Comme tout animal de compagnie, les reptiles sont souvent achetés par des individus qui ne vont pas se poser toutes les questions nécessaires à leur bien-être. Dans notre cas, la plupart des ménages pense qu’il suffit d’un aquarium et d’une petite lampe à UV pour adopter un reptile chez soi. Malheureusement, ces animaux ont des besoins vitaux beaucoup plus compliqués qu’il n’y paraît.
La particularité de l’adoption des reptiles
En Suisse, plus de 3% des ménages possèdent au moins un reptile, comme les tortues d’Hermann, les serpents des blés et les geckos léopards. Les reptiles peuvent être adoptés assez facilement, presque au même titre qu’un lapin ou qu’un poisson en animalerie. Certaines espèces de reptiles requièrent simplement une autorisation afin d’être inscrit sur une liste. Le problème est que ces animaux sont beaucoup plus fragiles, et cela nécessite de porter une attention plus particulière à leur habitat et de respecter certaines exigences. De nombreux propriétaires de reptiles ignorent les dispositions légales régissant la captivité de ces animaux, et dans 1 cas sur 2, celles-ci ne sont pas respectées. Ici, il s’agit de l’article 4 de la loi sur la protection des animaux, évoquant les bases de leur détention. Cette loi est complétée par l’ordonnance sur la protection des animaux, toutes les deux entrées en vigueur au 1er septembre 2008.
En adoptant un reptile, nous devons recréer un habitat artificiel dans le terrarium, qui reproduit au mieux les conditions climatiques et la lumière du milieu naturel dans lequel vit l’espèce détenue, de même que la structure de son territoire et son terrain. Les reptiles sont des animaux à température variable, c’est à dire qu’ils ont une température corporelle qui varie en fonction du milieu dans lequel ils se trouvent. Pour vivre correctement, ils doivent disposer d’un habitat où la température et l’humidité sont réglées en fonction de leurs besoins, sinon leur métabolisme ne fonctionnera pas de manière optimale. La taille de l’aquarium ou de l’enclos doit également être prise en compte, et il ne faut pas négliger le besoin d’activité de ces animaux ainsi que leur alimentation spécifique.
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La plupart des personnes qui adoptent des reptiles pensent qu’il s’agit d’animaux qui ne bougent que très peu, comme les tortues ou les serpents. Il s’agit pourtant d’une idée reçue, car ces animaux ont besoin d’espace pour se déplacer. Les adoptants oublient souvent que ces animaux sont voués à grandir, pouvant atteindre des tailles considérables à l’âge adulte et les poussant à se débarrasser de l’animal. Comme le fait que les reptiles ne sont pas des « animaux de compagnie classiques », pouvant impliquer une attitude agressive et ainsi être délaissé par la suite. Il faut également noter que toutes les espèces de reptiles n’ont pas les mêmes besoins en terme de chauffage, d’éclairage ou d’alimentation, donc il n’est pas toujours possible de faire cohabiter les différents animaux (nourriture non adaptée à l’autre espèce en cohabitation, risque de brûlure au contact des lampes à UV..)
La Protection Suisse des Animaux (PSA)
C’est une association nationale suisse, fondée en 1861, et qui regroupe aujourd’hui 71 organisations suisses de protection des animaux et la société de protection des animaux du Liechtenstein. La PSA est présente sur le territoire national dans tous les domaines de la protection des animaux, et possède des refuges et des centres de soins et récupération d’animaux.
La Protection Suisse des Animaux a mené une enquête particulièrement importante il y a quelques années, en 2015 et 2016, faisant ressortir des résultats assez clairs : l’adoption des reptiles n’est pas assez réfléchie sur du long terme, et surtout, la plupart des acheteurs ignorent leurs besoins. Cette enquête était assez large, portant sur le nombre de reptiles détenus par des particuliers, sur les différentes variétés détenues, sur leurs conditions d’adoption ou encore sur les problèmes de détention. L’enquête révélait aussi les raisons de l’abandon de ces animaux en précisant que les personnes ont moins d’empathie à abandonner un reptile plutôt qu’un chien ou un lapin. De plus, de nombreux ménages se rendent compte, pas assez tôt malheureusement, que ces animaux nécessitent du temps, de la place et des moyens financiers.
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Selon une autre enquête menée en ligne en 2020, il y aurait en Suisse plus de 60 000 cas de détentions de reptiles génératrices de souffrance pour les animaux. Dans près de 50% des cas, une infraction à la législation suisse sur la protection des animaux serait identifiée.
Le problème concernant l’adoption des reptiles est qu’ils peuvent être achetés dans de nombreux endroits : animaleries, bourses aux reptiles, élevage, et maintenant même sur internet, voir tout simplement sur des groupes Facebook.
Le problème de la vente des reptiles en ligne
La plate-forme internet est bien évidemment la plus dangereuse car de nombreux animaux sont mis en vente en ligne sans qu’aucune information ne soit communiquée pour une adoption responsable : il y a un manque crucial de connaissances, que ce soit de la part de l’acheteur mais parfois aussi du vendeur. L’annonce comporte généralement les informations les plus basiques en quelques mots, sans aborder les sujets de l’enclos, de la provenance de l’animal ou encore de ses besoins vitaux. L’enquête menée par la PSA a souligné que les données importantes telles que l’âge, le sexe ou l’obligation d’avoir une autorisation étaient souvent absentes de ces annonces, publiées dans l’unique but de vendre un animal sans se préoccuper de son futur.
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La solution d’un outil en ligne
Pour pallier le problème de l’information, la Protection Suisse des Animaux a mis en ligne sur son site, avec le soutien de l’Office fédéral de la Sécurité Alimentaire et des affaires Vétérinaires, un outil permettant de calculer la taille correcte d’un enclos pour que les reptiles puissent s’y développer dans de bonnes conditions, ainsi que les exigences minimales légales.
Comme l’a précisé l’enquête menée par la PSA, le but n’est pas d’interdire la détention de reptile mais plutôt de l’encadrer, et surtout, d’augmenter l’information auprès des acheteurs. La plupart des personnes ne respectent pas les exigences minimales de détention des reptiles simplement par manque de connaissances, et surtout de recherches. En effet, les détenteurs d’animaux devraient tous se renseigner sur les conditions de détention d’un animal avant d’en acquérir un. Il faut donc travailler en ce sens, afin qu’il y ait de solides bases avant l’adoption d’un reptile. Il faut également travailler sur les compétences et les formations des vendeurs en animalerie. En effet, au-delà des renseignements souvent insuffisants ou parfois même incorrects, les conditions de détention des reptiles ne sont pas, dans la grande majorité des cas, respectées. La conséquence directe de cela sur l’adoptant est que ce dernier va penser qu’il peut reproduire la même chose chez lui, à savoir un enclos trop petit à l’aménagement succinct.
La PSA a également mis en ligne une feuille d’information concernant les reptiles adoptés en tant qu’animaux de compagnie. On trouve tout une partie pré-adoption afin d’informer le futur acheteur sur les spécificités de ces animaux (métabolisme, alimentation, besoins matériels…), une partie sur la législation applicable pour la protection des animaux, et une partie sur tous les gestes à avoir face à ces animaux une fois à la maison.
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La situation en France
En France, la population des reptiles détenus par des particuliers ne cessent également d’augmenter au sein des foyers. Concernant notre législation, celle-ci varie en fonction de l’espèces : la détention peut être libre, soumise à déclaration ou soumise à autorisation. Pour détenir un python dont la taille à l’âge adule dépasse 3 mètres, il faut requérir une autorisation préalable et un certificat de capacité d’entretien, ce qui est le cas dans la grande majorité de détention des reptiles.
La législation repose sur le code de l’environnement ainsi que sur plusieurs arrêtés, notamment celui du 08 octobre 2018 qui fixe les règles générales de détention d’animaux d’espèces non domestiques, telles que les reptiles.
Quant aux problèmes de détention, ils sont les mêmes que ceux rencontrés en Suisse où les besoins des reptiles sont trop souvent négligés, les laissant ainsi souffrir en silence.
Conclusion
Le problème de la détention des reptiles va au-delà des celle des animaux de compagnies tels que les chiens et chats, ayant des besoins plus primaires. Ces besoins associés à la mauvaise ou à la non-information de l’adoptant entraînent automatiquement un problème dans la détention des reptiles, ces derniers ayant en plus moins de sympathie pour les personnes. Il y a une nécessité urgente de formation et d’informations auprès des vendeurs et des acheteurs.
Anthony GIRAUDON
Sources :
SWISSINFO.CH
PROTECTION-ANIMAUX.COM
AGGLOTV.COM
LEPOINTVETERINAIRE.FR
SERVICEPUBLIC.FR