Le 21 juillet, l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature, regroupant 1400 organisations membres) a révélé quelques évolutions de la population de certaines espèces de notre fabuleuse planète. Malheureusement, dans l’ensemble, nous continuons à subir la dégradation de l’état de conservation de cette si fragile biodiversité.
L’élément le plus marquant concerne le papillon monarque migrateur (sous-espèce du papillon monarque, Danaus Plexippus), fort connu pour pouvoir parcourir jusqu’à 4000 kilomètres chaque année pour pouvoir se reproduire. Avec une population qui a dramatiquement diminué entre 22% à 72% durant la dernière décennie en Amérique du Nord, le monarque migrateur a logiquement rejoint la liste rouge des espèces menacées de l’UICN. La population occidentale a connu une chute vertigineuse de 99,9% passant de 10 millions de papillons dans les années 1980 à moins de 2000 individus en 2021. La population orientale, plus grande, a baissé pour sa part de 84% entre 1996 et 2014, guère plus encourageant. A la vue de ces chiffres, l’UICN indique que « La question de savoir s’il reste suffisamment de papillons pour maintenir les populations et empêcher leur extinction demeure préoccupante. » Cependant, Anna Walker, de la New Mexico BioPark Society, qui a dirigé l’évaluation des monarques migrateurs, apporte une note d’optimisme en indiquant qu’il « existe des signes d’espoir » dans la mobilisation du public comme des organisations pour sauvegarder ce papillon comme de ses habitats.
Les causes de la disparition du monarque migrateur sont multiples avec cependant toujours un dénominateur commun: l’espèce humaine. La déforestation toujours croissante, l’exploitation forestière à outrance détruisent les zones d’hivernage des papillons… Les traitements par pesticides et herbicides toujours trop nombreux tuent « les papillons comme l’asclépiade, la plante hôte de laquelle les larves du papillon monarque se nourrissent » comme l’indique l’UICN. A cela s’ajoute le changement climatique dont nous sommes aussi le principal moteur.
Les esturgeons ne peuvent pas se vanter d’avoir une position plus enviable. Même le béluga, réputé pour ses oeufs pour le caviar comme pour sa chair, se porte mal. En raison des barrages créant des obstacles aux déplacements de ces migrateurs et du braconnage, les 26 espèces d’esturgeons, tous présents dans l’hémisphère Nord, sont menacés d’extinction, quand il n’est pas déjà trop tard. La disparition à l’état sauvage a été confirmée pour le spatulaire chinois (Psephurus gladius) et pour l’esturgeon jaune (Acipenser dabryanus).
La situation peut heureusement être parfois un peu plus favorable. Même si ils restent menacés, les tigres sauvages (Panthera Tigris) ont vu leur population se stabiliser, voire augmenter. Grâce aux améliorations des techniques dans le suivi, il s’avère que dans le monde, les tigres sont 40% plus nombreux qu’on pouvait le penser jusqu’à présent. La dernière évaluation datait de 2015. Le nouveau comptage estime entre 3726 et 5578 le nombre de tigres sur Terre.
Comment cela peut-il être possible? « Les tendances démographiques indiquent que des projets tels que le programme intégré de l’UICN de conservation de l’habitat du tigre sont efficaces, et qu’un rétablissement est possible tant que des efforts de conservation se poursuivent » indique l’UICN. Une bonne nouvelle qui ne doit pas faire oublier que le nombre d’individus recensé reste dérisoire. L’espèce reste menacée par le braconnage. En effet, des croyances continuent d’attribuer des vertus aux produits dérivés du tigre pour la médecine traditionnelle. La chasse de leurs proies les impacte aussi, les amenant parfois à se rapprocher d’élevages. De ce fait, l’agriculture et l’extension des villes, réduisant leur habitat, amènent à des tensions entre les humains et ces majestueux félins. Pour protéger cette espèce, l’UICN recommande « d’agrandir et de relier les aires protégées entre elles, de veiller à ce qu’elles soient gérées efficacement et de travailler avec les communautés locales vivant à l’intérieur et autour des habitats des tigres.«
La liste rouge établie par l’UICN et créée en 1964 classe les espèces concernées dans 9 catégories de menace: « Éteinte (EX), Éteinte à l’état sauvage (EW), En danger critique (CR), En danger (EN), Vulnérable (VU), Quasi menacée (NT), Préoccupation mineure (LC), Données insuffisantes (DD), Non évaluée (NE). La classification d’une espèce ou d’une sous-espèce dans l’une des trois catégories d’espèces menacées d’extinction (CR, EN ou VU) s’effectue par le biais d’une série de cinq critères quantitatifs qui forment le cœur du système. Ces critères sont basés sur différents facteurs biologiques associés au risque d’extinction : taille de population, taux de déclin, aire de répartition géographique, degré de peuplement et de fragmentation de la répartition. »
Dans la dernière version de cette liste rouge, 147 517 espèces ont été évalués. Et à ce jour, selon l’UICN, 41 459 espèces sont menacés d’extinction dont presque un quart en danger critique (CR).
Mickael Paul
Sources
https://uicn.fr/liste-rouge-mondiale/