Elle a 14 ans, 600 kilos et une grosse fourrure blanche. C’est Aggie une femelle ours polaire qui a été débarquée en Auvergne pour le tournage du film « Ao, le dernier Néandertal » de Jacques Malaterre. Aggie a été acheté par « son dresseur » Mark Dumas dans un zoo Suisse alors qu’elle n’avait que 8 semaines avant de prendre ses quartiers au Canada à Vancouver.
Depuis Aggie tourne dans des films (‘out cold’ par exemple) ou des publicités, comme dernièrement celle de Nissan où victime du réchauffement climatique, elle erre dans notre monde pollué avant de prendre dans ses bras le conducteur d’une Nissan LEAF 100% électrique…
Une publicité qui illustre tout le paradoxe de notre société, qui d’un côté s’émeut des conséquences du réchauffement climatique et de la manière dont on détruit l’habitat des ours polaires et d’un autre côté n’hésite pas à les priver de liberté et de leur habitat afin de vendre un produit, que ce soit un film ou une voiture.
Certains nous dirons qu’il est préférable de garder Aggie sous les sunlights des plateaux plutôt que de la laisser sur une banquise qui se réduit… mais ces mêmes personnes n’oseront pas rétablir les zoos humains afin de sauvegarder les peuples du Bangladesh ou de Somalie afin de les protéger de la misère. Pourquoi ?
parce qu’elles savent que cette captivité n’est qu’une justification fallacieuse à l’exploitation et qu’il est impératif d’agir sur le terrain en s’attaquant aux racines du réchauffement climatique ou et de la misère.
Aggie, est une esclave de notre système. Sous le couvert de bonne intention, cet ours a passé sa vie enfermé et représente cette négation même de l’animal. Elle est devenue « une chose » que l’on utilise pour faire beau, pour faire peur et pour vendre. Elle a grandi derrière les barreaux, elle mourra derrière les barreaux.
Franck Schrafstetter