Les images ont été filmées cet hiver (2010-2011), en caméra cachée, par l’association A.D.I. (Animal Defenders International). Les faits se déroulent dans le hangar du cirque Bobby Roberts Super Circus à Polebrook, dans le Northamptonshire, quartier d’hiver des animaux de ce cirque.
Elles montrent un employé martyrisant quotidiennement l’éléphante Anne, dernier éléphant de cirque d’Angleterre, à coups de fourche, de pique et de pieds. L’animal est constamment enchaîné sans possibilité de bouger. La caméra cachée a également filmé l’abus d’autres animaux, un chameau, des poneys et des chevaux miniatures dans les écuries.
Bien entendu, les propriétaires du cirque jurent qu’ils ignoraient tout de cette situation. Pourtant leur maison est à moins de 50 mètres du hangar et les plaies d’Anne visibles. L’employé du cirque, Nicolae Nitu dit Jimmy, est en fuite et la police a lancé une enquête. Une plainte va être déposée contre le cirque pour mauvais traitements à animaux.
Depuis 2005, de nombreuses voix se sont élevées pour prévenir les autorités qu’Anne subissait des mauvais traitements et avait des conditions de vie épouvantables. Ainsi, en 2006, son ancien soigneur Robert Sheret avait déclaré au journal le Sunday Mirror avoir vu le directeur du cirque, Mr Roberts, utiliser des fouets, des bâtons et un bâton de marche avec des clous pour battre Anne. Mais les autorités persistaient à déclarer que tout allait bien pour Anne.
Jan Creamer, président de l’A.D.I. a déclaré: » La tragique histoire d’Anne symbolise le sort des animaux de cirque et est un acte d’accusation choquant pour l’industrie du cirque à un moment clé ou le gouvernement considère l’interdiction de l’utilisation des animaux sauvages dans les cirques. Nous avons présenté aux gouvernements successifs de nombreuses preuves, grâce à nos enquêtes d’infiltration au cours des années dans les cirques du Royaume-Uni, qui prouvent irréfutablement que la violence et la privation est endémique au sein de l’industrie du cirque. »
En effet, le gouvernement anglais s’apprête à statuer sur le sort des animaux de cirque et a lancé une consultation publique, en Mars 2010, qui a révélé que 94,5% de la population voulait une interdiction des animaux sauvages dans les cirques. D’autre part, plus de 170 députés ont signé une déclaration demandant au gouvernement d’interdire les exhibitions d’animaux sauvages. La vidéo du martyre d’Anne et l’indignation qu’elle soulève dans la presse et le grand public va probablement accélérer le vote d’une nouvelle loi.
En France, certains cirques ne font pas mystère qu’en hiver les éléphants restent dans les camions sans activité, sans lumière, en complète infraction sur les lois concernant le bien être animal. Il faudra probablement qu’une association de défense des animaux filme en caméra cachée ce qui se passe pour qu’enfin les autorités et le grand public français regardent aussi la réalité en face.
La vidéo montrant les maltraitances que subissait l’éléphante Anne du cirque anglais Bobby Roberts Circus Super a suscité une vive émotion dans tout le Royaume-Uni et au-delà de ses frontières. Devant le tollé général, les propriétaires Bobby et Moira Roberts n’ont eu d’autres choix que de libérer l’éléphante, ce qu’ils avaient toujours refusé de faire jusque là.
Anne a été transférée au Longleat Safari Park (équivalent anglais du parc de Thoiry) dans le Wiltshire le dimanche 03 avril. Son départ vers le parc s’est effectué après concertation des autorités, des associations de défense des animaux et avec l’accord des vétérinaires (Anne souffre d’arthrite sévère). Le voyage s’est fait sous la surveillance d’un vétérinaire, d’un spécialiste des éléphants et d’une escorte policière.
Jonathan Cracknell, directeur à Longleat a déclaré: «Anne a été absolument parfaite durant le voyage. Elle est maintenant bien installée et se montre très curieuse, elle explore déjà sa nouvelle maison. Son état s’améliore, elle répond bien à son traitement pour soulager ses douleurs et elle peut déjà marcher beaucoup mieux qu’avant. Au parc de Longleat trois gardiens expérimentés, fourniront des soins spécialisés et beaucoup d’attention à Anne, veillant à ce que ses besoins soient satisfaits.
Elle va maintenant vivre dans un espace d’environ 5 hectares, en ayant pour voisins un groupe de rhinocéros. Elle dispose d’installations convenables et la direction du parc envisage de les moderniser pour elle. Anne aura des promenades quotidiennes, autant que son arthrite puisse le lui permettre. Elle pourra jouer dans de l’eau et avoir des bains de boue. Peut-être pourra-t-elle un jour rejoindre un nouveau groupe d’éléphants.
Pour Anne c’est une nouvelle naissance. Sa vie n’a été qu’un long et terrible esclavage. Née au Sri Lanka dans les années 1950, elle a été piégée par des chasseurs en 1954. Bien que le mystère entoure les circonstances de sa capture, la pratique normale était d’abattre toutes les femelles adultes dans un troupeau, puis de piéger les petits regroupés autour des mères mourantes.
elephante-anneDu Sri Lanka, Anne est partie pour l’Angleterre, achetée pour 3000 Livres par le Bobby Roberts Circus Super en 1957. Elle a passé toutes ces années à effectuer des numéros humiliants, comme de se mettre sur ses pattes arrières (probable cause de son arthrite) ou utilisée comme une plate-forme pour les clowns et les danseurs. Hors saison, elle a passé la majeure partie de sa vie enchaînée avec des chaînes en fer. Depuis qu’elle était trop vieille et malade pour faire des numéros, le cirque l’exploitait tout de même en faisant payer le public pour être pris en photo avec elle.
La libération d’Anne a été accueillie avec joie par Robert Sheret, son ancien soigneur qui avait tenté d’arrêter les mauvais traitements qu’elle subissait alors qu’il travaillait pour le cirque entre 1983 et 1985. Il a déclaré « Quand je me suis plaint à Bobby Roberts qu’Anne et les autres éléphants étaient battus (les éléphants du cirque, Beverly et Janie, sont morts en 2001 dans des circonstances qui n’ont jamais été expliquées de façon satisfaisante par M. Roberts) et n’avaient pas assez d’exercice et de nourriture, Bobby Roberts m’a dit:« Je vous paie pour travailler et pas pour penser » et Il a ajouté : « Ce sont mes éléphants et je peux en faire ce que je veux. » Après deux ans dans ce cirque je n’en pouvais plus et je suis parti. »
Depuis que la vidéo a dévoilé la réalité de la vie des animaux du Bobby Roberts Circus Super, le cirque est pratiquement en faillite, ses engagements sont annulés de toutes parts. Des groupes de boycott se sont ouverts sur Facebook et des manifestations ont eu lieu devant son chapiteau. L’association Animal Defenders International envisage également de porter plainte contre lui en vertu des lois de protection des animaux.
Enfin, une délégation constituée d’hommes politiques, de l’acteur Brian Blessed et d’une représentante de l’A.D.I. est venue la semaine dernière, devant le 10 Downing street pour demander au gouvernement de David Cameron de statuer définitivement sur le sort des animaux de cirque.
Si l’Angleterre interdit l’utilisation d’animaux dans les cirques, ce qu’elle semble en passe de faire, elle rejoindra la liste des pays _ tout dernièrement la Grèce et la Chine _ qui tournent définitivement le dos à ces spectacles du siècle dernier aux relents coloniaux et s’ouvrent aux joies du cirque du 21eme siècle, celui pour qui plaisir des hommes ne riment pas avec esclavage des animaux.