Les zoonoses, maladies transmissibles de l’animal à l’humain, représentent un enjeu majeur pour la santé publique et la conservation de la biodiversité. Elles sont à l’origine de plus de la moitié des agents pathogènes humains (< 60 %) et ne cessent d’augmenter. L’ONU avait d’ailleurs déclaré en 2020 que notre ère serait celle des pandémies.
De manière générale tous facteurs augmentant le contact entre les êtres humains et les autres animaux accroît le risque de zoonose. En ce sens, la captivité d’animaux sauvage semble problématique, mais d’autres facteurs jouent également un rôle tels que :
- la hausse significative du nombre d’animaux de compagnie (en 2022, en France, nous comptions, 14,9 millions de chats, 7,5 millions de chiens) et leur proximité avec leurs propriétaires
- la diversification des espèces détenues en captivité comme les animaux exotiques (2,1 millions de reptiles)
- mais aussi d’autres animaux tels que les 29 millions de poissons, 2,8 millions de petits mammifères.
Le risque s’accroît aussi à mesure que les écosystèmes se détériorent ; les contacts entre la faune sauvage, les animaux domestiques et les populations humaines étant favorisés.
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En plus de remettre en question la captivité des animaux sauvages et d’informer les propriétaires d’animaux des risques (spécialement les propriétaires de NACs), il s’agît aussi de protéger la biodiversité et de surveiller la faune sauvage. Nous vivons dans un écosystème interconnecté, et perturber son équilibre a des conséquences sur l’ensemble du système, y compris la santé humaine. Les bouleversements écologiques provoqués par l’être humain, tels que le changement climatique et la déforestation sont directement liés à l’émergences de nouvelles maladies.
Afin de tenter de prévenir l’émergence de celles-ci, les experts de l’IUCN utilisent plusieurs approches pour surveiller le développement potentiel des zoonoses :
- Active : Des tests réguliers sont réalisés sur les animaux, même asymptomatiques, afin de mieux comprendre la circulation des maladies.
- Passive : L’analyse d’animaux trouvés morts permet d’identifier les pathogènes en circulation.
- Événementielle : Cette méthode vise à détecter rapidement des événements inhabituels, comme une épidémie soudaine.
- Sentinelle : Certaines espèces particulièrement sensibles aux maladies sont surveillées pour anticiper les risques de transmission aux autres espèces, y compris à l’être humain.
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Les acteurs locaux, tels que les gardes forestiers et les communautés autochtones, jouent un rôle clé dans la détection précoce des signaux d’alerte. Leur implication, combinée à des stratégies de surveillance rigoureuses, permet d’agir avant que les maladies ne se propagent et d’adopter des mesures adaptées plutôt que des solutions extrêmes, tel que l’abatage en masse de populations animales.
Dans cette optique, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), spécialisée dans la préservation de la biodiversité, et l’Organisation mondiale de la santé animale (WOAH), dédiée, comme l’indique son nom, à la santé animale, ont mis à jour leurs lignes directrices sur la surveillance des maladies, agents pathogènes et substances toxiques chez les animaux sauvages en liberté. Ces nouvelles recommandations proposent une méthodologie claire pour concevoir des programmes de surveillance performants, cohérents avec les stratégies nationales et les engagements internationaux. Elles soulignent l’importance d’une approche intégrée « une seule santé / One Health », permettant une meilleure anticipation des menaces sanitaires émergentes et une protection efficace de la santé humaine, animale et des écosystèmes.
Alice
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Sources :
Gharbi, J. Dupouy-Camet, Pour une meilleure prise en charge des zoonoses affectant les professionnels de la santé animale selon une vision Une seule santé, Revue Vétérinaire Clinique, 2025, ISSN 2214-5672, https://doi.org/10.1016/j.anicom.2025.01.001.
Aenishaenslin, C., Carabin, H., Paul, M., Bordier, M. et C. Soto, J. (2023) . Chapitre 33. Zoonoses. Dans Goupil-Sormany, I., Debia, M., Glorennec, P., Gonzalez, J. et Noisel, N. (dir.), Environnement et santé publique Fondements et pratiques. ( p. 867 -887 ). Presses de l’EHESP. https://doi.org/10.3917/ehesp.goupi.2023.01.0867.
World Organisation for Animal Health & IUCN (2024). – General guidelines for surveillance of diseases, pathogens and toxic agents in free-ranging wildlife: An overview for wildlife authorities and others working with wildlife. Paris, Gland, 56 pp. https://doi.org/10.20506/woah.3509.