Journaliste et philosophe, Audrey Jougla a enquêté durant un an sur l’expérimentation animale. Elle se déplace désormais dans toute la France pour présenter son livre et témoigner de ce qu’elle a vu. Le 20 février, elle sera à Strasbourg, à la librairie Kléber.
« Malgré les lanceurs d’alerte, le grand public ignore à quel point le milieu des laboratoires pharmaceutiques spécialisés dans les tests sur les animaux est nauséabond. Personne ne connaît ces laboratoires, personne n’a idée de ce qu’est l’expérimentation animale, pourtant tout le monde suppose que c’est indispensable. » La journaliste Audrey Jougla le rappelle dès les premières pages de son livre Profession : animal de laboratoire : dès qu’il s’agit d’expérimentation animale, l’opacité est reine. En la matière, les laboratoires, privés comme publics, sont passés maîtres dans l’art de la communication, sachant tour à tour se féliciter de minimiser la souffrance animale, la justifier au nom d’un prétendu intérêt supérieur de l’être humain, et même parfois la nier totalement.
« Confiance aveugle »
Dénonçant cette « dérive de nos sociétés démocratiques » qu’est la « confiance aveugle en l’expertise scientifique, sans limite », Audrey Jougla raconte l’enquête en caméra cachée qu’elle a menée pendant plus d’un an dans les laboratoires, avec l’aide de militants de la cause animale*. Sous couvert d’un mémoire de recherche en philosophie sur l’expérimentation animale comme « mal nécessaire », elle a interrogé ceux qui font souffrir les animaux au quotidien.
Enjeux commerciaux
À la fois enquête sur les pratiques du monde scientifique et réflexion philosophique sur la question animale, le résultat est glaçant. Portraits de bourreaux ordinaires, rappels chiffrés sur les enjeux commerciaux de la recherche pharmaceutique et l’absurdité d’expériences répétées sans fin au nom de la recherche fondamentale, Audrey Jougla lève le voile sur la réalité de l’expérimentation animale et son éthique de cauchemar : nous élevons, torturons et abattons des êtres vivants parce qu’ils nous ressemblent assez pour que nous espérions en tirer des bénéfices.
« Tu ne ressortiras pas indemne de l’horreur que tu vas voir. Tu en es consciente ? » Un dirigeant de l’association International Campaigns apostrophe ainsi Audrey Jougla au début de son enquête. Nous ne ressortons pas indemnes non plus de sa lecture, mais éclairés sur les atrocités qui sont commises, chaque jour, en notre nom.
*Tous les droits d'auteur sont intégralement reversés à quatre associations : le Collectif contre l’expérimentation et l’exploitation animale (CCE2A), International Campaigns, Antidote Europe et Pro Anima.
Rendez-vous
À l’invitation de Code animal, et grâce à la librairie Kléber, Audrey Jougla sera à Strasbourg le 20 février prochain à 18 heures pour présenter son livre et répondre aux questions du public. L’association Pro Anima sera également présente.
