Capturée en 1988 au Zimbabwe, l’éléphante Kenya est enfermée dans le cirque Alain Zavatta (devenant A.Zavatta fils) avec Tembo, un éléphant mâle d’Afrique. Les 2 pachydermes sont détenus illégalement dans cet établissement. Dès 1995 (au moins), le cirque est condamné. En 1999, il est menacé de fermeture pour détention illégale d’animaux (éléphants, hippopotame, tigres…). Mais les procédures ne sont pas suivis d’actes.
Suite à de nouvelles plaintes de la part d’associations de défense animale, et un ordre de confiscation de l’hippopotame par le Tribunal de Nevers, l’éléphant Tembo et l’hippopotame disparaissent…
Ils auraient été envoyés vers l’Espagne ou l’Italie. L’éléphante Kenya présente des signes inquiétants de stress et de mal-être. Ses entrées en piste sont ponctuées par un rituel de défécation sous la menace d’un ankus (une pique) et ce pour éviter un étranglement des organes (intestins, vessie, utérus) lors de numéros contre-nature (voir la section dressage). La soumission s’ajoute au stress et à la solitude. En effet, alors que les éléphants sont des animaux sociaux, et ayant donc des contacts avec les autres éléphants, Kenya est détenue seule durant de nombreuses années. Son état est inquiétant, elle se balance inlassablement d’une patte sur l’autre. Ses troubles du comportement sont très significatifs de son inadaptation et de sa détresse.
Lors d’une conversation, Arsène Cagniac , homme croyant et pratiquant justifie ses actes à l’encontre de ses animaux, comme en conformité avec l’Ancien Testament. : « Vous serez un sujet de crainte et d’effroi pour tout animal de la terre, pour tout oiseau du ciel, pour tout ce qui se meut sur la terre, et pour tout les poissons de la mer » (Genèse).
Les procédures se multiplient. Le responsable du cirque est re-condamné par le Tribunal de Grande Instance d’Amiens en mai 2007 à 5 mois de prison ferme, 5000 euros d’amende et la saisie de Kenya.
Le 30 mai 2007 à Bar sur Aube, les forces de l’ordre après avoir eu des difficultés à trouver Kenya, qui était cachée dans le fond d’un camion, reculent face aux refus d’obtempérer de Mr Cagniac et ce malgré la condamnation en cours. A croire que la parole de la Genèse prévaut sur les besoins des animaux et sur les lois de la République…
En juillet de la même année dans l’Ain, avec l’aide de 40 gendarmes, le camion et Kenya sont saisis au bénéfice de la Fondation Assistance aux Animaux. Mais Mr Cagniac, semblant se résigner demande aux autorités de conduire le camion lui même, sous menace de faire opposition. On connaît l’homme, les forces de l’ordre cède face à ses exigences, afin d’éviter un nouvel échec ou un conflit ouvert. Au bout de 40 km et une fois la police dispersée, Monsieur Cagniac monte avec le poids-lourd sur un terre plein, casse la clef du camion dans le barillet de contact et débarque Kenya sur un rond-point. Face à une situation de trouble à l’ordre public, le sous-préfet intervient. Aucun cornac n’étant présent, le sous-Préfet cède et ordonne la remise de l’animal … au cirque !
Le 8 janvier 2008, le cirque passe en appel devant le tribunal de Troyes. La justice confirme la confiscation de Kenya au profit de la Fondation Assistance aux Animaux ce que le directeur du cirque refuse catégoriquement malgré les 6 mois de prison ferme qu’il risque.
Monsieur Cagniac, soutenu par les autres cirques français, dont les grandes enseignes, obtient ce certificat de capacité qui lui a pourtant été refusé pendant des années. Il revendique dès lors son droit à posséder Kenya. Alors que des places sont trouvées à l’étrangers pour accueillir Kenya dans de meilleures conditions, le Ministère de l’Ecologie et ses services décentralisés refusent de délivrer une autorisation de transport intra-communautaire. Sans vouloir conclure à un parti-pris de l’Etat français dans ce dossier, il faut avouer que tout prête à y croire…
C’est la 10 avril 2009, à Quétigny en Côte d’Or, accompagnées de 70 gendarmes, 20 gardes de l’ONC, et du substitut du Procureur de la République, que les associations présentes (La Fondation Assistance aux Animaux, la SPA et Code Animal) ont pu mettre à exécution les jugements rendus. Désormais titulaire d’un certificat de capacité, Mr Cagniac a néanmoins été condamné sur des faits antérieurs, Kenya ne lui appartient donc déjà plus.
A l’aube, le cirque est entouré par les forces de l’ordre, le camion bloqué afin que les responsables du cirque ne puissent pas sortir l’éléphante. Dernier coup de théâtre, le camion a été verrouillé par son propriétaire, afin que personne ne puisse le démarrer…, une société spécialisée est alors obligée d’intervenir pour débloquer un système de sécurité bien complexe… Le camion est saisi, un transporteur réquisitionné, le convoi entouré des forces de l’ordre prend la route vers le safari parc de Peaugres. Malgré les précautions et le maquillage du camion, d’autres professionnels du cirque réussissent à connaître la destination du convoi, ils attendent l’arrivée de Kenya à Peaugres, afin d’intimider les responsables d’associations qui entourent le convoi. La police ne coopère plus dans cette région. La situation est tendue. Kenya est débarquée et mise à l’abri pour la nuit.
Durant plusieurs mois les pressions se multiplient. Le cirque Zavatta fils tente de déposer plusieurs recours, se payant les plus grands avocats. Les recours sont tous rejetés. Des rumeurs de dépérissements de Kenya et même de mort circulent sur le net. La pauvre éléphante serait morte des suites de la séparation d’avec son dresseur, les associations sont accusés de ce coup de grâce ! La vérité est bien différente puisque Kenya vit désormais au sein d’un groupe dans lequel elle s’est parfaitement intégrée. Elle peut enfin avoir des contacts avec ses congénères, prendre des bains de boue et ne plus subir les traumatismes d’un dressage coercitif et stressant sous justification biblique…