Le Pantanal est la plus grande zone humide mondiale, majoritairement sur le territoire brésilien, cette région d’environ 200 000 km² est l’une des deux plus grandes réserves de biodiversité au monde, abritant une végétation et des animaux légendaires tels que les jaguars, perroquets, anacondas, nénuphars géants, etc.
C’est plus de 650 espèces d’oiseaux, 400 espèces de poissons, 159 espèces de mammifères, 53 espèces d’amphibiens, 98 espèces de reptiles et 3500 espèces de plantes, etc.
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Cette zone unique au monde est aujourd’hui en grand danger face à une politique de déforestation et à des milliers de feux, légaux ou illégaux.
En effet, 22% de la surface du Pantanal a été abattue ou est partie en cendre, soit plus de 3.2 millions d’hectares. Selon les données satellitaires recueillies par l’agence spatiale nationale brésilienne, l’INPE, il y a eu 12 567 incendies dans le Pantanal brésilien en 2020, établissant un nouveau record annuel pour le nombre d’incendies moins de neuf mois dans l’année.
Et la tendance n’annonce aucun ralentissement, au contraire, le nombre de feux de forêt double presque chaque année.
Les premières victimes de ce désastre sont les animaux vivant sur ces terres, un grand nombre d’entre eux périssent carbonisés ou se retrouvent privés de ressources.
Credit: Andre Penner/AP/Shutterstock
Des équipes de soigneurs volontaires viennent à la rescousse des animaux blessés ou désorientés en les soignant ou en leur mettant de la nourriture à disposition.
Ces équipes témoignent du nombre important de jaguars en détresse et s’inquiètent pour les autres animaux moins agiles ou rapides que lui: «Si le jaguar – un animal au sommet de la chaîne alimentaire qui nage, grimpe aux arbres, court – souffre comme ça, imaginez ce que c’est pour les animaux sans défense», explique Carla Sássi, vétérinaire, pompier et coordinatrice du Disasters Rescue Group for Animals
Les équipes voient les animaux errer le long des routes, déshydratés et épuisés.
Ils s’inquiètent particulièrement pour les animaux déjà en déclin avant l’accélération des feux comme le jaguar, le tapir et le fourmilier géant.
Source: Laboratory for Environmental Satellite Applications, Federal University of Rio de Janeiro (Nature)
Au delà des vies perdues, ces destructions seront lourdes de conséquences. Il risque d’y avoir trop peu de ressources restantes pour les animaux et donc une forte concurrence pour l’accès à la nourriture.
Le Pantanal constitue également une protection clé contre les inondations, à la fois pour la faune et les communautés humaines.
Selon les ONG sur place, ses zones humides agissent comme une grosse éponge, retenant les eaux de crue dans son bassin supérieur d’octobre à mars, créant une protection naturelle contre les inondations pour les personnes et les animaux vivant en aval, avant de se drainer lentement d’avril à septembre. Cet afflux d’eau automnal et hivernal hydrate la région longtemps après la fin des pluies estivales, gardant en vie ses plus de 4 700 espèces de plantes et d’animaux, comme les anacondas, les toucans, les fourmiliers, les aras et les capybaras.
Source : BBC
Des solutions anti feux émergent :
- la création d’un système national d’alerte aux incendies de forêt
- des investissements dans la formation et l’équipement pour les pompiers volontaires locaux.
Pour l’instant, les sauveteurs se concentrent sur l’aide aux animaux qui ont besoin d’une attention immédiate.
Des associations et scientifiques ont également installé des caméras-pièges pour surveiller les animaux bénéficiant de la nourriture et de l’eau distribuées et continuent à fournir des soins vétérinaires à ceux qui en ont besoin.
Source : Phys.org
Selon les scientifiques, la catastrophe est due à une sécheresse extrême. Les précipitations dans le Pantanal ont chuté de moitié pour la période de janvier à mai 2020, ce qui correspond au plus fort de la saison des pluies. De nombreuses zones généralement inondées par les pluies sont restées sèches. Les températures élevées et les vents violents ont alimenté les incendies.
Cependant, d’autres facteurs ont été identifiés pouvant expliquer ces feux : les agriculteurs et les éleveurs introduisent de plus en plus des cultures non indigènes dans la région, qui brûlent plus facilement que la végétation indigène, a déclaré l’ingénieur forestier Vinicius Silgueiro du Life Center Institute (ICV).
Or des études montrent que la déforestation en Amazonie a un impact sur les précipitations dans d’autres régions du Brésil en réduisant les dites «rivières volantes» (« flying rivers ») de la forêt tropicale: de vastes nuages de brume transportés par le vent et déversant de l’eau sur une grande partie de l’Amérique du Sud.
Selon ces scientifiques, les feux de forêts et périodes de sécheresse pourraient être la nouvelle norme en Amérique du Sud parce qu’avec des feux à répétition, la végétation n’a pas le temps de se régénérer.
Lucie Collet & Alexandra Morette
Sources :
Why are Brazil’s wetlands engulfed in flames? – Phys.org (septembre 2020)
Apocalyptic’ fires are ravaging the world’s largest tropical wetland – Nature (septembre 2020)
Au Brésil, le Pantanal dévoré par les flammes – Reporterre (septembre 2020)