L’humain n’est pas la seule espèce à devoir s’adapter aux bouleversements climatiques en marche depuis plusieurs décennies. Les autres animaux aussi sont impactés, notamment par la hausse des températures, et ce, dans le monde entier. C’est ce que révèle une étude publiée le 7 septembre dernier dans la revue scientifique américaine « Trends in Ecology and Evolution ».
Auparavant, on imputait ces bouleversements morphologiques à d’autres types de changements, liés au régime alimentaire ou à l’habitat des animaux, mais la hausse des températures à travers le globe semble bel et bien jouer un rôle majeur à présent.
En se plongeant méticuleusement dans les archives de différents musées, les chercheurs ont ainsi pu mettre en évidence une nouvelle tendance : le changement climatique conduit une grande variété d’espèces à opérer de profondes modifications morphologiques, notamment au niveau de zones spécifiques, et pour le moins stratégiques, de leurs corps : les appendices, c’est-à-dire leurs oreilles, leurs queues ou encore leurs becs.
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Les appendices permettent, entre autres, de réguler la température interne de tous les organismes à sang chaud. Plus leur taille est grande, plus l’animal aura des chances de survivre dans des environnements chauds. C’est d’ailleurs tout le principe de la règle d’Allen : la taille des appendices des mammifères et des oiseaux vivant dans des zones géographiques où le climat est froid a tendance à être plus petite, comparée à leurs semblables vivant dans des zones plus chaudes.
Ainsi, lorsqu’un éléphant d’Afrique agite ses grandes oreilles, il dissipe en réalité le sang chaud qu’il vient de pomper afin de réguler sa température corporelle, ce qui lui permet de survivre dans un climat des plus hostiles. Les oreilles de l’éléphant d’Asie sont, quant à elles, plus petites, ce dernier évoluant en forêt, dans un climat plus frais, à l’ombre des arbres.
Le bec des oiseaux possède également cette même fonction ingénieuse.
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Pour autant, la hausse des températures n’est pas le seul facteur semblant expliquer ces modifications morphologiques. En effet, selon les chercheurs ayant participé à l’étude, les intempéries joueraient aussi un rôle dans l’évolution de la taille du bec des oiseaux, puisqu’elles influencent celle des graines dont ces derniers se nourrissent. Cela étant dit, il apparaît également que, durant des périodes estivales plus chaudes, les chances de survie sont plus faibles pour les volatiles ayant un bec plus petit.
Enfin, les mammifères ne sont pas en reste dans cette étude. En effet, cette dernière révèle que la taille des ailes de certaines chauves-souris (comme l’Hipposideros armiger d’Asie) a augmenté de 1,64% depuis les années 50, tout comme la longueur de la queue et des pattes de la musaraigne cendrée, originaire d’Amérique du Nord.
En règle générale, l’étude précise que ces augmentations de taille demeurent pour le moment inférieures à 10 % en moyenne.
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D’aucun serait alors tenté de se réjouir d’une telle capacité d’adaptation, et penser que les animaux s’en sortent plutôt bien. Pourtant, comme le soulignent les chercheurs de l’étude, ce phénomène sans précédent est bien plus alarmant que positif.
En effet, même si les espèces s’adaptent pour survivre, rien ne permet d’affirmer à l’heure actuelle que ces changements leur sont réellement bénéfiques, ni s’ils vont être en mesure de continuer dans leur lancée au fil de l’aggravation de la crise climatique, à la fois complexe et en constante progression.
De plus, ces métamorphoses morphologiques s’opèrent actuellement dans un laps de temps bien plus court que ce que l’évolution animale aurait permis, le changement climatique venant en effet bousculer les animaux dans leur rythme naturel.
Enfin, comme le souligne l’étude, même si certaines espèces sauront s’adapter à ces bouleversements, d’autres seront tout simplement incapables de le faire à temps.
Julie Guinebaud
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Sources :
https://www.cell.com/trends/ecology-evolution/fulltext/S0169-5347(21)00197-X