Rappelez-vous, en 2016 la Commission Européenne a lancé une stratégie afin de lutter contre le trafic illégal d’animaux sauvages, principalement au sein des frontières européennes mais aussi à destination du monde entier. Ce « Plan d’Action contre le Trafic d’Animaux Sauvages » tente d’identifier et de mettre un terme aux causes originelles de ce commerce, de renforcer l’application des normes déjà existantes pour lutter contre les groupes criminels organisés, et insiste sur la coopération internationale entre les pays concernés par le trafic illégal d’animaux sauvages.
Le commerce illégal d’animaux sauvages en bref
Le trafic illégal d’animaux sauvages est un fléau pour l’Union Européenne comme pour le reste du monde. Il concerne les produits dérivés de plantes ou d’animaux commercés pour la nourriture, les produits médicinaux, les produits de luxes comme le cuir, ou encore pour la détention d‘animaux exotiques par des particuliers. En conséquence, des espèces entières d’animaux sauvages sont menacées d’extinction principalement en raison du braconnage ! Mais ce trafic engendre également des préjudices terribles pour les animaux en eux-mêmes, qu’ils soient capturés à l’état sauvage ou détenus dans des élevages. Le transport de ces êtres vivants sensibles est particulièrement stressant et inadapté à leurs besoins les plus fondamentaux, comme a pu le montrer les pratiques consistant à attacher le bec de tortues ou d’oiseaux placés dans des tubes au fin fond de valises de transports. Stéphane Ringuet du programme TRAFFIC le dit clairement, ces conditions de transports illégales sont le plus souvent fatales pour les animaux : « entre 40 et 50 % des oiseaux sauvages capturés meurent avant même d’être exportés, du fait des méthodes employées pour piéger et les conditions de transport et de détention, souvent lamentables ».
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Le trafic illégal alimente également les marchés d’animaux exotiques dans de nombreux pays européens comme la France et l’Allemagne. En plus d’être un fléau pour le bien-être animal, de nombreuses espèces différentes s’y côtoient alors même qu’elles n’auraient jamais dû se croiser dans des conditions naturelles, pouvant donner lieu par exemple au développement de zoonoses. Surtout, le trafic illégal d’espèces sauvages empêche par la même occasion les communautés locales de développer une source économique alternative que celle provenant du commerce d’animaux sauvages : ce commerce est néfaste pour les humains également.
Quand la Commission Européenne tente d’agir
Au vu de la persistance voire de l’augmentation du commerce illégal d’animaux sauvages, la Commission européenne ouvre une consultation jusqu’au 28 décembre sur l’efficacité du Plan d’action 5 ans après son début. Destinées au grand public et aux ONG spécialisées, cette consultation vise à recueillir des bilans et témoignages sur la stratégie contre le trafic d’animaux sauvages et donnera lieu à sa révision, afin de la rendre plus adaptée aux réalités du terrain.
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Code Animal, en partenariat avec Eugroup for Animals, a répondu à la consultation en insistant sur deux points cruciaux actuellement négligés : le besoin imminent d’une Liste Positive européenne sur les détention des animaux exotiques par des particuliers, et le besoin de meilleurs restrictions sur le trafic légal d’animaux sauvages en parallèles de la lutte contre les groupes criminels organisés.
Un trafic d’animaux sauvages légal ou illégal ?
En effet, les différences de législations entre pays non-européens et membres de l’Union Européenne donnent lieu à des manquements en termes de normes pour le bien-être animal, et surtout, à des incohérences entre ce qui est considéré comme légal ou non. Le trafic d’une espèce peut devenir légal une fois commercé au sein des frontières européennes, alors qu’elle a été capturée illégalement dans son pays d’origine ou qu’elle est indexée sur la liste rouge des espèces en danger du CITES. En d’autres termes, Code Animal encourage vivement la Commission à identifier les nombreuses interactions entre commerce légal et illégal d’animaux sauvages.
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Un tel engagement est absolument nécessaire afin de réviser efficacement le Plan d’action et pour résoudre les nombreux effets délétères du commerce d’animaux sauvages sous toutes ses formes (maltraitance animale, menace pour les espèces commercialisées, risques sanitaires en raison des zoonoses, obstacle au développement des communautés locales, entre autres).
Une première solution : la Liste Positive
Le premier pas serait de renforcer les restrictions sur le commerce légal d’animaux sauvages, et par-dessus tout, sur la détention par les particuliers d’animaux sauvages exotiques. En captivité, ces animaux sont contraints de vivre dans des conditions inadaptées à leurs besoins physiologiques et biologiques : cela occasionne des troubles du comportements comme la stéréotypie, des problèmes physiques qui raccourcissent leur longévité et des risques sanitaires indécents. Comme l’indique l’association TRAFFIC suite à l’opération RAMP d’INTERPOL en 2010, les reptiles ainsi que les tortues sont par exemple très prisés des particuliers, et constituent un domaine du commerce légal d’animaux sauvages que la Commission Européenne devrait résoudre au plus vite.
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La détention trop peu régulée des animaux exotiques peut mener à la prolifération d’espèces invasives exotiques, abandonnées dans la nature par leur propriétaire ou introduites par accident lors de leur transport au travers de l’Europe. Ces espèces prolifèrent lorsque les conditions de vie conviennent à leur développement, et engendrent une menace importante pour l’équilibre des écosystèmes et les espèces indigènes.
En bref, Code Animal a souligné dans la consultation ce que nous revendiquons depuis des années déjà : la captivité des animaux sauvages est un fléau, depuis la capture des animaux dans leur habitat naturel ou leur élevage dans des conditions inadaptées, jusqu’à leur détention, même légale.
Nous communiquerons d’ici quelques semaines le bilan de la Commission sur cette consultation. La révision de la Stratégie va-t-elle tenir compte dans ses axes notoires de nos remarques, appuyées par de nombreuses associations au travers de l’Europe ? Si l’UE souhaite mettre en œuvre des programmes efficaces pour le bien-être des animaux et des humains, elle a en tous cas tout intérêt.
Marion
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Sources
Commission Européenne : The EU Approach to Combat Wildlife Trafficking – Environment – European Commission (europa.eu)
Wildlife trafficking – EU action plan (evaluation) (europa.eu)
Code Animal : Des espèces victimes des trafiquants – Code animal (code-animal.com)