Pour les éléphants des zoos canadiens, la captivité pourrait bientôt n’être qu’un mauvais souvenir. Le projet de loi fédéral « Jane Goodall » déposé en mars dernier, vise à interdire leur détention. Bien que ce projet de loi ne soit pas encore adopté, son texte prévoit une règlementation plus stricte en ce qui concerne la détention des animaux sauvages, et surtout, l’interdiction des éléphants dans les zoos.
Les lanceurs d’alertes, potentiellement amenés à avertir des mauvais traitements subis par les animaux, seraient eux aussi protégés par cette loi. A l’initiative de ce projet, le sénateur de la Saskatchewan Marty Klyne rappelle combien une restriction des règles globales en matière de captivité des animaux sauvages s’avère nécessaire : « Il existe 100 à 150 attractions mettant en vedette des animaux sauvages au Canada où les animaux pourraient être protégés en vertu du projet de loi ».
Cette restriction serait particulièrement utile dans des régions canadiennes comme l’Ontario, où le commerce des animaux sauvages exotiques est très peu régulé.
Une extension de la loi étendue au commerce et aux textes de droit :
Ce projet de loi impliquerait également l’interdiction du commerce de l’ivoire et de trophées de chasse de rhinocéros et d’éléphants. Mais il permettrait aussi de donner un statut juridique à certains animaux sauvages tels que les grands félins, les cétacés et les pachydermes. La reconnaissance juridique de leurs intérêts, en tant qu’individus à part entière, ouvrirait alors la voie à des interdictions plus globales de détention pour les ours, singes et lions, entre autres.
Jane Goodall, icone du projet.
La célèbre primatologue Jane Goodall a fait la promotion de cette initiative, en insistant sur le besoin de durcir les normes de détention. Elle fait écho aux associations de protection animale canadiennes comme Animal Justice ou la Société pour la Prévention de la Cruauté envers les Animaux (SPCA de Montréal). Cette position est même soutenue par plusieurs zoos canadiens et particulièrement celui de Granby, dont le directeur approuve le phénomène de « sélection » qui résulterait de cette loi. Les zoos les moins respectueux des animaux détenus devraient en effet fermer, notamment ceux privés ne figurant pas dans l’annuaire officiel des Aquariums et Zoos accrédités du Canada (AZAC).
Au vu de l’actualité législative au Canada et des normes plus exigeantes qui voient le jour contre la détention des éléphants, le zoo de Granby a même anticipé la potentielle adoption du projet de loi, et a officiellement annoncé en mars 2022 ne plus vouloir détenir d’éléphants dans les années à venir.
Quelques rappels sur les éléphants :
La publication d’études inédites comme celle de Schmid menée en 1995 ainsi que celle de Friend et Parker deux ans plus tard, ont révélé la réalité sur la vie des éléphants captifs. Ils développent des attitudes stéréotypées, c’est-à-dire des gestes, mouvements ou sons, répétés de façon mécanique, sans volonté apparente, et inadaptés à la situation dans lesquels ils se produisent. L’âge, le sexe, les conditions de vie, l’organisation de l’élevage, le déroulement des transferts pour les éléphants influencent le développement de ces troubles du comportement, mais aussi des changements d’humeur, comme de l’agressivité due à une frustration accumulée au fil du temps.
Le facteur social est en fait la condition sine qua non pour le bien-être d’un éléphant, qui ne peut s’exprimer convenablement à l’état de captivité. Ces conditions de vies inadaptées à leurs besoins impactent leur physique et leur rôle normatif au sein d’un groupe social.
Les éléphants, au même titre que les cétacés et les primates non-humains, sont très avancés cognitivement sur le plan social. Leur système social très complexe permet des relations très élaborées au cours de leur vie, et implique la transmission culturelle des connaissances de génération en génération.
Une situation toutefois inchangée pour les animaux déjà captifs…
Malheureusement, les cétacés et éléphants déjà détenus dans des centres d’attraction ou des zoos y resteront jusqu’à leur mort. Les 20 éléphants en captivité constitueront donc une source de profits pour ces infrastructures pendant encore quelques années – dont Lucy, une éléphante d’Asie détenue seule depuis plus de 15 ans au Zoo d’Edmonton.
De plus, si le projet de lois inclut un durcissement des règles pour la détention de certains primates, canidés et félins, elle autorise leur détention aux motifs de programmes de protection ou sous couvert de recherches scientifiques (motifs que Code Animal souhaiteraient mieux définir pour en faire des critères légitimes).
Une amélioration des zoos… qui n’empêche pas leur remise en question.
Code Animal le rappel sans ambiguïté : la conservation et la protection des animaux sauvages doivent s’effectuer dans leur environnement ! La conservation in situ est une technique de préservation dans le milieu naturel des espèces concernés. Elle vise à préserver les espèces animales ou végétales en voie d’extinction par la protection de leur habitat et par la réduction des menaces auxquelles celles-ci doivent faire face. La conservation in situ permet donc un maintien des espèces dans leur propre milieu.
A l’inverse de la conservation ex situ, s’effectuant en dehors du milieu naturel, cette technique beaucoup moins onéreuse et aussi beaucoup plus efficace.
Marion
Sources :
Un projet de loi visant à protéger les animaux sauvages en captivité – SPCA de Montréal
Un projet de loi pour mettre fin à la garde d’éléphants en captivité au Canada | Le Devoir