CHASSE A LA BALEINE, LE DÉBUT DE LA FIN ?

Aujourd’hui de nombreuses espèces de baleines sont en voie de disparition à cause d’une chasse intensive vieille de plusieurs décennies.

La chasse commerciale à la baleine est interdite par un accord de la CBI (commission baleinière internationale) entré en vigueur en 1986.

La CBI a été créée pour réglementer et réguler la pêche à la baleine qui causait la surexploitation des grands cétacés et menaçait donc plusieurs espèces.

Elle a pour rôle aujourd’hui de :

  • garantir la protection de certaines espèces (baleine bleue, baleine à bosse)
  • désigner des zones protégées et des sanctuaires pour les baleines
  • limiter la taille et le nombre de baleines chassées (pour toutes les chasses non commerciales)
  • fixer les périodes et délimiter les zones de chasse
  • interdire la capture de baleineaux et de femelles accompagnées de baleineaux
  • encourager les méthodes de capture non cruelles

89 pays sont membres de la CBI dont la France, le Royaume Uni et l’Espagne.

A ce jour 3 principaux pays pratiquent encore cette chasse commerciale : l’Islande, la Norvège et le Japon qui, après un sursis de plus de 30 ans, s’est retiré de la CBI le 01 juillet 2019 pour relancer cette activité.

Pourquoi la baleine est elle chassée?

 La principale raison est la consommation de sa chair.

En fonction des pays, la viande a été ou est consommée en plus ou moins grande quantité.

Au Japon par exemple, la viande de baleine a été beaucoup consommée après 1945 pour nourrir une population sous alimentée car elle est riche en protéine, bon marché et disponible en grande quantité.

En Islande, elle est proposée dans des restaurants touristiques comme plats «traditionnels» alors que seulement moins d’1% de la population Islandaise consommerait cette viande.

  • L’utilisation historique de la graisse de baleine pour les produits cosmétiques et médicinaux.

Cette utilisation est en fort déclin car la graisse est remplacée par des dérivés de pétrole.

  • La recherche scientifique et programme de recherches sur les baleines qui autorisent à abattre un certain nombre d’individus.

En réalité, seule une petite partie des baleines est fournie aux chercheurs pendant que le reste se retrouve sur des étals de marchés.

Il n’y a d’ailleurs pas besoin de tuer les individus, pour la recherche, des prélèvements suffiraient.

  • La conservation de cette tradition culturelle vieille de plusieurs siècles.

Ou la possibilité aux chasseurs de bénéficier d’aides financières de l’état par des programmes de conservation culturelle.

  • La continuité de la chasse traditionnelle ou de subsistance pour les populations amérindiennes du nord des États Unis et de la côte ouest du Canada et pour les peuples Inuits de l’Arctique.

Des méthodes de chasse cruelles…

En s’attaquant à beaucoup plus gros qu’eux, les Hommes se révèlent évidemment bien maladroits dans la capture et l’abattage de ces animaux.

En fonction des pays et des moyens, les baleines et autres cétacés sont attrapés à l’aide de harpons explosifs et remontés sur les bateaux morts ou vifs… 

Que ce soit les pays avec beaucoup de moyens qui revendiquent un équipement puissant, qui tue au plus vite l’animal ou de plus petits pays ou régions qui disposent de matériels plus sommaires qui rendent donc la capture plus laborieuse, longue et douloureuse, tous ne réussissent pas leurs captures à tous les coups, beaucoup de mammifères s’échappent mais se retrouvent donc gravement blessés, certains s’en sortent, d’autres succomberont à leurs blessures, après de longues heures d’agonie. 

«Les chasseurs utilisent de puissants harpons qui explosent dans le corps de la baleine, puis remontent la carcasse à l’aide des câbles attachés à cette arme particulièrement vicieuse.

Le 23 mai, le baleinier Rowenta a été filmé en train de harponner une baleine à 21h17. Le harpon d’acier de 15 kilos a fusé à une vitesse de 70 mètres par seconde. Le navire a bataillé avec l’animal blessé pendant 22 minutes avant que les écologistes ne perdent de vue la baleine et le navire. Puis, à 23h30, ces mêmes chasseurs ont tiré un second harpon. Les militants qui ont filmé cette scène terrible pensent qu’il s’agissait du même individu harponné des heures plus tôt. Cette fois le coup fut fatal mais selon la World Animal Protection, le mammifère avait probablement enduré d’atroces souffrances : «Il est possible que cet animal soit celui qui avait été touché plus tôt, ce qui signifie qu’il a souffert de sa blessure au harpon pendant deux heures avant de mourir ».

Aujourd’hui, beaucoup de navires norvégiens chassent avec une arme appelée Whalegrenade-99, un canon placé sur le pont, qui tire un harpon contenant du penthrite, un explosif puissant. Le harpon est muni de crochets qui se déploient dans la chair du mammifère touché, facilitant sa récupération à bord.

En général, l’appareil explose peu de temps après avoir atteint l’animal, causant des blessures profondes qui le tuent rapidement – dans environ 80% des cas. Cependant, dans 20% des cas, les baleines mettent plusieurs minutes, voire plus, à mourir. Bien souvent, les baleiniers tuent aussi des femelles gestantes.»

Source: Facebook Sea Sheperd France https://www.facebook.com/SeaShepherdFrance/posts/2798186623570134/

«Tuer une baleine n’est pas simple. Il s’agit de poursuivre longuement puis d’atteindre une cible mobile à partir d’une plate-forme soumise aux mouvements des vagues. Dans ces conditions, la WDC estime que la chasse à la baleine ne peut jamais être réalisée d’une façon humaine et qu’elle devrait cesser immédiatement pour de stricts raisons de «bien-être» animal.»

Source: Comment meurent les baleines? Dauphins libres

https://www.dauphinlibre.be/comment-meurent-les-baleines/

Le déclin de la chasse commerciale à la baleine.

Plusieurs indices semblent indiquer que cette chasse vit ses derniers instants:

  • La consommation de viande est en constante diminution dans les pays chasseurs de baleines.

En Islande, moins d’1% de la population consomme cette viande. Les baleines et rorquals tués sont majoritairement destinés à la revente au Japon.

Les deux entreprises de pêche islandaises ont d’ailleurs déclarées qu’aucune chasse à la baleine n’aura lieu cette année (2020) et ce pour la deuxième année consécutive.

L’une, IP-Urger, arrête définitivement. Elle ciblait principalement les petits rorquals (balaenoptera acutorostrata) pour la consommation des touristes en manque d’exotisme.

L’autre, Hvalur, spécialisée dans la pêche de rorquals communs et menacés (Balaenoptera physalus) suspend son activité pour le moment.

En effet, ces dernières ne seraient plus en mesure de rester compétitives sur le marché japonais. De plus, les réglementations de distanciation liées à la crise du Covid-19 rendraient l’activité trop compliquée.

Au Japon également, la viande de baleine est impopulaire, la consommation est passée de 220 000 tonnes en 1960 à un petit 5000 tonnes de nos jours.

La grande majorité des Japonais déclarent ne jamais avoir goûté de viande de baleine et les gros stocks d’invendus sont alors écoulés dans les hôpitaux et les écoles.

La Norvège, elle, suivrait cette tendance bien qu’elle est la nation tuant le plus de baleines devant l’Islande et le Japon réunis.

Le gouvernement subventionnerait cette chasse pour encourager la population a manger cette source de protéine qui serait plus saine que la viande rouge.

Mais les quotas fixés ne sont pas atteints en raison de l’impopularité grandissante de la consommation de cette viande.

Selon IFAW  » plus de 1 500 rorquals communs et petits rorquals ont été tués en Islande depuis 2003, l’année où le pays a repris la chasse commerciale à la baleine ».

  • La sensibilité de l’opinion publique à l’égard de ces mammifères grandit.

La popularité et le respect qu’ont les gens envers ces créatures majestueuses ne fait que de se renforcer.

Les touristes et les populations sont sensibilisés à la menace d’extinction qui pèse sur ces animaux et à la cruauté qu’engendre leur capture.

En 2018, l’entreprise de pêche islandaise Hvalur a crée une polémique en tuant 146 rorquals communs dont beaucoup étaient des femelles enceintes ainsi que deux baleines hybrides entre le rorqual commun et la baleine bleue).

Les travailleurs de la station baleinière de Hvalur qui posent avec un hybride rare de baleine bleue et rorqual commun.

En Islande, le « Whale watching » (l’observation des baleines) est de plus en plus populaire et s’avère être beaucoup plus rentable que la pêche.

«Cette activité générerait plus de 22 millions d’euros par an en Islande. « Plus de 350.000 personnes se rendent sur l’île chaque année pour observer les cétacés, démontrant que les baleines ont beaucoup plus de valeur pour l’économie islandaise quand elles sont en vie plutôt que mortes« , soulignait l’IFAW en 2019

Sources

Source: MONGABAY, Iceland won’t be killing any whales this year

Lucie Collet