Après des rencontres avec des ONG comme Born Free Foundation, Pro Wildlife ou encore HSI Europe, un papier informatif et résumé des recherches quant aux conséquences de la chasse aux trophées a été produit puis cosigné par l’Eurogroup for Animals et Code Animal. Au total, ce sont 136 ONG qui ont décidé de se réunir pour tirer la sonnette d’alarme ! Le but est simple : faire en sorte que la révision du Plan d’Action corresponde bien aux enjeux mis en lumière par les associations de terrains.
L’idée au cœur de la lutte contre la chasse aux trophées et de souligner l’inefficacité et la cruauté qu’engendre cette pseudo-régulation fondée sur des méthodes létales, aussi surnommée la méthode « tuer pour conserver ». Ces méthodes ne sont ni éthiques ni durables pour assurer la conservation de la vie sauvage, d’autant que des alternatives existent déjà où se développent considérablement. Le principe de Conservation Bienveillante ou Compassionate Conservation en anglais, promeut l’usage de méthodes non létales, plus efficaces sur le long terme et en plein développement notamment auprès des scientifiques américains et anglo-saxons.
Le déclin dramatique de la biodiversité dû à la surexploitation des ressources, la perte d’habitat sauvage, le changement climatique, entre autres, ne peut qu’être aggravé par la chasse aux trophées. Cette pratique ajoute une pression supplémentaire à la survie d’espèces protégées et sur le bon fonctionnement de l’écosystème local.
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Tirons la sonnette d’alarme : la chasse aux trophées augmente dans le monde !
Selon les données du CITES, 125 000 trophées d’espèces pourtant protégées furent importés entre 2014 et 2018, par les Etats-Unis d’abord puis l’Union Européenne ensuite. Les mammifères inscrits sur les listes du CITES tels que les éléphants d’Afrique, les léopards, lions, rhinocéros, girafes, ours polaires et ours bruns, pour n’en citer que quelques-uns, sont particulièrement touchés.
Evidemment, cette chasse pose des problèmes éthiques significatifs, au cœur de nos dénonciations. Elle ignore la valeur intrinsèque d’un animal sauvage. Elle fait du plaisir de tuer et d’exposer une supériorité malsaine de l’homme sur les autres espèces, son leitmotiv. Les entreprises de chasse organisent, sans surprise, des prix pour « un ensemble de prises spécifiques » telles que le « Big 5 », à savoir « une formule » éléphant d’Afrique, rhinocéros, lion, léopard et buffalo.
Donner un prix à la mort et à la souffrance organisée, quoi de plus abject et inacceptable éthiquement ?
Pour pratiquer ce type de chasse, nul besoin de licence particulière, ni d’avoir détenu une arme auparavant… Le risque d’incompétence des tireurs et donc d’agonie pour l’animal traqué est dès lors incontestable.
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En quelques mots : quelles sont les conséquences de la chasse aux trophées ?
D’abord, la chasse aux trophées aggrave considérablement la perte de biodiversité.
Elle cible en effet les individus les plus robustes et esthétiques, pourtant clés dans le processus de conservation et reproduction de l’espèce. Elle impacte durablement les structures sociales de l’espèce, entraînant à terme une érosion génétique et une augmentation des infanticides due à la superposition de territoires, la migration imprévue des certains groupes sociaux, suite à la perturbation humaine. En somme, la chasse aux trophées mène à une réduction de la population d’animaux sauvages, de leur santé et de leur capacité à résister aux aléas de la vie sauvage ; une menace générale et sérieuse à leur survie.
- La chasse aux trophées empire également les relations entre l’homme et l’animal, et révèle une forme de supériorité culturelle insoutenable des touristes venus chasser vis-à-vis des populations locales.
Non content de stimuler l’agressivité des individus sauvages, dont les structures sociales et biologiques sont bouleversées, la venue de touristes étrangers est souvent mal perçue par les communautés locales qui se voient interdites toute chasse traditionnelle (dont l’objectif serait a contrario de se sustenter) au profit de ces riches étrangers en recherche d’adrénaline. En outre, gangrénée par la corruption, la chasse aux trophées est la porte ouverte pour le commerce illégal d’animaux sauvages et la contrebande, que l’Union Européenne peine à endiguer dû au manque de données issues du terrain, ou biaisées par l’intérêt économique qu’engendre la poursuite de la chasse.
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Code Animal le déclare haut et fort : une conservation de la vie sauvage durable et efficace ne peut certes que se faire in situ, mais ne doit certainement pas s’exprimer sous des formes perverses et délétères notoires comme la chasse aux trophées, qui mettent clairement en péril les stratégies de conservation développées localement comme à l’échelle supranationale.
- Enfin, la chasse aux trophées empêche le développement social et économique de l’homme, que Code Animal pense intrinsèquement lié au bien-être et la bonne entente avec la vie sauvage locale.
Le bénéfice économique de la chasse aux trophées est au mieux résiduel, et se révèle être une pratique de minorités privilégiées, néfaste pour la préservation de l’environnement. L’essentiel du profit – sans même se pencher sur la corruption dont la pratique est entachée – est perçue par l’entreprise étrangère de chasse et les élites locales. Une étude montre pourtant qu’un éléphant mort pour devenir un trophée rapporte en moyenne de 20 à 40 000 dollars, tandis que le laisser vivre au profit du tourisme durable comme la photographie rapporterait 1 600 000 dollars à terme. Du point de vue économique si elle ose se réclamer de la conservation, la chasse aux trophées est donc l’expression même de l’illogisme !
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Que l’Union Européenne devrait-elle faire exactement ?
Pas d’ambiguïté sur ce point : interdire les importations des trophées semble le moyen le plus efficace pour réduire la surexploitation des espèces sauvages locales, et pour restreindre cette pratique odieuse pour les animaux. Rappelons que la chasse aux trophées se distingue de la chasse traditionnelle puisqu’elle ne traque un animal sauvage que dans l’objectif d’en faire un totem, un prix à exposer et non pour la consommation de sa chair ou de tout autres parties de son corps. Ce type de chasse ne vise donc, que l’expression du plaisir de la traque et d’un esthétisme glauque.
D’ailleurs, un sondage conduit par Savanta ComRes en 2021 indique que sur l’ensemble des pays européens, 81% des individus questionnés s’opposent à ce type de chasse et soutiennent l’interdiction d’importer des trophées. Les chiffres sont tout aussi encourageant lorsque ces vastes sondages sont conduits au Etats-Unis, dans des pays d’Afrique du Sud ou même en Suisse, dans lequel 96% des interrogés sont favorables à une interdiction totale des importations. Ces résultats prouvent surtout que la chasse aux trophées ne se perpétue qu’au profit d’une division malsaine entre société civile et groupes de riches privilégiés, et aux dépens des animaux et de la biodiversité pourtant commune à nous tous, les espèces
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Code Animal, au côté des organisations cosignataires de la lettre, appelle ainsi fermement la Commission et le Parlement Européen à interdire l’importation de tout ou partie d’animaux sauvages issus de la chasse aux trophées. Une fois de plus, l’Union se doit de rester cohérente dans la mise en œuvre de son Plan d’Action contre le Trafic de la vie sauvage, et doit par conséquent adopter des mesures déjà soutenues par une majorité de citoyens européens !
Marion
SOURCES :
Savanta ComRes (2021). Public attitudes toward trophy hunting report., une enquête conduite par Savanta ComRes for Humane Society International.
CITES Trade Database https://trade.cites.org/ usant des critères publiés par IFAW (2016): Killing for trophies – An analysis of global trophy hunting trade.
Van der Meer, E. and Dullemont, H. (2021). Human-carnivore coexistence: “Factors influencing stakeholder attitudes towards large carnivores and conservation in Zimbabwe.” Environmental Conservation, 48(1): 48-57. doi:10.1017/S0376892920000491
https://www.eurogroupforanimals.org/news/136-ngos-around-world-call-ban-hunting-trophy-imports