Poissons combattants : une vie en boîte

logo_combattantsLes Bettas splendens sont de plus en plus proposés en animalerie. Problème : ils y sont présentés dans de minuscules bocaux, totalement inadaptés à leurs besoins physiologiques élémentaires.

Il a le statut d’espèce vulnérable, placé sur la liste rouge de l’IUCN. En cause, son exploitation industrielle dans les fermes thaïlandaises et un risque important de prélèvements dans la nature, du fait de la quête incessante de nouvelles variétés. Le poisson combattant (Betta splendens) est à la mode en France depuis une bonne vingtaine d’années. Il a ses experts, ses collectionneurs, ses admirateurs. Un succès qui en fait malheureusement un « produit » phare pour les animaleries. Parmi elles, Villaverde et Botanic les proposent à la vente dans de toutes petites boîtes. Code animal a contacté ces enseignes afin de leur demander de cesser la commercialisation de ces animaux dans de telles conditions. L’occasion de faire le point sur ce qu’implique un tel commerce.

Une ferme usine en Thaïlande
Une ferme usine en Thaïlande (crédit : TK Betta Thailand)

Provenance scandaleuse

Les Bettas splendens, ou « guerriers splendides », disponibles dans le commerce proviennent à une écrasante majorité de fermes asiatiques (principalement en Thaïlande), qui pratiquent un mode de production intensif. Les mâles sont élevés dans des bassins avant d’être enfermés un à un dans des bouteilles. Les femelles, quant à elles, sont sacrifiées en tant que proies pour nourrir les autres poissons.

Transportés vers les pays occidentaux dans de petits sachets en plastique individuels, les combattants ne résistent pas tous au voyage.

Détention inadéquate en animalerie

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Un combattant « ensaché » (utilisateur de Reddit, vendeur dans une animalerie aux États-Unis)

Les mâles ne pouvant cohabiter ensemble – car, comme son nom l’indique, le combattant aime combattre et ce jusqu’à la mort –, les animaleries les exposent dans de petits bocaux ne correspondant pas du tout à leurs besoins.
En liberté, si on les trouve principalement dans les eaux stagnantes des rizières ou des marigots, ces poissons aiment néanmoins bouger. La grande taille de leurs nageoires et leur besoin de se cacher imposent d’autant plus l’utilisation d’un aquarium de 20 à 30 litres minimum, contenant des plantes.

Par ailleurs, les combattants sont adaptés à une température comprise entre 24 et 27 degrés. Bien que résistant, leur métabolisme s’accommode mal d’une température inférieure, qui peut les rendre malade et réduire leur durée de vie.

Combattants en bocaux dans une animalerie française
Combattants en bocaux au Jardiland de Mably (Loire), en novembre 2015

Leur détention en bocaux de 1 à 2 litres, dépourvus d’enrichissements, à température ambiante, constitue donc une forme de maltraitance de ces animaux.

Double peine

Charmé par les couleurs somptueuses de ce poisson, le particulier qui l’achètera en animalerie sera dirigé vers un bocal similaire pour la détention à domicile. Les enseignes proposent en effet le même type d’équipement que celui qu’elles utilisent pour la mise en vitrine. Le tout servi par un discours répondant davantage à des impératifs commerciaux qu’au bien-être d’un être vivant sensible. Ainsi, le directeur adjoint du Botanic de Villeurbanne (Rhône), interpellé par Code animal, justifie cette détention en « boîte » par le fait que « ces poissons sont très spéciaux, ils sont de très mauvais nageurs et préfèrent évoluer dans de petits espaces d’eau entre 18 et 30 degrés, sans courant »…

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Des porte-clefs « vivants »

Une méconnaissance de l’animal qui participe à sa chosification et le réduit à un objet de décoration. Si l’on s’émeut, à juste titre, des porte-clefs contenant des animaux vivants produits en Chine, on reste toutefois plus tolérants vis-à-vis de ces boîtes à combattants. Pourtant, leurs conditions de « vie » ne sont pas meilleures, et l’objectif esthétique poursuivi est tout aussi contestable. Dans les deux cas, l’animal, soumis au bon vouloir de l’homme, est privé de son milieu. Il n’est plus qu’une image de lui-même, enfermée dans une poche aseptisée.

Combattons pour les combattants

En achetant ces poissons, aussi splendides soient-ils, vous encouragez :

  • l’intensification de leur élevage et le développement des fermes usines en Thaïlande,
  • des conditions de transport à haut risque et le trafic de ces espèces,
  • leur marchandisation à bas coût dans les animaleries,
  • la « chosification » de l’animal, transformé en objet de décoration.