Les cétacés, victimes de leur succès :
Le monde marin, de par son aspect mystérieux et inaccessible, passionne l’Humain. Les delphinariums et autres parcs dotés de bassins ont toujours misé leur succès sur les cétacés, quitte à les priver de leur liberté. A ces agissements davantage motivés par le business que par la pieuse intention de sensibiliser, moult associations se sont mobilisées depuis des décennies pour stopper la commercialisation d’animaux sauvages.
Il n’est plus à démontrer que les dauphins sont des animaux hautement intelligents & sensibles. Ceux-ci sont donc bien conscients du calvaire qu’ils endurent, lorsqu’ils sont « exploités pour des activités de nage (…) et enfermés à vie pour divertir dans des parcs marins », pour reprendre les mots de Marie-Morgane Jeanneau, porte-parole de Peta France. En effet, selon Robert Michaud, directeur scientifique du Groupe de Recherche & d’Education sur les Mammifères Marins (GREMM) : « les activités de nage avec les dauphins interrompent leurs activités naturelles et essentielles : au lieu de se socialiser, manger, communiquer, ils viennent interagir avec les humains (…). Le problème, c’est que c’est routinier. L’animal n’arrive pas, à la fin de la journée, du mois, de l’année, à combler ses besoins naturels pour faire l’ensemble de ses activités, incluant la reproduction. »
Image Code Animal Mai 2020
Moult controverses sont à mentionner au sujet des impacts de la captivité sur la santé des cétacés. La captivité implique des changements majeurs dans la vie de l’animal : bassins étroits, remplis d’eau chlorée et sans végétation, nourris de poissons déjà morts, liens sociaux altérés, dans la nature les femelles d’un même groupe social restent ensemble afin de suivre la « matriarche ». Les mâles, quant à eux s’éloignent du banc dans lequel ils appartiennent afin de tenter d’unifier leur groupe à un autre. En conséquence, chez ces animaux, sont observés du stress (vérifiable biologiquement par leurs dosages hormonaux et enzymatiques), des troubles du comportement dont des stéréotypies, un comportement suicidaire et de l’agressivité (entre eux et contre l’homme). Ces comportements n’existent que très rarement en milieu naturel. En moyenne, leur espérance de vie est aussi réduite de moitié, en prenant en compte les individus morts précocement en captivité. On note aussi des affections dentaires & cutanées notamment des candidoses, mais aussi l’existence d’un symptôme de déviance morphologique : le Syndrome de l’Aileron Flaccide, dû à plusieurs facteurs liés à la captivité : pas assez de profondeur des bassins, trop d’exposition aux UV, et prépondérance des mouvements de nage circulaire…
Encore aujourd’hui, les jeunes dauphins sont capturés dans leur milieu naturel, arrachés à l’océan pour être revendus à des parcs, et ce, dans le monde entier ! Après capture massive, une sélection sera faite : les « moins beaux » peuvent d’ailleurs être tués pour des raisons pratiques. D’ailleurs, en 2017, au Japon, une Australienne avait filmé dans le port de Taiji, la détresse d’une femelle qui tentait de protéger son petit, attrapé par des pêcheurs qui avaient pour projet de capturer une 100ène d’individus, pour les revendre à des parcs. Malgré toutes les tentatives de l’Australienne, la capture n’a pas pu être empêchée…
Image Code Animal Mai 2020
Mais le combat avance ! Il y a 1 an, la Nouvelle-Zélande décidait d’interdire la nage avec les dauphins pour réduire l’effet de l’Homme sur sa survie. Deux ans auparavant, le Conseil d’État Français avait validé l’interdiction de reproduction des cétacés dans les parcs aquatiques. Et récemment, suite à la Covid-19, les trafics d’animaux sauvages ont été abolis en Chine, et plus globalement, leur commerce est en voie de réduction à l’échelle planétaire. Il y a 1 mois, à l’initiative de l’association « C’est Assez ! », plusieurs associations de défense des animaux, dont Code Animal, ont co-signé une lettre adressée au ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, pour l’instauration d’un moratoire sur la reproduction des cétacés captifs. Et ce, en attendant de mettre un point final à la capture et à l’usage d’animaux sauvages.
Toutefois, même s’il est important de trouver des solutions pour le bien-être animal, il l’est aussi de trouver une alternative pour les parcs, puisqu’ils peuvent en effet avoir un rôle éducatif et font vivre des milliers de familles.
Alors, quelles alternatives ?
Il y a une vingtaine d’années, le premier dauphin robotique voyait le jour mais par manque de réalisme, il n’a pas réussi à s’imposer dans les parcs.
Mais aujourd’hui, Edge Innovations fondée en 1991 par Walt Conti s’est associée avec Roger Holzberg, vice-président de « Walt Disney Imagineering ». En partenariat avec l’entreprise Geo AR Games, spécialiste de la réalité augmentée, ils ont imaginé un « animatronique » qui pourrait remplacer les dauphins vivants et par-là même, réinventer l’industrie du divertissement marin.
Il faut dire qu’Edges Innovation, entreprise américaine située à San Fancisco en Californie, a pignon sur rue ! Spécialisée dans la conception, le développement et la production de technologies marines complexes, tels que des sous-marins, elle a travaillé avec de nombreux visionnaires de premier plan. James Cameron, Steve Wynn et Frank Gehry. C’est leur savoir-faire qui a permis de rendre réels certains animatronics utilisés dans les films tels que Sauvez Willy (1993), et autres films. La société travaille également en collaboration avec plusieurs parcs comme Universal Studios, à Hollywood, avec l’attraction Jurassic World, ou encore le Disney Animal Kingdom.
Comment ça marche, un animatronique ?
D’un poids de 269 kg, le robot dispose d’une autonomie de 10 heures qui peut varier en fonction de son utilisation. Il devrait « survivre » 10 ans dans de l’eau salée.
En fait, le robot est divisé en une multitude d’actionneurs électriques, qui reproduisent les mouvements des muscles pour faire onduler le corps de l’animal. Une répartition précise de son poids l’aide à effectuer les mouvements de nage semblables à celui d’un vrai. Le robot est recouvert d’une peau en silicone plus vraie que nature. Et le tour est presque joué ! Il peut nager, faire des ronds dans l’eau, venir à la surface, simuler une respiration. Il est aussi capable d’interagir avec les humains comme passer entre les jambes de quelqu’un. A l’instar d’une voiture télécommandée ou d’un drone, un pilote peut le faire fonctionner à distance pour mouvoir la tête, la mâchoire, voire diffuser des sons.
Edge Innovations souhaite démultiplier sa technologie pour développer des bélugas, orques et autres grands requins blancs animatroniques.
Edge Innovations souhaite démultiplier sa technologie pour développer des bélugas, orques et autres grands requins blancs animatroniques.
Cette avancée permet d’entrevoir de réels espoirs de changements pour le bien-être des cétacés, largement soutenu par l’opinion publique puisque, selon le baromètre Fondation 30 Millions d’Amis (Ifop-2020) : 69 % des Français souhaitent l’interdiction des delphinariums.
Plusieurs parcs aquatiques chinois ont commandé ces dauphins artificiels et Edge Innovations estime que 150 devraient être livrés d’ici trois ans, au prix unitaire de 40 à 60 millions de dollars. Mais ce coût serait vite amorti puisque le modèle peut durer 10 ans et ne coute pas autant en révision que les soins d’un cétacé réel.
« Beaucoup d’initiatives privées se développent pour se substituer à la captivité et c’est une excellente nouvelle ! », conclut Alexandra Morette, Présidente de Code Animal.
Elise Perrault
En savoir plus sur notre campagne delphinariumSources :
Source 1 : https://www.socialmag.news/25/06/2020/le-dauphin-robot-signera-t-il-la-fin-de-la-captivite-des-dauphins-des-parcs-aquatiques/
Source 2 : https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/animaux-marins/un-robot-dauphin-plus-vrai-que-nature-pourrait-revolutionner-les-parcs-marins_145459
Source 3 : https://www.science-et-vie.com/nature-et-enviro/un-dauphin-robot-tres-realiste-a-ete-concu-pour-limiter-l-exploitation-animale-57301
Source 4 : https://www.30millionsdamis.fr/actualites/article/19497-des-dauphins-robots-pour-mettre-fin-a-la-captivite-des-animaux-marins/