Le 24 novembre 2022, le parlement européen a adopté une proposition de résolution conjointe appelant à déclasser le statut de protection des loups en vertu de la Convention de Berne. Cette résolution menace directement les grands carnivores tels que les loups, les ours et les lynx.
Même si cette position n’est pas légalement contraignante et n’a donc pas de poids réel, elle pourrait exercer une pression politique sur la Commission européenne pour qu’elle réévalue son approche de la gestion des populations de loups. L’animal bénéficie actuellement d’un statut de protection juridique strict dans la directive européenne sur les habitats, qui aide à conserver les espèces les plus vulnérables et les plus précieuses d’Europe. Cela signifie que toutes les formes de capture ou de mise à mort délibérée de loups dans la nature sont interdites.
Cette décision est en contradiction directe avec les données scientifiques montrant que malgré le rétablissement de nombreuses populations, elles continuent de faire face à des menaces importantes telles que le braconnage, la fragmentation et la dégradation de l’habitat. En effet, sur les neuf populations de loups transfrontaliers de l’UE, six ont toujours un statut vulnérable ou presque menacé et continuent d’avoir besoin d’une protection active.
Ce vote est le dernier d’une série de tentatives au cours des dernières années visant à réduire le statut de protection juridique des grands carnivores, en particulier les loups. Ces discussions détournent l’attention de la tâche à accomplir, qui consiste à se concentrer de manière constructive sur la mise en œuvre de mesures pour parvenir à la coexistence et veiller à ce que les agriculteurs soient indemnisés pour leurs pertes.
Selon le site Euractiv, il semble peu probable que cette décision obtienne le soutien de la Commission européenne, qui s’y est fermement opposée lors d’un débat mercredi 23 novembre. Soulignant que le nombre actuel d’ovins touchés dans l’UE n’est que de 0,06 %, le commissaire Janez Lenarčič a déclaré qu’il « ne croit pas que la crise de l’élevage ovin ou l’abandon des terres soit causée par les grands carnivores ». « Les mesures de protection du bétail se sont avérées efficaces », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il y avait suffisamment de fonds disponibles dans la politique agricole commune (PAC) pour aider les agriculteurs à mettre en place des mesures préventives et que la Commission surveillait activement la question à « différents niveaux ». En outre, les fonds de développement rural du FEADER peuvent soutenir la coexistence, notamment via des investissements de chiens de garde du bétail, systèmes d’alerte et augmentation des paiements agro-environnementaux à la surface pour les zones où la présence de grands prédateurs pourrait empêcher la mise en place de pratiques de pâturage bénéfiques pour l’environnement
Si la coexistence entre humains et grands carnivores peut provoquer des conflits, notamment en lien avec la déprédation du bétail, il est important de noter qu’un certain nombre de mesures préventives telles que les clôtures électriques, les chiens de garde du bétail et la présence humaine se sont avérées efficaces pour réduire les dommages. En effet, cela a été démontré par plus de 80 projets financés par le programme LIFE depuis 1992. Ces projets ont testé et mis en œuvre avec succès des moyens de gérer et d’atténuer les conflits entre les grands carnivores et les humains.
Dans le même temps, des études scientifiques montrent clairement que tuer des loups n’est pas une solution efficace pour réduire la prédation du bétail.
Alexandra
Sources
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/PDF/?uri=CELEX:52022PC0543&from=EN
https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/RC-9-2022-0503_EN.html
https://www.europarl.europa.eu/thinktank/en/document/IPOL_STU(2018)596844