 68% des Japonais reconnaissent ignorer tout des risques liés au commerce d’animaux exotiques. Après avoir été informés, 95% expriment leur inquiétude et estiment que des contrôles plus stricts sont nécessaires.
Sensibiliser le public a néanmoins ses limites : l’envie de posséder un animal exotique demeure chez 25% des personnes interrogées après avoir été informées du danger que cela peut entrainer. TRAFFIC juge qu’une compréhension plus profonde des mentalités serait la clé pour développer des initiatives appropriées. Dans son rapport publié en juin 2020, l’ONG énumère les mesures à prendre dans chaque secteur d’activité pour lutter contre le trafic des NAC. Ainsi, il convient au gouvernement, entre autres, d’allouer des ressources humaines et financières nécessaires, aux législateurs d’examiner les réglementations mises en place par CITES, de protéger légalement les espèces menacées…
Le secteur du transport lui aussi est appelé à sensibiliser et entraîner ses professionnels, à maintenir le niveau de vigilance et le signalement aux forces de l’ordre.
Même s’il peut sembler difficile de pouvoir lutter contre ces problématiques à notre échelle d’individuels, nous pouvons aujourd’hui soutenir des organismes qui se battent pour la protection des animaux victimes du commerce illégal comme le fait Code Animal, et être vigilant sur l’origine des NAC présents en animalerie. Le plus important et réalisable à notre échelle reste de sensibiliser son entourage et faire entendre sa voix.
Pour ce faire, n’hésitez pas à nous contacter : info@code-animal.com
Maelle
Photo by Sara Rolin on Unsplash
Sources
https://www.wwf.or.jp/activities/data/20200303_wildlife02.pdf