La lettre ouverte de nombreux scientifiques alerte sur le danger d’extinction de plusieurs espèces de cétacés.

Le Lundi 19 Octobre 2020, plus de 350 scientifiques spécialistes des cétacés ont rédigé une lettre ouverte inquiétante, parlant du risque d’extinction de plusieurs espèces de dauphins, baleines et marsouins.

Les spécialistes sont formels : les cétacés sont menacés et beaucoup seront déclarés éteint dans les prochaines décennies. On trouve dans cette lettre une liste alarmante des espèces « en danger critique d’extinction », « En danger » et « Vulnérables ». Selon l’UICN (Union Internationale pour la conservation de la Nature) il existe 90 espèces vivantes de cétacés et plus de la moitié ont un statut de conservation préoccupant.

Les principales causes citées comme responsables de leur mise en danger sont la pollution, la perte de leur habitat et de leur alimentation, la collision avec les navires, le changement climatique et la prise accessoire lors d’opérations de pêche.

Les scientifiques lancent à travers cette lettre un appel et demande aux pays abritant ces espèces menacées dans leurs eaux territoriales de prendre des mesures de précaution pour en assurer la protection, notamment contre les activités humaines. Aussi, il est demandé à toutes les nations de coopérer avec les organismes internationaux comme la Commission Baleinière Internationale ou la Convention de Bonn qui sont à l’initiative de programmes de conservation de ces mammifères marins.

Les cétacés

Les cétacés (nom scientifique : cetacea) sont des mammifères marins, au même titre que les siréniens. On distingue 90 espèces de cétacés, qu’on retrouve dans toutes les mers de la planète, et même dans certaines rivières. On peut les différencier en deux grands groupes majeurs : les cétacés à fanon ou mysticètes (qui compte 11 espèces dont la baleine bleu ou la baleine à bosse) et les cétacés à dents ou odontocètes (groupe plus variés comprenant les cachalots, les dauphins, l’orque, le narval…)

Les cétacés ne possèdent pas de cordes vocales. Par conséquent ils communiquent et chasse à l’aide d’écholocalisation. Puisque ce sont des mammifères, ils doivent régulièrement revenir en surface pour respirer. Ce sont des animaux qui possèdent une grande réserve de graisse, qui leur permet d’être protégés de l’hypothermie lors de leur plongée en profondeur.

Les menaces :

Le trafic maritime

La collision entre les navires et les cétacés représente la première cause de mort non naturels pour le rorqual commun et le cachalot. Selon WWF « Les collisions avec les bateaux augmente de 20% la mortalité naturelle des rorquals communs et des cachalots en Méditerranée »

Une Aire Maritime Protégée : le Sanctuaire Pelagos d’une superficie de 87500 km² a été créé en 1999. Il s’agit d’un accord entre Monaco, la France et l’Italie pour protéger les mammifères marins comme le Cachalot, le rorqual ou les dauphins. Cependant les cétacés ne sont pas complètement protégés des collisions puisqu’en Méditerranée , on trouve un trafic maritime intense (25% du trafic mondial).

Pour pallier à ce problème, la mise en place du système REPCET est à l’œuvre pour renseigner les navires de la présence de cétacés sur leur chemin. Il s’agit d’un moyen pour réduire le risque de collision. Mais ce système est basé sur l’observation humaine et dans le futur il y aura nécessité de développer un système de détection et de localisation automatique ; c’est notamment le projet de WWF en association avec la société Quiet-Océans. Pour protéger les mammifères marins des collisions avec les bateaux, on peut aussi noter la nécessité de créer une « Zone Maritime Particulièrement Vulnérable » pour contraindre le trafic maritime international à prendre des mesures environnementales.

La pollution et le changement climatique

Comme pour toutes les espèces vivantes, les cétacés sont impactés par le changement climatique qui contribue à modifier la répartition et la reproductivité de leur nourriture.

La pollution plastique représente également une grande menace pour les mammifères marins. Ce 27 Octobre, l’IUCN rapporte que plus de 200 000 tonnes de déchets plastique sont déversées chaque année dans la Méditerranée . Le rapport alerte sur le fait que ce chiffre pourrait doubler d’ici 2040. Une écrasante majorité de ce plastique provient de la mauvaise gestion des déchets. La mer Méditerranée en aurait déjà accumul plus d’un million de tonne. Si l’Egypte, l’Italie et la Turquie sont les pays responsables du plus de fuite de plastique dans l’océan, pas moins de 33 pays sont impliqué s dans la pollution de la Méditerranée . Ces déchets sont évidement nocifs pour la biodiversité marine, pouvant causer des étranglements ou la famine si ingérés par les animaux. Ils représentent également un risque de pollution chimique lors de leur dissolution, entrainant la libération de composés toxiques.

D’autres types de pollution sont un danger pour nos mammifères marins. Parmi elles la pollution sonore représente un danger non négligeable puisque les cétacés communiquent essentiellement grâce à leur ouïe. En effet, sous l’eau les sons peuvent se propager sur des dizaines de kilomètre, tandis que la vue ne porte qu’à quelques dizaines de mètres. Les cétacés font face à de fortes nuisances sonores telles que les prospections sismiques, les travaux sous-marins ou le trafic maritime. Les effets de ses perturbations sonores se mesurent sur une échelle de gravité :

zone Z5 : bruits perçus mais modérés
Zone Z4 : niveau assez intense = l’animal arête ses activités
Zone Z3 : niveaux intenses = fuite de l’animal
Zone Z2 : niveau très intense = lésion temporaire de l’appareil auditif
Zone Z1 : niveau extrêmement intense = lésion traumatique aigüe ou permanente.

La chasse à la baleine

Pendant des décennies la chasse à la baleine a été pratiquée pour l’exploitation de son huile, sa peau, ses intestins, ses fanons, sa viande… en 1946, la Commission Baleinière Internationale est créée . Un moratoire est instauré en 1986 sur la chasse commerciale à la baleine qui représente un facteur majeur de mortalité de ce grand mammifère marin, avec environ 1000 morts par an.

Il existe trois pays qui pratiquent encore la chasse à la baleine : la chasse commerciale (Norvège et Islande) et la chasse scientifique (Japon et Islande). Le cas de la chasse scientifique au Japon est controversé. En effet, sous couvert de chasse scientifique avec le programme JARPA, il s’avère que le japon commercialise sa viande de baleine et donc qu’elle est utilisée à des fins commerciales, sans qu’aucune réelle contribution scientifique ne soit justifiée par cette chasse.

Le moratoire n’est pas une solution parfaite, puisque 40 000 baleines ont été tuées depuis la mise en place de celui-ci. Cela s’explique par le fait qu’il n’existe aucune sanction, et que l’adhésion des pays est libre.

Protéger les cétacés : une urgence

Pour toutes ces raisons, les scientifiques nous montrent l’urgence de protéger ces animaux, qui jouent un rôle essentiel dans la préservation des écosystèmes aquatiques. Un exemple parmi tant d’autre est le rôle de « pompe » assuré par les baleines : « Les baleines agissent comme une pompe qui remet en circulation le poisson et le zooplancton ingéré en profondeur à la surface sous forme de matière fécale riche en azote. Ces nutriments sont essentiels à la production primaire de l’écosystème marin. » (D’après baleinesendirect.org)

Il est important de rappeler que les mers et océans, et donc leur biodiversité, sont tout aussi importants pour la survie des animaux marins que terrestres. Il est plus que jamais temps de protéger nos mammifères marins des nombreuses menaces qui pèsent sur eux.

Tiphaine Chartier & Sophie Wyseur