Le trafic d’espèces sauvages en France ; une affaire commune

Une vigilance de tous les instants

La pratique n’est pas nouvelle et sa seule existence est problématique.

Le trafic d’animaux sauvages dans sa globalité ne réduit pas ; la tendance semble même montrer le contraire car comme tout marché dévastateur, la principale raison pour laquelle il est difficile de le supprimer, est qu’il est très lucratif. Représentant près de 23 milliards d’Euros par an, il est la quatrième activité criminelle internationale organisée lucrative au monde selon INTERPOL. 

En effet, c’est plus d’une centaine de kilos de viande dite « de brousse » qui est saisie tous les matins par les agent.e.s douanier.es à l’aéroport de Paris – Roissy Charles de Gaulle. Cela représente une saisie de 36 tonnes par an de produits illicites issus du trafic illégal d’animaux sauvages dans ce seul aéroport. Les agent.e.s estiment que ce chiffre ne représente qu’environ 10% de du commerce illégal total qui circule sur le territoire français.

La mention « produits illégaux » englobe tout produit qui proviendrait du braconnage, allant d’un produit transformé tel qu’un peigne en ivoire, en passant par des morceaux entiers de viande, jusqu’à la saisie d’animaux sauvages vivants.

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Un risque double

Destinés à la consommation, les morceaux de viande sont généralement récupérés dans des états de conservation dégradés. C’est d’ailleurs souvent l’odeur émanant des bagages contrôlés qui attire l’attention de la douane.

Ce mode de fonctionnement pose alors, dans un premier temps, le risque sanitaire, puisqu’il favorise et accélère l’importation de zoonoses (maladies infectieuses transmises de l’animal à l’homme) d’autant plus lorsque les animaux retirés du trafic sont encore vivants.

Dans un second temps, une telle activité contribue largement à la perte de la biodiversité puisqu’elle en est la principale cause. Nombres des espèces braconnées puis importées sont des espèces protégées comme le varan, le pangolin, certaines espèces de tortues et de grands primates, le plus souvent importées d’Asie ou d’Afrique australe.

Ces pièces ont principalement vocation à alimenter un réseau de restaurants clandestins ou la consommation personnelle, ce qui rend difficile l’éradication d’un tel marché puisque le traçage est quasi impossible si elles ne sont pas saisies à l’aéroport.

Cela implique également le trafic de plantes et de bois tropicaux issus de la déforestation qui sont revendus sur le marché occidental.

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Des mesures de lutte contre le trafic

Une série de mesures pour lutter contre le trafic d’espèces a été imaginée suite à la visite de Madame Bérangère Couillard, Secrétaire d’Etat chargée de l’Écologie, dans les infrastructures douanières et la station d’accueil à l’Aéroport Paris-Charles de Gaulle.

C’est par cette station d’accueil que transitent les animaux vivants qui ont été saisis, dans l’intervalle d’une prise en charge permanente par des structures externes.

Cette visite fut organisée par le Groupe des Aéroports de Paris (ADP) ainsi que l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) dans le but de mettre en place et de coordonner les initiatives de sensibilisation et de poursuites juridiques.

Se basant sur les 25 recommandations[1] déjà adressées par le comité français de l’UICN au gouvernement à la fin de l’année 2022 pour lutter contre le commerce illégal d’espèces sauvages en France, y figurent celles sur lesquelles les ADP (et autres) et leurs agent.e.s seront en mesure d’agir, à savoir :

  • Mener des campagnes de sensibilisation auprès des 42 millions de voyeageur.se.s annuels de l’Aéroport Paris-Charles de Gaulle quant aux risques sanitaires et environnementaux d’un tel trafic, mais aussi des risques pénaux encourus dans le cadre d’une telle activité
  • Un partage d’expérience de ces campagnes en direction des professionnels des aéroports situés dans les principaux pays de départ du trafic des espèces sauvages
  • Limiter à un seul bagage de 23kg par passager.e – contre deux actuellement sur certaines destinations
  • Mettre en œuvre un accompagnement et une formation des professionnels des aéroports français pour les soutenir dans l’installation de stations d’accueil des animaux saisis en région
  • Inscrire dans le droit international aérien la responsabilité légale du transporteur pour sa cargaison une fois que la Lettre de Transport Aérien (LTA) de l’expéditeur a été acceptée, le billet d’avion du-de la passager.e édité, ou l’embarquement des marchandises effectué

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Selon Sébastien Mabile, avocat et Vice-Président du Comité français de l’UICN, « il est essentiel de renforcer les cadres réglementaires et appliquer des sanctions effectives proportionnées et dissuasives à l’encontre des auteurs de ces crimes environnementaux ». C’est à ce titre que l’UICN compte beaucoup sur le rehaussement des sanctions des délits en rapport avec le trafic d’espèces sauvages et à leur rattachement  à celles prévues en matière de trafic de stupéfiant.

Il est en effet montré que le commerce illégal d’espèces sauvages est souvent associé à d’autres activités illicites comme le blanchiment d’argent ou la corruption, alimentant parfois des groupes armés et des réseaux terroristes.

Il a été décidé de la création de groupes de travail afin de trouver des solutions et de faire appliquer les recommandations présentées plus haut. Ces groupes seront composés de représentant.e.s du Ministère de l’Ecologie et du Ministère de l’Economie, des membres d’Organisations Non Gouvernementales (ONG), de parlementaires ainsi que d’opérateurs de contrôle, afin d’assurer les axes de sensibilisation, dissuasion, contrôle et sanction.

Au-delà du caractère international des enjeux de ce trafic, qui reste la destruction du vivant et la mise en danger d’autrui, chaque pays se doit de saisir son devoir moral et ainsi agir sur son territoire pour enfin enrayer puis inverser la perte de la biodiversité.

Victoria Dockter

[1] Consultables à cette adresse : https://uicn.fr/trafic-despeces-sauvages-25-recommandations/

Sources

https://uicn.fr/trafic-despeces-sauvages-25-recommandations/

https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/val-d-oise/trafic-d-animaux-des-centaines-de-kilos-de-viande-de-brousse-saisis-a-l-aeroport-roissy-charles-de-gaulle-2715418.html

https://uicn.fr/le-comite-francais-de-luicn-appelle-au-renforcement-de-la-lutte-contre-le-trafic-des-especes-sauvages-en-france-2/