Qui est le cirque ?
Selon le site du cirque Kazan, il a été construit en 1890 par les frères Nikitin, les fondateurs du cirque national russe. En 1924, le cirque de Kazan reçut le statut de cirque d’État. Le dresseur des éléphants dans la vidéo est Sergei Gulevich provenant du cirque de Varsovie. Il est en charge des éléphantes depuis 1998 lorsqu’il en a hérité.
Image du cirque de Kazan – source & crédit
Qui sont les éléphantes ?
Selon la base de données des éléphants captifs, Magda et Jenny sont deux femelles originaires d’Asie, elles sont nées dans les années 1970 en Asie.
Jenny pèserait 5,5 tonnes et Magda 4,5 tonnes. Jenny est la « leader » du couple, elle passe toujours en premier. Magda tient toujours Jenny par la queue avec sa trompe et n’est toujours pas opposée à cette hiérarchie.
Déjà des incidents dans le passé
Ces deux animaux avaient déjà fait la une des journaux en 2012 à la suite d’un accident en Sibérie.
La remorque dans laquelle elles étaient transportées a pris feu. Elles ont dû sortir dans le froid glaciale le temps d’éteindre le feu, les températures sont descendues jusqu’à -41. Pour les « sauver » le dresseur a dilué de la vodka dans de l’eau avant d’être transportées dans le gymnase d’un collège local.
À la suite de cet accident, les animaux ont eu des engelures sur le bout de leurs oreilles.
En décembre 2020 un nouvel événement intervient dans la hiérarchie des animaux. Selon les médias locaux, les deux femelles se seraient disputées dans leur remorque et l’une d’elles est tombée à terre. Pour tenter de la relever et la sauver, le cirque a dû faire appel aux services de secours de la ville. L’opération aurait nécessité une grue et 4 heures de travail.
Le dresseur a nié ce nouvel accident.
Remorque brulée 2012 – Source & crédit
Que s’est-il passé le 22 mars 2021 ?
Une vidéo d’un cirque russe fait le tour des réseaux sociaux et montre deux éléphantes dans une altercation alors que le public assistait à une « représentation ». Selon le Daily Mail, les dresseurs d’éléphants ont essayé désespérément – à l’aide d’ankus et de shokers éléctriques ? – de séparer les animaux alors qu’une éléphante Jenny a heurté une autre nommée Magda et l’a jetée au sol. Elle a ensuite tenté de la piétiner sur le bord de la scène.
Selon le communiqué du cirque publié en russe sur leur site et que l’équipe de Code Animal a traduit avec Google Traduction : Le public a assisté à la querelle entre les éléphants originaire d’Inde Jenny et Magda. Le public n’était pas en danger. Les éléphants ont des changements d’humeurs, en particulier au printemps. Cela peut être dû à la recherche de l’attention du dresseur ou de la jalousie entre les individus.
De plus, l’isolement des animaux des spectateurs à cause de la pandémie de covid, a certainement affecté les animaux. Nous tenons à remercier le travail bien coordonné de tous les services de cirque, la situation inattendue heureusement terminée. Jenny et Magda sont actuellement calmes, bien nourries et en bonne forme physique.
Ces accidents sont malheureusement fréquents dans les cirques à travers l’Europe et ne sont pas sans rappeler les destins tragiques de Tyke, Fritz ou encore Tina en France.
Rien qu’en France, Code Animal répertorie des dizaines d’exemples connus.
Les animaux sauvages dans les cirques souffrent de la captivité forcée et du dressage violent pour faire des numéros contre-nature.
Tourner en rond sur un tabouret, être enchaîné, faire le poirier, s’asseoir : toutes ces positions que les éléphants sont contraints de prendre quotidiennement dans les cirques marquent leur corps à jamais. Et ont des conséquences désastreuses à la fois sur leur santé physique et sur leur état émotionnel.
L’enchaînement est pratiqué quotidiennement dans les cirques français par mesure de sécurité. C’est aussi une méthode de coercition couramment utilisée. Le dresseur apprend à l’animal à lever le pied pour mettre la chaîne avant, puis à reculer pour mettre la chaîne arrière.
La position du poirier, elle aussi, est une posture très dommageable pour les articulations, tout le poids de l’animal étant concentré soit sur la trompe, soit sur ses deux pieds avant.
Selon les Dr Helmut Pechlaner et Harald Schwammer (1) :
« Ces positions peuvent causer des blessures aux articulations et aux disques intervertébraux des éléphants adultes, ainsi que des fissures dans les ongles. Quant aux exercices d’équilibre, ils peuvent être à l’origine de dérangements moteurs dans les articulations du coude et du genou. »
Autre conséquence pour les éléphants : une paralysie de la trompe.
Positions debout sur les pattes postérieures ou assis sur un tabouret (appelée aussi « dog-sit » ou « chien assis »), pyramides : cette pression excessive sur le diaphragme peut causer une hernie.
« Auquel cas la paroi musculaire se rompt et les organes internes sont poussés à travers cette déchirure. C’est un état grave qui peut entraîner la mort si les organes concernés par le prolapsus (intestins, vessie, utérus) subissent un étranglement et se nécrosent. »
Obliger un éléphant à s’asseoir sur un tabouret peut provoquer un prolapsus des organes, mais également l’usure et le déchirement prématuré des jointures, tendons et jambes, tout comme dans les exercices impliquant la tenue sur une jambe ou la formation d’une pyramide.
Ces postures étant étrangères et douloureuses pour l’animal, elles ne peuvent être obtenues que par la force. La douleur assénée par les coups de pique doit alors dépasser en intensité la douleur de la posture elle-même.
A 50 ans, ne serait-il pas préférable d’offrir à Jenny et Madga une retraite bien méritée ?
Déjà en 2016, Code Animal lançait une campagne pour alerter les pouvoirs publics à ces problématiques et demandait qu’un âge de retraite soit établi pour les animaux sauvages dans les cirques. En effet, selon l’arrêté du 18 mars 2011 (réglementation en vigueur pour les animaux sauvages dans les cirques) et l’article 9, les animaux âgés dont l’état de santé n’est pas satisfaisant doivent être placés en retraite dans des structures fixes.
Problème : l’appréciation de cet état de santé reste à la discrétion du détenteur de l’animal. Qui n’a pas vraiment intérêt à s’en séparer ni à prendre à sa charge ses frais de retraite.
Photo septembre 2019 – France
Il reste encore une dizaine d’éléphantes encore en spectacle pour le plaisir du public. Elles sont également âgées et fatiguées. Code Animal souhaite une mise en retraite dans des lieux adaptés. Nous rappelons que le sanctuaire Elephant Haven dispose actuellement de 4 places pour des éléphantes.
Suite à nos actions de sensibilisation politique, avec l’aide d’autres ONG, Barbara Pompili a finalement annoncé la fin des animaux sauvages dans les cirques itinérants et nous avons réussi à faire voter à l’Assemblée Nationale la proposition de loi 3661 qui interdit tous les animaux sauvages. Nous souhaitons une réelle application de ces mesures et non de simples annonces. Nous continuons de travailler avec des sénateurs et le Ministère de l’Écologie pour que ces mots se transforment en actes.
Alexandra Morette
Photo décembre 2019 – Toulouse
Sources
Code Animal SOS postures douloureuses