Des éléphants meurent par centaines en Afrique

Depuis mai dernier, au Botswana, il existe une hécatombe d’éléphants, emportant en quelques semaines plusieurs centaines d’individus de tous âges et sexes, selon Elephants Without Borders (EWB). Entre mai et juillet 2020, 350 animaux morts ont été déclarés. Les premières 169 carcasses ont été signalées dans le delta de l’Okavango au début du mois. À la mi-juin, ce nombre avait plus que doublé.

Selon un article de mai 2020 publié dans Phys.org, déjà en octobre 2019, le Botswana a signalé que plus de 100 éléphants morts d’une suspicion d’épidémie d’anthrax (voir ci-dessous). Des enquêtes préliminaires ont alors suggérées que les animaux mouraient à cause de cette bactérie tandis que certains mouraient des effets de la sécheresse.

Troubles neurologiques, désorientation, extrême faiblesse… Les symptômes sont insoutenables. La position des carcasses est en elle-même mystérieuse :  comme s’ils étaient tombés net, sur leur sternum en marchant : Une mort subite. Selon un rapport de l’ONG Elephant Without Border, environ 70% des carcasses ont été retrouvées près des points d’eau, des hypothèses ont été émises sur les causes en lien avec l’eau.

Le fait que les éléphants soient retrouvés avec leur défense, exclut l’hypothèse du braconnage selon les experts.

Photo credit : Elephant Without Borders

L’origine de ces morts est encore un mystère.

Selon plusieurs sources journalistiques, plusieurs hypothèses ont été avancées, National Geographic les récapitule :

Empoisonnement criminel : via le fluoroacétate de sodium utilisé parfois comme pesticide, ou bien via le cyanure pour se venger qu’ils mangent les récoltes…

– Maladie du charbon (Bacillus anthracis), qui crée des troubles neurologiques similaires aux symptômes évoqués. L’infection est causée par une bactérie naturellement produite dans le sol. Certains scientifiques ont également évincé cette possibilité car des carcasses testées n’ont pas été positives à cette bactérie. En savoir plus.

– Virus de l’encéphalomyocardite, qui se crée dans les crottes des rongeurs. Plus de 60 éléphants sont morts ainsi au début des années 90. Cela s’est produit à la fin d’une année humide qui avait suivi de longues périodes de sécheresse (conditions climatiques similaires à celles du Botswana en ce moment).

– Famine ou déshydratation, mais après études, les conditions n’étaient pas extrêmes au point de décimer autant d’individus.

Les cyanobactéries, en temps normal, les animaux s’abreuvent au milieu des plans d’eau et non aux bords, où les cyanobactéries s’accumulent. Mais celles-ci  ont sans doute été à l’origine de l’extinction de masse des éléphants préhistoriques, alors, pour s’en assurer, des tests sur les plans d’eau du territoire sont encore en cours.

– Des agent pathogènes mortels : des bactéries et virus « mutants », à l’instar de la COVID-19. Les changements climatiques extrêmes, le paysage ou même les microbes peuvent faire muter les bactéries & virus pour les rendre mortels. C’est ce qui s’est passé au Kazakhstan, en 2015, plus de 200 000 antilopes sont mortes d’une intoxication sanguine car l’excès de chaleur et d’humidité a conduit à la prolifération de la bactérie Pasteurella , inoffensive à son stade basique.

Un virus transmis les tiques et moustiques. Mais cela n’a jamais été diagnostiqué chez les éléphants sauvages. Peut-être que les récentes pluies abondantes après des années de sécheresse ont ouvert la voie à l’épidémie ?

Selon les premières analyses des carcasses faites par le Gouvernement du Botswana, une « toxine naturelle » serait le plus plausible, selon Cyril Taolo, directeur des parcs nationaux et de la faune du Botswana, pour National Geographic. Car il est peu probable qu’une maladie habituelle ait provoqué la disparition d’autant de pachydermes en si peu de temps et en un espace aussi concentré, à savoir une zone de 2 600km² environ, au nord-est du delta de l’Okavango où vivent 18 000 éléphants, 16 000 humains et 18 000 bovins.

Outre le Botswana, des tests ont été envoyés aux Etats Unis au Canada, en Afrique du Sud, et au Zimbabwe. Les analyses ne permettent pas encore aujourd’hui de connaitre.

Un désastre pour la conservation des éléphants d’Afrique ?

Au Botswana, entre 130 000 et 135 000 éléphants (Loxodonta africana) se partagent le territoire. Sur le continent africain, l’espèce compte aujourd’hui environ 415 000 individus (contre 3 à 5 millions au début du 20ème siècle).

L’écotourisme autour des éléphants compte pour 10 à 12% du PIB du Botswana selon l’article du Guardian. Si la cause de la maladie n’est pas découverte et traitée, selon ls ONG, cela pourrait s’avérer dramatique pour la conservation de l’espèce même si, pour le moment, cela ne touche qu’une partie infime de la population d’éléphants sur place.

Quoi qu’il en soit, cette hécatombe en dit long sur l’équilibre de l’écosystème local et, à plus large spectre, de la planète. Parfois, un tel carnage peut s’expliquer de manière multifactorielle, dont le changement climatique fait amplement partie. Et la mort de centaine d’individus reste à déplorer.

Les éléphants victimes des braconniers

Le braconnage est une chasse illégale, il en existe 6 sortes différentes.

Selon Wildlife Angel, le braconnage coutumier est une chasse traditionnelle et ancestrale par certaines tribus ou communautés. Le braconnage de subsistance est le fait de chasser pour se nourrir de protéines animales. Le braconnage de représailles est l’un des résultats des conflits humains-animaux où les humains se vengent des animaux qui causent des dégâts sur les activités humaines (agriculture, construction, etc.). Le braconnage commercial pour vendre par exemple de la viande de brousse aux touristes ou sur d’autres marchés. Le braconnage mafieux qui est organisé de manière internationale qui créent des nouveaux marchés (ivoires, animaux sauvages détenus chez les particuliers, médecine asiatique, etc.). Et enfin, le braconnage qui finance les réseaux terroristes ou rebelles.

Ces types peuvent marcher ensemble et s’alimenter.

Les éléphants sont victimes de braconnage pour l’ivoire par exemple. Selon WWF, un éléphant est abattu toutes les 15 minutes. Entre 20 000 et 30 000 éléphants sont ainsi tués par les braconniers chaque année.

C’est un sujet complexe qui nécessiterait un dossier détaillé. Des organisations telles que IFAW travaille pour enrayer le trafic d’ivoire.

En attendant nous vous renvoyons sur le dossier complet de Wildlife Angel.

ÉLISE PERRAULT & Alexandra Morette