Le mulet, le zébrâne, le bardot… Vous avez sûrement déjà entendu parler de ces espèces hybrides issues de divers croisements. En effet, l’Homme a toujours aimé être à l’initiative de différents croisements et bien que nous pourrions nous imaginer que ces hybridations soient assez récentes, de nouvelles fouilles archéologiques ont révélé tout le contraire.
En effet, d’après des fouilles effectuées par des archéologues en Syrie (sur le site d’Umm el-Marra), la première hybridation initiée par l’Homme daterait d’il y a plus de 4500 ans et aurait eu lieu entre un âne domestique et un âne sauvage donnant naissance à une nouvelle espèce nommée le kunga. Cette découverte explique notamment la représentation des chevaux domestiques dans l’art mésopotamien, un phénomène qui était jusque là non expliqué et qui trouve une explication avec la découverte de ce croisement d’équidé.
La plupart des hybridations connues du grand public concernent des croisements entre deux animaux domestiques ou deux animaux sauvages. Ce que l’on ignore souvent, c’est qu’il existe également des croisements entre espèces sauvages et domestiques. C’est notamment le cas du chausie (hybridation entre un chat domestique et un chaus), la crocotte (mélange entre une chienne et un loup) ou encore du coydog (une coyote et un chien).
Les origines du savannah
L’exotisme et la beauté qui caractérisent les chats sauvages sont des critères très séduisants pour certains et l’idée d’avoir dans son salon un chat aux allures sauvages est à l’origine du phénomène des chats « designer ».
En captivité, ces chats hybrides proviennent du croisement délibéré entre différentes espèces de la famille des Félidés. Le but étant de produire des hybrides possédant les caractéristiques (physiques, comportementales, etc.) recherchées au sein du commerce d’animaux domestiques.
Une hybridation est considérée réussie lorsque les descendants sont viables.
Les savannahs ont été créés en 1986 par Judee Frank, une éleveuse américaine, à partir d’un croisement entre un chat du Bengal et un serval Leptailurus serval. Le savannah a ensuite été reconnu comme une nouvelle race de chats par La TICA (The International Cat association) en 2001.
Le serval est un félin solitaire de taille moyenne, originaire d’Afrique, facilement reconnaissable grâce à ses grandes oreilles. En plus de lui donner cet aspect si caractéristique, elles lui servent à localiser ses proies avec précision. Son long cou lui permet de voir au-dessus des herbes hautes, et ses jambes élancées font de lui un prédateur agile et rapide. Il se nourrit de petites proies tels des rongeurs, lézards, oiseaux de petite taille, insectes, grenouilles et serpents. Son pelage doré, parsemé de taches et de rayures noires, rappelle celui de son cousin le guépard.
Le serval peuple les prairies, forets et savane de la région sub-saharienne jusqu’en Afrique du Sud.
Avec leur fourrure tachetée, leur petite tête triangulaire munie de longues oreilles et leurs membres élancés, les savannahs ressemblent à leur ancêtre serval. Ils sont ainsi considérés comme les plus beaux des chats « designer ».
Etant issus d’une variété de chats domestiques, ils possèdent plusieurs phénotypes, c’est-à-dire différentes caractéristiques physiques. Ils sont cependant plus grands que les chats domestiques et peuvent ainsi sauter plus haut (jusqu’à 2,5m).
Les savannahs sont classifiés selon leur génération, c’est-à-dire leur distance génétique avec leur ancêtre serval.
L’hybridation produit des mâles stériles pour les 4 premières générations (F1,2,3,4), ils ne peuvent donc pas être utilisés pour la reproduction.
Les individus des plus vieilles générations (F1 à F4) sont plus imposants en taille que les jeunes générations (F5 à F8). Leur côté sauvage étant plus prononcé, ils sont très actifs et nécessitent ainsi plus d’attention et de temps. Leur environnement doit être stimulant pour éviter un mal-être de l’animal, des comportements non désirables, voire même une fugue.
En effet, les savannahs semblent maitriser l’art d’échapper à leur propriétaire. Ce sont des animaux doués d’une grande intelligence, capables de comprendre et de maitriser leur environnement. Il n’est donc pas rare de les voir ouvrir des portes par exemple.
Etant issus d’une variété de chats domestiques, ils possèdent plusieurs phénotypes, c’est-à-dire différentes caractéristiques physiques. Ils sont cependant plus grands que les chats domestiques et peuvent ainsi sauter plus haut (jusqu’à 2,5m).
Les savannahs sont classifiés selon leur génération, c’est-à-dire leur distance génétique avec leur ancêtre serval.
L’hybridation produit des males stériles pour les 4 premières générations (F1,2,3,4), ils ne peuvent donc pas être utilisés pour la reproduction.
Les individus des plus vieilles générations (F1 à F4) sont plus imposants en taille que les jeunes générations (F5 à F8). Leur côté sauvage étant plus prononcé, ils sont très actifs et nécessitent ainsi plus d’attention et de temps. Leur environnement doit être stimulant pour éviter un mal-être de l’animal, des comportements non désirables, voire même une fugue.
En effet, les savannahs semblent maitriser l’art d’échapper à leur propriétaire. Ce sont des animaux doués d’une grande intelligence, capables de comprendre et de maitriser leur environnement. Il n’est donc pas rare de les voir ouvrir des portes par exemple.
La règlementation en France
Le serval, pesant plus de 6kg, est inscrit comme étant une espèce non domestique dangereuse, selon l’annexe 2 de l’arrêté ministériel du 10/08/2004. Sa détention est autorisée uniquement pour l’élevage ou la présentation d’animaux non domestiques au public, selon l’arrêté du 30 juillet 2010. Elle nécessite l’obtention d’un certificat de capacité et l’autorisation d’ouverture (élevage, vente, transit, présentation au public).
Le serval appartient à l’annexe II de la CITES (Convention sur le Commerce International des Espèces de Faune et de Flore Sauvages Menacées d’Extinction) : l’espèce n’est pas menacée d’extinction (préoccupation mineure sur la liste rouge de l’UICN) mais son commerce est règlementé pour ne pas mettre en danger sa survie dans la nature.
Les savannahs F1, F2, F3 et F4 ne sont pas considérés comme animaux domestiques car trop proches génétiquement de leurs ancêtres servals.
Les générations F3 et F4 ne requièrent pas pour autant d’autorisation de détention car, pesant moins de 6kg, ils ne sont pas considérés comme dangereux. Un particulier est simplement limité sur le nombre de d’individus qu’il peut posséder en détention libre : jusqu’à 6 maximum.
Les individus F5 et F6 sont eux suffisamment éloignés de la génération du serval et sont ainsi considérés comme animaux domestiques.
Les problèmes liés au commerce de savannahs
L’élevage de savannahs s’accompagne bien-sûr de la captivité de servals. Même si la plupart des éleveurs respectent leurs animaux et se soucient de leur bien-être, les servals sont des animaux sauvages et leur place n’est pas dans un enclos. Se pose également le problème de leur origine, sont-ils nés en captivité ou dans la nature ? Cette dernière méthode d’approvisionnement nourri le commerce illégal de la faune sauvage et par la même, la perte accrue de la biodiversité que l’on observe de nos jours.
Les chats domestiques possèdent 38 chromosomes alors que la plupart des espèces de félidés n’en ont que 36. Leur croisement génère ainsi des problèmes de fertilité chez les hybrides – les mâles des 4 premières générations étant stériles, et de gestation ou de mise bas chez la mère. Les problèmes de santé chez les hybrides sont encore peu étudiés.
Certains hybrides (surtout les générations F1 à F4) peuvent manifester les comportements de leur parent sauvage tel qu’un certain niveau d’agressivité (avec leurs propriétaires et les autres animaux de compagnie), l’utilisation prononcée de vocalisations ou de spray d’urine pour marquer leur territoire.
Les propriétaires trouvant ces comportements non supportables peuvent être amenés à abandonner leur savannah dans la nature ou dans des refuges. L’abandon est une immense source de stress pour l’animal, tout comme l’arrivée dans un nouvel environnement, et les refuges étant déjà saturés par les autres animaux domestiques non voulus, l’euthanasie est souvent la solution.
L’abandon du savannah dans la nature pose le problème du possible établissement de populations sauvages, qui pourraient impacter négativement les espèces indigènes – en plus de l’impact déjà élevé du chat domestique. En effet, malgré le manque de preuve à ce jour, les chercheurs pensent que les savannahs chasseraient les types de proies du chat domestique et du serval combinés, ce qui aurait un effet très délétère sur la biodiversité locale.
Pour pallier cette éventualité indésirable, le gouvernement Australien a par exemple interdit l’importation de savannah sur son territoire de manière préventive.
Le principal point d’inquiétude aujourd’hui réside dans l’augmentation du trafic illégal d’animaux sauvages.
En effet, la popularité croissante du savannah pourrait entrainer un véritable danger pour les servals dont le trafic illégal pourrait considérablement augmenter.
Comme le déplore le vétérinaire Jean-Christophe Gérard, les servals sont aujourd’hui victimes d’un terrible phénomène de mode via leur exposition grandissante sur les réseaux sociaux. De plus en plus de célébrités et d’influenceurs s’affichent ouvertement avec des animaux sauvages qu’ils utilisent comme des accessoires de mode. C’est notamment le cas des servals mais également des savannah qui sont de plus en plus affichés sur les réseaux et dont les demandes d’achat n’ont fait qu’augmenter ces dernières années.
Depuis un an et demi, l’association Tonga terre d’accueil a recueilli une dizaine de servals. Un des derniers sauvetages en date remonte à décembre 2021. Un mâle de 3 ans et une femelle d’un an avaient été saisis auprès de particuliers qui les détenaient illégalement et dans des conditions déplorables.
Que ce soit en France ou au Royaume-Uni, les savannah peuvent être achetés et détenus de manière totalement légale. Or, le phénomène de mode dont est victime l’animal a un impact direct extrêmement négatif sur les servals qui deviennent dans l’esprit des trafiquants le grâle pour obtenir les précieux savannah et l’argent découlant de leur vente.
Aux vues de tous ces évènements, la question de la régulation de l’hybridation entre espèces sauvages et domestiques est plus que légitime.
Si en France, cette question n’est pas encore au cœur des débats, ce n’est pas le cas au Royaume-Uni. Bien qu’à l’heure actuelle aucune loi dédiée à cette problématique n’existe au Royaume Uni, des associations telle que The Wildheart Trust comptent bien faire changer cela. En effet, cette association de lutte en faveur du bien-être animal a lancé sur twitter la campagne « #servival » afin d’interdire les espèces de chats issues de l’hybridation entre un animal domestique et une espèce sauvage au Royaume-Uni.
Pour finir, bien que le bien-être animal reste la priorité du gouvernement britannique dans son projet de régulation des hybridations, la question de la dangerosité potentielle de ces espèces est aussi à mettre en lumière. Comme nous le savons tous, un animal sauvage n’est pas fait pour évoluer en captivité et peut avoir des réactions imprévisibles et parfois violentes.
Le savannah, bien qu’il soit issu d’un croisement avec un animal domestique, possède en lui des gènes sauvages lui ayant attribué comme nous l’avons vu précédemment, des caractéristiques physiques bien particulières de par sa taille imposante et ses muscles très développés.
A l’heure actuelle, aucun accident n’a été déploré et le savannah se comporte tout à fait normalement avec les humains. En revanche selon la spécialiste en comportement animal Jacinthe Bouchard, c’est un animal qui reste sauvage et n’est pas fait pour être élevé comme un animal domestique, pour son bien-être et sa santé mentale.
Reste à savoir si tous ces arguments mis bout à bout parviendront à faire changer les choses et interdire ce types d‘hybridation dans le futur.
Un véritable business
Il y aurait 16 élevages de savannahs recensés en France. Les éleveurs se revendiquent pour la plupart comme passionnés par les animaux.
Pourquoi dans ce cas, ne pas venir en aide aux animaux qui en ont vraiment besoin ? Comme la faune sauvage, constamment menacée par les activités humaines, les animaux domestiques victimes de la cruauté humaine, ou les animaux de l’élevage bien souvent délaissés et si malmenés par l’homme. Les options sont nombreuses pour ne pas avoir recours à la création de nouveaux individus et à l’enfermement en captivité d’animaux sauvages.
Le prix d’un savannah dépend de sa génération. Ainsi, selon un site internet d’un éleveur, le prix pour un F1 varie entre 1 000 et 1 500€, un F3 se vend entre 3 500 et 5 000€ !
Comment alors justifier ce besoin de créer de manière délibérée de nouveaux individus, en se basant simplement sur des critères esthétiques et comportementaux ? D’autant que le prix de vente des savannahs est rexorbitant et qu’il y a tant de chats errants, de chats dans les refuges et donc de chats qui sont euthanasiés chaque année.
Le problème des réseaux sociaux :
Quand des célébrités font la promotion d’un business cruel (souvent par ignorance), elles encouragent leurs fans à faire de même et elles transmettent un message qui va finalement à l’encontre du bien-être animal.
Lorsqu’il s’agit d’animaux, il est important de toujours réfléchir à l’envers du décor et de se poser les bonnes questions, c’est-à-dire de penser aux conséquences de nos actions sur l’animal en question, sur d’autres animaux et sur l’environnement.
Johanna & Camille
Sources
htps//journals.sagepub.com/doi/full/10.1354/vp.08-VP-0291-G-CRhttps://www.mdpi.com/2076-2615/9/10/795/htm
https://www.tica.org/fr/breeds/browse-all-breeds#savannah